En fait ce n'est que le dernier sursaut, la dernière illusion avant l'embrasement final et l'écrasement.
Une demi-heure plus tard, en effet, les tirs reprennent qu'on ne peut plus désormais localiser. Alors que les commandos
O.A.S. commencent à se replier, les blindés affluents par l'Avenue de la Marne, l'Avenue Malakoff et le Boulevard de Champagne, convergeant tous vers le centre de Bab-el-Oued, entre le Square Guillemin et la Place des Trois-Horloges. On reconnaît le bruit caractéristique de la 12-7 que les grondements des canons de 37 viennent de plus en plus souvent interrompre. Les vitrines sont saccagées ; des véhicules le long des trottoirs flambent ; d'autres traînés sur plusieurs mètres ne sont plus que tôles tordues. Les blindés tirent sans distinction sur tous les immeubles. Chez eux, tous volets clos, les gens ne sont même pas en en sécurité. On se couche ; on essaie de trouver une bien piètre protection derrière les minces cloisons. On s'est même allongé dans les baignoires des salles de bain.
Alors que des blindés ont pris position square Guillemin, tirant sans discontinuer sur les maisons qui les entourent, d'autres descendent l'Avenue de la Bouzaréa et l'Avenue Durand vers les Trois-Horloges, d'autres encore la rue Rochambeau vers la Place Vuillermoz et les Cités des Régies. Toutes leurs armes lourdes tirent en même temps. Malgré les hélicoptères qui surveillent, d'ailleurs très prudemment, le secteur, malgré la formidable armada des blindés qui se suivent à vingt mètres et sur lesquels s'abattent, sans beaucoup de succès, les grenades jetées des toits et des terrasses, Bab-el-Oued se défend pied à pied et ne se rend pas. |
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