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Nous rendons hommage aujourd'hui au colonel Georges Masselot président
d'honneur de l'AMEF, officier emblématique d'une génération
qui n'a connu que les guerres, officier pied-noir qui a chèrement
payé son attachement à sa terre natale.
La vitrine que nous inaugurons contient des objets lui ayant appartenu,
ou illustrant sa carrière, des livres dédicacés par
les généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller, une aquarelle
qu'il a peinte alors qu'il était en prison et qui représente
le port de Bougie - le berceau de sa famille- avec un petit sac rempli
de terre d'Algérie qui lui a été offert par un de
ses anciens sous officiers.
Quelque fois des gens m'ont demandé qui était notre président
d'honneur : il est vrai qu'il était plus connu dans les milieux
militaires que civils.
Pour ceux qui ne le connaissaient pas, il faut dire que le Colonel Masselot
n'était pas un de ces officiers médiatiques qui prenaient
plaisir à avoir la presse autour d'eux chaque fois qu'ils faisaient
un bilan, mais il était un officier de terrain dont la mission
était de faire son métier avec les meilleurs résultats
et le minimum de pertes.
Pour ma part, la première fois que j'ai entendu parler de lui,
c'était en décembre 1960 à Alger : les officiers
des SAU avaient poussé les habitants des quartiers musulmans à
descendre vers Belcourt pour apporter leur soutien à la politique
du chef de l'état ; ce qu'ils firent, mais encadrés par
les hommes du FLN. La manifestation a vite dégénéré
et des européens furent assassinés et leurs maisons pillées
sans que les CRS n'interviennent. Nous étions avec quelques amis
du coté du Champ de Manuvre lorsque nous avons vu arriver
des camions de bérets rouges qui venaient rétablir l'ordre.
Et c'est le soir ou le lendemain que nous avons appris que ces paras étaient
ceux du 18 éme Régiment de Chasseurs Parachutistes commandé
par le colonel Masselot.
La deuxième fois que j'ai entendu son nom ce fut au moment du
putsch d'avril 1961.
Les années passant, je me suis intéressé à
l'histoire de notre empire et à plusieurs reprises, j'ai retrouvé
le nom de Georges Masselot que sa carrière amenait sur de nombreux
théâtres d'opérations.
Aussi lorsque nous avons créé l'Association pour la Mémoire
de l'Empire Français, il m'a semblé tout à fait naturel
de lui demander d'en être le président d'honneur, car il
représentait parfaitement notre Empire :
Il est né en Tunisie, issu d'une famille originaire de Bougie.
En 1930 il intègre Saint Cyr, et quand il en sort en 1932 il rejoint
d'abord les tirailleurs Algériens, puis la Légion.
Les campagnes se succèdent, 1936 la Syrie et le Liban, 1940 la
guerre est en France, il est blessé sur la Marne ; c'est ensuite
le Sénégal, 1943 la Tunisie : 2éme blessure, 1944
la campagne de France avec la 1ère armée du général
De Lattre. De 1946 à 1955 il fera 3 séjours en Indochine,
et c'est peut être là que l'on commencera à beaucoup
parler de lui, par ses coups d'éclat mais aussi par son caractère
difficile.
Arrivé trop tard en Indochine pour sauter à Dien Bien Phû,
avec le 3 éme Bataillon Etranger de Parachutistes, il va reformer
le 2éme bataillon disparu durant la bataille ; et puis fin 1955
c'est le retour en Algérie, là, la guerre est sur SA terre
et Georges Masselot va s'engager corps et âme, d'abord au 2éme
Régiment Etranger de Parachutistes, puis comme adjoint opérationnel
à Djelfa, enfin en 1960 à la tête du 18éme
RCP qu'il dirigera jusqu'au 25 avril 1961 date de la fin du putsch.
Le colonel est arrêté, traduit devant les tribunaux et en
4 heures de temps, le 28 juin 1961, il est condamné à 8
ans de réclusion. Son régiment (d'appelés il faut
le souligner) est dissous, de ses trente années de carrière
militaire, de ses 3 blessures au combat, de ses 15 citations dont 10 à
l'ordre de l'armée, de ses titres de chevalier, officier et commandeur
de la Légion d'Honneur, à chaque fois à titre exceptionnel,
il ne restera rien :
le Colonel Masselot aura tout perdu, tout
sauf l'Honneur.
Tous les témoignages l'ont décrit comme un homme au tempérament
bien trempé, d'une grande rigueur, au caractère brut, pour
ne pas dire brutal surtout envers ses supérieurs, dur, mais généreux
envers ses hommes.
Et pour l'accompagner dans sa vie il ne pouvait avoir auprès
de lui qu'une épouse également exceptionnelle. Elle préside
notre assemblée aujourd'hui et il faut que vous sachiez, sa modestie
dut-elle en souffrir, que Madame Masselot qui fut assistante sociale de
la Légion Etrangère en Indochine est titulaire de plusieurs
citations et surtout Légionnaire honoraire de première classe
à la
13 éme DBLE, distinction qu'elle a préféré
à une croix de guerre des TOE.
Le colonel nous a quitté il y a un peu plus d'un an, laissant
un grand vide chez tous ceux qui l'ont connu. Et on peut souhaiter, comme
l'a écrit le général Arnaud de Foïard, qu'un
jour une promotion de Saint-Cyr portera le nom de Colonel Masselot.
En attendant, quelle belle récompense pour sa mémoire que
de vous voir aussi nombreux ici aujourd'hui, vous les membres de sa famille,
vous ses amis, vous, qui vous êtes battu à ses cotés
ou qui avez partagé avec lui les geôles de la république
pour avoir voulu conserver l'Algérie Française.
Je vous remercie en mon nom et surtout au nom de Madame Masselot.
Robert Saucourt président AMEF Aix-en-Provence
le 9/11/2003
Détail
de la vitrine
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