Charles Lacheroy a écrit
en 1983 : « Nous avions reçu un Empire et nous laissons
un hexagone ». Réflexion ô combien amère
de la part d’un soldat qui a voué toute sa carrière
à cet Empire.
A sa sortie de Saint Cyr en 1927, (promotion Maroc
et Syrie : tout un symbole !) il choisit les troupes coloniales
(comme on disait alors sans arrière pensée malsaine),
et sa première garnison fut ici à Aix en Provence,
dernière étape métropolitaine avant le grand
saut dans l’inconnu de l’outre-mer.
Le jeune officier qu’il était avait
choisi cette voie, peut-être parce que, étant encore
à Saint Cyr, un camarade Allemand lui avait dit : «
tu appartiens à une école où chaque année,
à 300, vous vous partagez le monde ». Et puis aussi,
écrivait-il : « au moment de l’amphi promotion
de l’école militaire, sur le tableau des affectations
proposées il y avait de quoi faire rêver toute la jeunesse
du monde. Le choix était enivrant. L’Empire français
c’était alors 1/12ème des terres du globe, un
être humain sur 20 vivait sous le drapeau français.
»
Sa première affectation en Afrique noire
lui fit découvrir les joies et les angoisses de ces officiers
qui commandaient loin de la Métropole une parcelle de terre
française.
Ce fut ensuite le Moyen Orient, la 3ème
Cie Méhariste du Levant de 1931 à 1935. Période
exaltante où il sillonne le désert de Palestine, la
Transjordanie, l’Irak, où il fait boire son chameau
dans les eaux du lac de Tibériade ou dans celles du Jourdain.
Et puis ce fut la seconde guerre mondiale. En
août 1944 il est au large des cotes méditerranéennes
pour la reconquête du territoire national avec l’Armée
d’Afrique. Ce sera alors l’épopée de la
libération de la France avec la 1ère Armée
Française de Saint Tropez jusqu’au cœur de l’Allemagne,
sous le commandement du général de Lattre de Tassigny.
En 1951, il rejoint le général de
Lattre en Indochine. Il commande le secteur de Bien-Hoa, puis la
zone est de la Cochinchine, c’est là qu’il va
être confronté au communisme dur et inhumain, c’est
là aussi qu’il découvrira la guerre psychologique
dont il deviendra le grand spécialiste.
Reconnu comme le promoteur de cette nouvelle forme
de combat, il donnera des cours aux officiers d’active et
de réserve à son retour d’Indochine. |