Explosions, rafales d'armes automatiques, voiture piégée dans le centre et le sud d'Alger
ALGER. 25mars 1962
-Vive agitation dans la nuit de samedi à dimanche, dans le centre et le sud d'Alger. On a compté de nombreuses explosions, des tirs d'armes automatiques dans la banlieue de Maison Carrée. A 21 h. 30, notamment, une patrouille a essuyé des coups de feu depuis la Cité Radieuse. Les militaires, dont deux ont été blessés, ont vigoureusement riposté. A 22 h. 15, retentissait une explosion suivie du tir prolongé d'armes automatiques.
Dans le centre d'Alger, boulevard Saint-Saëns, une voiture piégée a explosé, à 21 h. 10, blessant quatre personnes dont trois militaires de la coloniale, le lieutenant Le Pey, les soldats Hamon et Jambon et une musulmane Mme Sabaoui. L'engin était commandé à distance par pile et par fil quatre autres véhicules ont été endommagés.
A Fort de l’Eau, ce sont les gendarmes mobiles qui à 21h ont tiré sur une voiture, tuant M. Georges Cordard. 22 ans instructeur, et blessant M.Davezac et Laraki.
Des dégâts considérables
L'animation a repris ce matin dans le centre d'Alger, où la circulation automobile est dense pour un dimanche et où les passants ont nombreux. Les ménagères font leurs achats. Tous les commerces d'alimentation sont ouverts et, parfois, il y a queue, notamment devant les boucheries. Les marchés sont abondamment approvisionnés. Les musulmans ont tous installé leurs étals, rue Michelet, des familles entières, père, mère et enfants, le missel à la main, se rendent à l'office dominical. Ailleurs, des petits groupes se forment. On discute sur le trottoir. Les cafés qui, tous, ont levé leurs rideaux, sont encore vides. Ce n'est que vers midi que leurs tables seront « lies, au moment de l'anisette.
Boulevard Saint-Saëns. débris de verre et gravats de toutes sortes, témoins des fusillades du 22 mars, jonchent encore le sol. Près du tunnel des Facultés, des curieux se sont assemblés. Un peu plus haut sur ce même boulevard, des bouquets de fleurs sont accrochés au grillage qui protège un arbre frêle, nouvellement planté. Sur la vitrine d'un magasin, une pancarte : « Ici le 22 mars, un de nos camarades est mort glorieusement pour l'Algérie française. » Une femme passe, fait le signe de croix, reprend son chemin.
D'autres explosions ont dans le même secteur, tordu les volets métalliques des magasins, arraché des fenêtres et des stores, les façades ont également subi de gros dégâts et des débris de pierre, de briques, de plâtras encombrent les trottoirs.
Après s'être rendu compte de L'ampleur de dégâts, les passants reprennent leur chemin, qui vers l'église, qui vers un marché, qui vers son domicile.
Dans les rues du centre, les militaires ne patrouillent presque plus et au tunnel des facultés, aucune force de l'ordre n'est visible. | Lire la suite le témoignage d'une victime |
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