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Il y a cent ans naissait Albert Camus, un des plus grandes figures de la littérature française.
Fils d'un caviste disparu en 1914 lors de la Grande Guerre et d'une mère analphabète, Albert Camus s'est toujours décrit comme un enfant des quartiers populaires d'Alger. C'est son oncle Gustave Acault, anarchiste et franc-maçon, qui lui donnera accès à sa librairie et donc à la culture. A dix ans, il présente déjà une lucidité intellectuelle qui trouble son instituteur Louis Germain, qui le prendra sous son aile. Albert Camus restera fortement attaché à sa terre natale d'Algérie, qu'il ne quittera qu'en 1940. Quand il sera question de l'indépendance dans les années 50, il se prononcera contre, parlant de « formule purement passionnelle », même s'il dénonce la répression violente de l'Armée française. |
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Août 1944: rédacteur en chef du journal Combat
Organe de presse de la France résistante, de gauche et non communiste, Combat est né en 1941 dans la clandestinité. Déjà considéré comme une figure de l'intellectuel engagé, Albert Camus va rejoindre l'aventure de ce quotidien dès 1943. Faisant valoir de nombreuses expériences dans le journalisme depuis 1938, notamment aux côtés de son ami Pascal Pia, Camus va devenir le rédacteur en chef de Combat. Il signe de sa plume de nombreux éditoriaux où il préconise des orientations pour la France libre. Cependant, il développe une certaine forme de lassitude, alors que les ventes ne cessent de chuter. Il quitte son poste en juin 1947.
10 décembre 1957: prix Nobel de la littérature
Reconnaissance suprême pour un écrivain, le prix Nobel de la littérature distingue à 44 ans Albert Camus, «pour l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes». Il rejoint au prestigieux palmarès les Rudyard Kipling, Anatole France, William Faulkner et Ernest Hemingway. Lors de son discours à l'ambassade de France de Stockholm, il tente de définir le rôle et les devoirs de l'écrivain dans la société de l'après-Guerre, «au service de la vérité et de la liberté».
4 janvier 1960: l'accident de la route fatal
Rentrant de sa résidence du Lubéron pour regagner Paris, Albert Camus prend place sur le siège passager de la Facel-Vega FV3B. Il y est accompagné par son ami et éditeur Michel Gallimard, sa femme Jeanine et leur fille Anne. Sur la Nationale 6, au niveau de Villeblevin dans l'Yonne, Gallimard perd le contrôle de cette voiture réputée capricieuse. Celle-ci terminera son chemin dans un platane, tuant les deux passagers avant: Michel Gallimard et Albert Camus, alors âgé de 47 ans. Il sera enterré à Lourmarin, village du sud de la France où il aimait se réfugier. En 2009, Nicolas Sarkozy a envisagé transférer sa dépouille au Panthéon.
Un dernier hommage auquel s'est opposé son fils Jean, craignait une récupération politique, Camus étant toujours considéré comme un des fondateur idéologique de la France contemporaine. |
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LA BELLE EPOQUE DU RUA
ALBERT CAMUS
Oui, j'ai joué plusieurs années au RUA. Il me semble que c'était hier. Mais lorsqu'en 1940, j'ai remis les crampons, je me suis aperçu que ce n'était pas hier. Avant la fin de la 1ère mi-temps, je tirais aussi fort la langue que les chiens kabyles qu'on rencontre à 2 heures de l'après-midi, au mois d'août, à Tizi-Ouzou. C'était donc il y a longtemps, 1928 et la suite je crois. J'avais débuté à l'Association sportive de Montpensier.
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Dieu sait pourquoi puisque j'habitais Belcourt, et que Belcourt Mustapha c'est le Gallia. Mais j'avais un ami, un velu, qui nageait au port avec moi et qui faisait du water polo à l'A.S.M. C'est comme ça que se décident les vies. L'A.S.M. jouait le plus souvent au champ de Manoeuvres, sans raison visible là encore.
Le terrain avait plus de bosses qu'un tibia d'avant-centre en visite au stade Alenda (Oran). J'appris tout de suite qu'une balle ne vous arrivait jamais du côté où l'on croyait. Ça m'a servi dans l'existence et surtout dans la Métropole où l'on n'est pas franc du collier. Mais au bout d'un an d'A.S.M. et de bosses, on m'a fait honte au lycée. Un "universitaire" devait être au RUA. A cette époque le velu avait disparu de ma vie. Nous n'étions pas fâchés. Seulement, il allait maintenant nager à Padovani, où l'eau était impure. Pour tout dire, ses raisons n'étaient pas pures non plus. Moi je trouvais que sa raison était charmante mais qu'elle dansait mal, ce qui chez une femme me paraissait inacceptable. C'est à l'homme de marcher sur les pieds non ? Alors, le velu et moi, on s'est seulement promis de se revoir. Mais les années ont passé. Beaucoup plus tard, j'ai fréquenté le restaurant Padovani (pour des raisons pures) mais le velu s'était marié avec son poids lourd qui devait, selon l'usage, lui interdire de se baigner !
Où en étais-je ? Oui, le RUA. Je voulais bien y entrer, l'essentiel pour moi étant de jouer. Je piétinais d'impatience du dimanche au jeudi, jour d'entraînement, et du jeudi au dimanche, jour de match. Alors va pour les universitaires. Et me voilà gardien de but de l'équipe junior. Oui, cela paraissait tout simple. Mais je ne savais pas que je venais de contracter une liaison qui allait durer des années à travers tous les stades du département et qui n'en finirait plus. Je ne savais pas que, vingt ans après, dans les rues de Paris ou même de Buenos-Ayrès (oui,ça m'est arrivé) le mot de RUA, prononcé par un ami de rencontre, me ferait encore battre le coeur, le plus bêtement du monde. Et puisque j'en suis aux confidences, je puis bien avouer qu'à Paris, par exemple, je vais voir les matches du Racing Club de Paris, dont j'ai fait mon favori, uniquement parce qu'il porte le même maillot que le RUA, cerclé de bleu et de blanc. Il faut dire d'ailleurs que le Racing a un peu les mêmes manies que le RUA.
Il joue "scientifique ", comme on dit, et scientifiquement, il perd les matches qu'il devrait gagner.
Il parait que ça va changer (d'après Lefèbvre), au RUA du moins. Il faut en effet que ça change, mais pas trop. Après tout c'est pour cela que j'ai tant aimé mon équipe, pour la joie des victoires si merveilleuse lorsqu'elle s'allie à la fatigue qui suit l'effort, mais aussi pour cette stupide envie de pleurer des soirs de défaites.
J'avais pour arrière le Grand, je veux dire Raymond COUARD. Il avait fort à faire, si mes souvenirs sont bons. On jouait dur avec nous. Des étudiants, fils de leurs pères, ça ne s'épargne pas. Pauvres de nous, à tous les sens, dont une bonne moitié étaient fauchés comme les blés ! Il fallait donc faire face. Et nous devions jouer à la fois "correctement", parce que c'était la règle d'or du RUA, et "virilement", parce qu'enfin un homme est un homme. Difficile conciliation ! Ça n'a pas du changer, j'en suis sûr. Le plus dur c'était l'Olympique d'Hussein-
Dey.
Le stade est à côté du cimetière. Le passage était direct, on nous le faisait savoir sans charité. Quant à moi, pauvre gardien, on me travaillait au corps. Sans Raymond j'aurais souffert. Il y avait Boufarik aussi, et cette espèce de gros avant-centre (chez nous on l'appelait Pastèque) qui atterrissait de tout son poids régulièrement, sur mes reins, sans compter le reste : massage des tibias à coups de crampons, maillot retenu à la main, genou dans les parties
nobles, sandwich contre le poteau.. .etc... Bref, un fléau. Et à chaque fois, Pastèque s'excusait d'un "Pardon, fils " avec un sourire franciscain.
Je m'arrête. J'ai passé déjà les limites fixées par LEFEBVRE. Et puis je m'attendris. Oui, même Pastèque avait du bon. Du reste, soyons francs, nous lui avons rendu son compte. Mais sans tricher, car il est vrai que c'était la règle qu'on nous enseignait. Et je crois bien qu'ici je n'ai plus envie de plaisanter. Car, après beaucoup d'années où le monde m'a offert beaucoup de spectacles, ce que finalement je sais sur la morale et les obligations des hommes, c'est au sport que je le dois, c'est au RUA que je l'ai appris. C'est pourquoi le RUA ne peut pas périr. Gardez le nous. Gardez-nous cette grande et bonne image de notre adolescence.
Elle veillera aussi sur la vôtre.
Albert CAMUS - le "RUA". Mercredi 15 avril 1953 |
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L’exposition Camus à Aix-en-Provence, pour une vision contemporaine
5 octobre 2013 au 6 janvier 2014
Un an après la polémique provoquée par l’exposition sur Albert Camus dans le cadre de Marseille Provence 2013, l’événement a finalement lieu à la cité du livre d'Aix en Provence.
Yacine Aït Kaki scénographe et Marcelle Mahasela organisateurs de l'exposition
Refus de Catherine Camus de confier les documents de son père au commissaire politique de l'exposition Benjamin Stora, éviction de l’historien, remplacement par Michel Onfray qui s’est désisté… L’exposition Albert Camus à Aix-en-Provence a fait l’objet de plusieurs polémiques.
La responsable de l' échec la controversée Ministre de la Culture Aurélie Filippetti. -
Il ne resta finalement plus que neuf mois au collège de quatre professeurs (Sophie Doudet, Pierre-Louis Rey, Agnès Spiquel et Maurice Weyembergh), de la responsable du centre Camus à Aix-en-Provence (Marcelle Mahasela) et d’un scénographe-vidéaste (Yacine Aït Kaci) pour mettre en place cette exposition Albert Camus. Tout d’abord qualifié d’«étranger qui nous ressemble» par le commissaire politique Benjamin Stora, l’écrivain devient «l’homme révolté» sous la direction de Michel Onfray avant d’être qualifié de «citoyen du monde» par la nouvelle équipe, dépourvue de commissaire officiel.
Le résultat est un compromis, manifestant la mise à l’écart totale de partis pris idéologiques, et s’attachant plutôt à la retranscription de l’écriture camusienne au travers d’une exposition qui parle aux sens et se veut une expérience littéraire.
Le parcours est dessiné en blanc sur le sol d'un espace entièrement noir, sobrement éclairé par dix vitrines – où l’on trouve les tapuscrits, manuscrits, photographies et autres documents fournis par Catherine Camus – et dix panneaux écrans arrondis sur lesquels sont projetées des citations dans un éclatement graphique de lettres colorées, et lues par la voix enregistrée de Francis Huster.
Ces supports correspondent à dix thématiques d’entrée dans l'œuvre de Camus : Lieu, Amitié, Métier, Langage, Guerre… Ludique, l’exposition a pour exigence de «donner envie de lire Camus» selon Yacine Aït Kaci, «pas d’adopter une vision strictement intellectuelle» sur sa vie et son œuvre. |
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