Après un long périple le buste d'Amédée Froger ancien maire de Boufarik
arrive à la Maison du Maréchal Juin d'Aix en Provence le 29 novembre 2008
       
 
 
Madame de la Clergerie
 

Installation de la statue d'Amédée Froger dans les locaux de la Maison des Rapatriés d'Algérie, maison du Maréchal Juin à Aix en Provence le 29 novembre 2008.
En présence de la fille d'Amédée Froger Madame de la Clergerie, et de 230 invités le président de l'AMEF Robert Saucourt, a inauguré la dépose de la statue d’Amédée Froger dans la grande salle de la Maison Maréchal Juin.
Il a débuté la cérémonie en souhaitant la bienvenue aux invités. L'inauguration a donné lieu à un discours de Mr Robert Saucourt.
Deux éléments ont contribué à l’atmosphère exceptionnelle de la cérémonie, la venue de nombreux Boufarikois venus de toute la France, l'émotion de l'assistance de retrouver une partie de Boufarik.
Dans l'assistance des élus d'autres villes de la région, l'ancien sénateur maire PS d'Aix en Provence Jean-François Picheral, et de nombreuses associations de Rapatriés d'Algérie, le comité VERITAS représenté par Joseph Hattab Pacha dernier maire de la casbah d'Alger , AFN collections, l'ADIMAD, Le Cercle Algérianiste de Marseille, L'Amicale des Enfants de Bône, ASB (Association du Souvenir Boufarikois), Amicale des Anciens de Bab el Oued, Georges Clos ancien maire de Oued el Alleug, Le Président de la Sépia, l’éditeur  Mr Hollender de Mémoire de notre temps, UNP (Union Nationale des Parachutistes), la présence de messieurs Jean Claude Cohade & Jean Louis Jourdan anc. Président et Vice Président du CDHA, Mme Daniele Pouysegur représentante de l'action française, & Mme Astier fille de l'ancien maire de Souma .

 
Discours de Monsieur Robert Saucourt Président de l'AMEF
 
 
 

Tout d’abord, je tiens à remercier Monsieur Llobel, Président de l’Association du Souvenir Boufarikois, de nous avoir aidés à expédier les invitations aux adhérents de l’ASB, ce qui nous permet de vous retrouver ici aujourd’hui.
     Merci aussi à Dominique Baconnier pour l’aide précieuse qu’il nous a apporté dans la réalisation de cette journée.

     Si l’on demande aujourd’hui à un Français d’Algérie de nous parler de Boufarik, il répondra sûrement en citant la mise en valeur de la région par les premiers pionniers français, en décrivant l’immense travail accompli pour assécher les marais pestilentiels, en rappelant aussi les drames vécus et les nombreux morts qui ont jalonnés cette période. Il vous dira combien cette ville, du centre de la plaine de la Mitidja, était devenue belle et accueillante, ce magnifique jardin que nous avons tous connu.  

 
 
 
Il nous parlera certainement du sergent Blandan, mort le 11 avril 1842 à quelques kilomètres de Boufarik, à Beni-Mered. Mort au Champ d’Honneur de l’Algérie française, et dont la statue était devenue un des symboles de la ville ; statue érigée à une époque, où il n’était pas mal vu que des monuments soient élevés, en mémoire de ceux qui étaient tombés pour l’Algérie française.  
 
 
Il nous décrira aussi ce mur de cent mètres de long. Le Monument au Génie Colonisateur, construit en 1930, et sur lequel fut retranscrite la lettre, envoyée en 1842, par les habitants de Boufarik, au Gouverneur Général de l’Algérie, lettre qui disait : 
« Si, cédant à nos vœux vous daigniez nous accorder les faveurs que nous demandons, nous nous faisons forts de démontrer, avec un an de sécurité, ce que l’on peut faire dans ce pays, avec des bras et des cœurs. »
     Et ils ont tenu parole.
     Mais, par dessus tout, notre interlocuteur parlera d’un homme, et du drame de cette journée noire du 28 décembre 1956.     
 
L’homme, c’est Amédée Froger, le maire de Boufarik, lâchement assassiné rue Michelet à Alger par un tueur FLN. Il nous parlera de ce crime qui, à travers l’homme et le maire de cette ville, qui a tellement symbolisée la magnifique réussite des pionniers Français, visait avant tout la France d’Algérie. La France toute entière.
    La "Bataille d’Alger" avait commencé quelques mois auparavant, suite aux lâches attentats perpétrés par le FLN. Bombes posées aux arrêts de bus, dans des lampadaires à la sortie des écoles, dans les bars et les stades de la ville. Les terroristes du FLN étaient traqués par nos soldats, alors, Yacef Saadi, le chef des tueurs algérois, celui-là même que certains de nos ministres ont osé saluer il y à peu, décide de frapper un grand coup contre la présence française, de faire abattre une figure de cette France, tant haïe par les fellaghas.
     Et celui que l’on sait le moins protégé, parce qu’il a le courage d’aller seul dans Alger, où il a ses habitudes, où il circule sans protection, c’est Amédée Froger, l’un des plus farouches partisans de l’Algérie française.
 
Boufarikoise retrouvant la statue de son enfance
 
 
Cet homme de soixante quatorze ans sera donc la cible des lâches, de ceux qui tuent quand il n’y a pas le moindre risque. Et le tueur recevra ses ordres d’un petit souteneur de la casbah, Ali la Pointe, qui, fera faire le travail par un autre, car il n’aura pas le courage, comme beaucoup encore aujourd’hui, de faire, lui-même, la sale besogne.
     Le 28 décembre 1956 Amédée Froger est assassiné. Mais, depuis lors, certains médias et quelques soi-disant historiens, ne retiennent de ce meurtre que se qui se passa ensuite, je veux dire la très grande colère des Pieds-noirs. Mais en passant sous silence l’immense foule endeuillée, ces milliers de personnes venues de toute l’Algérie, qui accompagnèrent le défunt jusqu’au cimetière de Saint-Eugène ; en omettant aussi de parler des bombes, déposées par les terroristes. Bombes qui explosèrent dans différentes églises algéroises, et jusque dans l’enceinte du cimetière, quelques instants seulement avant l’arrivée du cortège funèbre.
     Aujourd’hui, comme ce fut fait le 1er février 1959, jour de l’inauguration de cette stèle, sur la place de la mairie de Boufarik, en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, nous voulons rappeler qui était Amédée Froger.
    Après de brillantes études et une licence en droit, il fut, comme tous les hommes de sa génération, mobilisé pour la première guerre mondiale. Il débuta le conflit dans un régiment de zouaves. Blessé une première fois, il reprend du service dans l’aviation, comme pilote. Abattu par les Allemands, il restera trois mois dans le coma et en réchappera, mais avec un lourd handicap. Pour ces faits d’armes il sera décoré de la Légion d’Honneur et d’une Croix de Guerre.
     Revenu à la vie civile, ce poète reconnu, fut élu conseiller général du canton de Boufarik en 1919, conseiller municipal en 1922, puis maire de la ville en 1925, et réélu ensuite jusqu’à sa mort. C’est sous sa mandature que sera édifié le fameux Monument au Génie Colonisateur.
     Sa carrière politique l’amènera à être Président du Conseil général en 1937, élu à l’Assemblée Algérienne en 1948, Président de l’inter-fédération des maires d’Algérie, Vice-président de la fédération des maires de France.
    Durant tous ses mandats, il n’aura de cesse d’améliorer l’environnement de sa ville, de votre ville. Mais aussi de réaliser l’intégration, et ceci bien avant l’heure. Son idéal ne s’est pas arrêté à Boufarik, il a englobé l’Algérie toute entière.
     Il ne vit pas l’immense mouvement fraternel - oh ! Combien dévoyé - du 13 mai 1958. Mais nous garderons de lui, cette photo, prise en février 1956, où, agrippé aux grilles du Monument aux Morts d’Alger, ceint de son écharpe tricolore, il jetait à la face des politiciens, favorables à l’abandon de nos départements, sa foi et son espoir en une Algérie fraternelle. C’est lui qui, le premier, cria ce qui sera bientôt notre devise : « Algérie française ! ».
     On connait la suite et l’on devine aisément où, quelques années plus tard, se serait situé son camp et ses amitiés face à la trahison gaulliste.
     Ce buste, sculpté par André Greck, Madame de la Clergerie, fille du Président Froger, et sa famille, l’ont confié à John Franklin afin qu’il soit exposé dans cette maison, pour y être un autre symbole de l’Algérie française. Et aussi, parce qu’Amédée Froger était un proche, un ami, du Maréchal Juin.
     Cette stèle restera à tout jamais, j’en suis sûr, un lieu de recueillement, pour nous tous et plus particulièrement pour vous les Boufarikois.
     Faites en sorte que les générations futures continuent à venir ici, dans cette maison, rendre l’hommage qui lui est dû, à ce grand homme que fut le Président Amédée Froger, Maire de la commune la plus emblématique de la présence française en Algérie.
 
Nos remerciements aux deux personnes à l'origine de cette heureuse initiative
Messieurs John Franklin et Dominique Baconnier
     
 
Association pour la mémoire de l'Empire français (AMEF) L'association a pour objet de maintenir le souvenir de l'épopée et de l'oeuvre française outre-mer. Elle défend également la mémoire de tous ceux qui ont fait tant de sacrifices pour le rayonnement de la France à travers le monde.