Façade d'immeuble à Alger après le passage des CRS
 
Les tirs hasardeux feront de nombreuses victimes dans la population civile des quartiers d'Alger.
ALGER, 24 mars 1962 .
BAB-EL-OUED, IL EST 16 HEURES 15. SUR UN TROTOIR LES ORDURES QUI N'ONT PAS ETE RAMASSEES DEPUIS PLUSIEURS JOURS, DEBORDENT DES POUBELLES ET JONCHENT LE SOL, DES SOLDATS CASQUES SONT À GENOUX ; ILS TIRENT...

Des fenêtres surplombant la rue, des coups de feu claquent.
Inlassablement, des hélicoptères tournent au-dessus du quartier, lâchant des grenades lacrymogènes.
Dans un bar transformé en véritable place forte, au coin de la place Guillebon, un Européen crie à l'adresse des journalistes.
- " Souvenez-vous de ce jour, c'est le jour de notre victoire ou de notre mort. "

SOLDATS AGITENT LINGES MACULES SANG

Sur la place criblée de balles, un half-track et un véhicule blindé ont pris position.Deux obus de bazooka viennent d'éclater et les deux véhicules ont pointé leurs mitrailleuses vers les fenêtres d'un immeuble situé de l'autre côté de la place
Avenue Bouzaréah principale artère de Bab-el-Oued, trois véhicules militaires apparaissent. Ils sont marqués de croix rouges peintes à la hâte et des soldats, agitent des linges blancs maculés de sang.
- Ne tirer pas...crie une voix.
- Mais une courte rafale de pistolet mitrailleur lui répond. De la fumée noire s'élève de l'immeuble de la cité des eucalyptus qui domine Bab el Oued. Des voitures de pompiers foncent à toute vitesse sur le boulevard Malakolf qui borde la côte.

 
 

DES BALLES RICOCHENT SUR LES PAVES


Des balles ricochent sur les pavés. Le long des immeubles les hommes et les femmes rasent les murs se couvrant le visage leur mouchoir pour se protéger des gaz lacrymogènes.
Des chasseurs " T6 ", tournent en rond au dessus du quartier où la bataille fait rage. "baissez votre rideau" crie un capitaine en tenue camouflée à l'adresse d'un patron de bistrot ou plusieurs journalistes avaient trouvé refuge. Quelques minutes plus tard le
bruit d'une rafale de mitrailleuse crépite juste à la porte.


"NE TIREZ PAS SUR LES FEMMES"


- " Capitaine, ils nous tirent dessus dit un soldat " . " Ne tirez pas sur les femmes hurle l'officier " .
Un nouvel obus de bazooka éclate sur le blindé et une rafale de mitrailleuse balaie aussitôt les immeubles au hasard qui bordent la place.
- Ils tuent nos maris répéte inlassablement une femme qui s'est réfugiée quelques instants dans le bistrot en revenant de la boulangerie où après une longue queue elle a pu acheter deux baguettes. A la première accalmie elle reprend sa route en rasant
les murs. | Lire la suite |