Cet homme de soixante quatorze ans sera donc la cible des lâches, de ceux qui tuent quand il n’y a pas le moindre risque. Et le tueur recevra ses ordres d’un petit souteneur de la casbah, Ali la Pointe, qui, fera faire le travail par un autre, car il n’aura pas le courage, comme beaucoup encore aujourd’hui, de faire, lui-même, la sale besogne.
Le 28 décembre 1956 Amédée Froger est assassiné. Mais, depuis lors, certains médias et quelques soi-disant historiens, ne retiennent de ce meurtre que se qui se passa ensuite, je veux dire la très grande colère des Pieds-noirs. Mais en passant sous silence l’immense foule endeuillée, ces milliers de personnes venues de toute l’Algérie, qui accompagnèrent le défunt jusqu’au cimetière de Saint-Eugène ; en omettant aussi de parler des bombes, déposées par les terroristes. Bombes qui explosèrent dans différentes églises algéroises, et jusque dans l’enceinte du cimetière, quelques instants seulement avant l’arrivée du cortège funèbre.
Aujourd’hui, comme ce fut fait le 1er février 1959, jour de l’inauguration de cette stèle, sur la place de la mairie de Boufarik, en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, nous voulons rappeler qui était Amédée Froger.
Après de brillantes études et une licence en droit, il fut, comme tous les hommes de sa génération, mobilisé pour la première guerre mondiale. Il débuta le conflit dans un régiment de zouaves. Blessé une première fois, il reprend du service dans l’aviation, comme pilote. Abattu par les Allemands, il restera trois mois dans le coma et en réchappera, mais avec un lourd handicap. Pour ces faits d’armes il sera décoré de la Légion d’Honneur et d’une Croix de Guerre.
Revenu à la vie civile, ce poète reconnu, fut élu conseiller général du canton de Boufarik en 1919, conseiller municipal en 1922, puis maire de la ville en 1925, et réélu ensuite jusqu’à sa mort. C’est sous sa mandature que sera édifié le fameux Monument au Génie Colonisateur.
Sa carrière politique l’amènera à être Président du Conseil général en 1937, élu à l’Assemblée Algérienne en 1948, Président de l’inter-fédération des maires d’Algérie, Vice-président de la fédération des maires de France.
Durant tous ses mandats, il n’aura de cesse d’améliorer l’environnement de sa ville, de votre ville. Mais aussi de réaliser l’intégration, et ceci bien avant l’heure. Son idéal ne s’est pas arrêté à Boufarik, il a englobé l’Algérie toute entière.
Il ne vit pas l’immense mouvement fraternel - oh ! Combien dévoyé - du 13 mai 1958. Mais nous garderons de lui, cette photo, prise en février 1956, où, agrippé aux grilles du Monument aux Morts d’Alger, ceint de son écharpe tricolore, il jetait à la face des politiciens, favorables à l’abandon de nos départements, sa foi et son espoir en une Algérie fraternelle. C’est lui qui, le premier, cria ce qui sera bientôt notre devise : « Algérie française ! ».
On connait la suite et l’on devine aisément où, quelques années plus tard, se serait situé son camp et ses amitiés face à la trahison gaulliste.
Ce buste, sculpté par André Greck, Madame de la Clergerie, fille du Président Froger, et sa famille, l’ont confié à John Franklin afin qu’il soit exposé dans cette maison, pour y être un autre symbole de l’Algérie française. Et aussi, parce qu’Amédée Froger était un proche, un ami, du Maréchal Juin.
Cette stèle restera à tout jamais, j’en suis sûr, un lieu de recueillement, pour nous tous et plus particulièrement pour vous les Boufarikois.
Faites en sorte que les générations futures continuent à venir ici, dans cette maison, rendre l’hommage qui lui est dû, à ce grand homme que fut le Président Amédée Froger, Maire de la commune la plus emblématique de la présence française en Algérie. |
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