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Ses séjours
en Indochine, au Viet-Nam comme au Tonkin, « au soleil d'Asie
», dont il est tombé définitivement amoureux,
vont profondément le marquer. Il ne se consolera jamais d'avoir
dû abandonner, aux mains des rebelles communistes, sur ordre
de ses supérieurs, les familles et les habitants des régions
où il avait recruté les partisans qu'il commandait.
« Sachez-le, c'était un crime ».
Puis ce fut la « douleur algérienne ». Les cruelles
promesses, parjurées une fois de plus, lui rappellent celles
d'Indochine et feront de lui « l'homme révolté
» l' officier rebelle qui terminera sa carrière militaire
« en prison ». Condamné à 10 ans de réclusion
criminelle par un tribunal d'exception, il en sortira au bout de
cinq années, encore plus meurtri que
de sa déportation, car « la prison détruit irrémédiablement,
pourrit. », et l'a réduit au rang de paria dans don
propre pays.
Toutes ses guerres, il les a faites sans haine, pour rester fidèle
à ses convictions et à ses amis. Et surtout, «
si je rencontrais demain, au coin d'une rue, l'adolescent que j'ai
été, je voudrais qu'il n'ait pas à rougir de
ce que je suis devenu ». « Ai-je toujours été
fidèle ? Ai-je toujours agi selon l'honneur ? J'ai essayé,
sans jamais y parvenir entièrement, d'être igne des
autres et de la vie. Je ne connais pas de vérité tranquille.
Je veux ajouter de la vie aux années qui me restent, témoigner
de tout ce qui dure, retrouver la vérité de l'enfant
que j'ai été. Simplement essayer d'être un homme
».
Avec un talent incontestable, l'art des mots percutants et justes,
sa délicate sensibilité, son habituelle sincérité,
on ne peut terminer ce livre qu'avec une grande impression d'amitié
pour ce personnage digne, étonnant, sympathique et hors du
commun.
Nul mieux que lui ne pouvait conclure cette recension : «
Mettre en ordre mes affaires, classer mes souvenirs, souffrir d'une
manière acceptable, contempler le front de la femme que j'aime,
retenir quelques regards, dire adieu au parfum des fougères
et au crachin de Hanoï, caresser le tronc des oliviers et,
quand l'heure sera venue, croire en l'espérance ».
Boris KAN |
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