Editorial par Robert Saucourt
France-Algérie : comment écrire l’Histoire ?
par Pierre-Jean NOCHEZ
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Bulletin
A.M.E.F N° 31
 
       
 

EDITORIAL

Nous voici en 2008. Une année d’anniversaires divers. Il y a  quatre vingt dix ans se terminait la grande guerre, grande boucherie devrait-on dire. Il y a cinquante ans, c’était le grand lupanar bolcho-stalino-gauchiste, dont la seule satisfaction que j’en garde, avec certains de mes amis, fut de voir la Grande Zohra prendre la poudre d’escampette et fuir en Allemagne, amusés que nous étions de voir le "sauveur de la France" forcé de fuir devant quelques braillards gauchistes. Mais ce fut aussi un regret pour nous. Dix ans plus tôt, au lieu de le laisser passer sa retraite à Colombey, nous fûmes assez bêtes pour aller le chercher, au nom de sa soi disant grandeur, pour sauver l’Algérie française. Manipulés, que nous étions alors, par ses féaux avides de revenir aux affaires après leur traversée du désert.
     Et  oui cela fera soixante ans cette année que s’est jouée la grande farce du 13 mai.
     Je me revois à l’époque, jeune lycéen de 15 ans, en compagnie de mes copains du lycée Gautier d’Alger, sur le Plateau des Glières, devant le Monument aux Morts, et puis sur le Forum, ce haut lieu des manifestations algéroises, pour notre première confrontation avec les  CRS et autres gardes mobiles. Après-midi de luttes enragées, parfumées de grenades lacrymogènes, ponctuées de coups reçus et portés, l’apprentissage de ce combat qui allait devoir, pour les années à venir, être sans cesse renouvelé. Et puis ce que nous croyions être alors la grande victoire de l’Algérie française.
     Suivirent les journées d’espérance, les rendez-vous patriotiques sur l’esplanade inondée d’un soleil printanier, la grande réconciliation avec les musulmans, ces chaînes de l’amitié où des dizaines de milliers d’hommes et de femmes main dans la main criaient au monde entier qu’ils étaient heureux de se retrouver, de vivre ensemble sur cette partie de terre d’Afrique que les uns et les autres avaient modelée pour en faire une des perles de l’Empire. Et puis ces cris de joie quand l’autre annonça qu’il nous avait compris.
     Que sont devenus mes amis avec lesquels j’ai vécu ces moments historiques?
     Certains sont morts quelques années plus tard, sous les coups d’un FLN renaissant, encouragé dans son combat par les plus hautes autorités françaises, par un Président trahissant jour après jour sa parole, n’ayant pour honneur que l’envie et le besoin de détruire cette partie de la communauté française qui l’avait porté au pouvoir. D’autres ont passé des mois ou des années dans les geôles de la République, arrêtés, quelquefois torturés, jugés, pour avoir commis l’horrible crime de vouloir rester Français sur une terre française. Et les autres, dont je fais partie, qui ont réussi à passer à travers les mailles du filet de la répression, mais qui, comme tous les survivants du drame, ont parfois au cœur comme des regrets d’avoir vécu une ignoble farce. Farce dont nous étions les victimes désignées dès le début du premier acte, ce fameux 13 mai 1958.
     Nous nous revoyons parfois avec les amis de l’époque, évitant de se remémorer ces années de galères, se souvenant des bons moments passés ensemble dans cette ville qui restera toujours pour nous celle de notre jeunesse, celle des premiers émois, des premières amours, des journées de plage, des études, de la joie, de la gaieté, de tous ces sentiments de bonheur qui nous permettaient de traverser les moments tragiques qui étaient notre quotidien.
    Nous aimions cette ville. Notre ville, qui est morte début juillet 1962. Mais dont nous gardons le souvenir au fond de notre cœur, parce qu’elle reste, pour nous, la plus belle.

    
Robert SAUCOURT


France-Algérie : comment écrire l’Histoire ?


Le récent voyage de notre Président en Algérie m’a laissé perplexe quant à sa volonté de clarifier les rapports de ces deux pays au regard de l’histoire.

     Après avoir signé quelques contrats commerciaux juteux, notre Président s’en est allé à Constantine à un discours sur le colonialisme pour en dénoncer les injustices. Il n’y avait pas là un grand courage politique à dénoncer des injustices inhérentes à tout acte humain. Personne ne peut en effet nier qu’il y a eu des injustices pendant les 130 années de présence française en Algérie.
     A peine rentré dans son pays, notre Président reconnaissait la responsabilité de la France dans le massacre des harkis. Enfin ! Mais il oubliait de dire que ces mêmes harkis avaient été massacrés non pas par la France mais par les amis de ce président à qui il donnait l’accolade quelques heures auparavant. Par ceux-là même qui continuent de demander à la France des excuses pour les avoir colonisés aussi longtemps.
     Le temps n’est plus aujourd’hui à la confrontation des arguments des uns et des autres mais à écrire honnêtement l’Histoire entre ces  deux pays. Mais l’Histoire ne peut s’écrire à partir d’excuses mais d’archives volontairement ouvertes de part et d’autre. La France ouvre peu à peu les siennes même si ça fait mal quelques fois. L’Algérie non. Et on comprend bien
pourquoi.
     Ceux qui, de l’autre coté de la Méditerranée mettent tant d’ardeur à dénoncer les « crimes » de la colonisation ont tout intérêt à avoir la mémoire courte. Il est clair pour eux que la colonisation de l’Algérie a commencé avec les français. Avant ? Ils ne savent plus.
     Ont-ils oublié que ce sont bien les armées du prophète qui au 7ème siècle ont envahi l’Afrique du nord, les armes à la main, en convertissant de force à leur religion les peuples autochtones. Ceux qui ne voulaient pas se soumettre étaient réduits au rang de dhimmis, c’est à dire des citoyens de deuxième zone. Les missionnaires français, même s’ils sont arrivés sur les pas des militaires, ont d’abord pensé à éduquer, à soigner, à bâtir avant de convertir de force.
     Ont-ils oublié que leur « pays » était, avant 1830, la Régence d’Alger sous domination ottomane qui n’avait qu’un seul souci, celui de lever l’impôt, de gré ou de force sur des populations disparates, conglomérat de tribus qui n’avaient aucune notion de Nation, qui se déchiraient entre elles pour établir ici et là quelques pouvoirs locaux. Ceux-là qui désirent des excuses de la France, en demandent-ils autant à la Turquie ?
     Ont-ils oublié les algériens d’aujourd’hui que s’ils peuvent revendiquer la nationalité algérienne c’est à la France qu’ils le doivent, la France qui a donné un nom à un pays qui n’en avait pas, qui a réussi son unification, qui a fait vivre en paix des tribus qui se déchiraient.
      Pour les algériens d’aujourd’hui l’Histoire ne commence qu’après 1830. Avant ? Il n’y avait rien. Sur ce point ils ont raison. Il n’y avait pas de routes, d’écoles, d’hôpitaux, de barrages. Et, miracle de cette colonisation criminelle, la France a livré au FLN, clés en main en 1962, un pays moderne. Ce même FLN qui gouverne encore ce pays avec le succès que l’on connaît.
     Conscient de ses échecs, le FLN masque ses turpitudes en voulant imposer l’écriture d’une fausse Histoire. Il faut bien donner au peuple des raisons d’espérer quand on ne sait pas lui donner du travail, des logements mais lui promettre des visas plus nombreux pour …la France.
     Il faut être honnête et objectif pour écrire l’Histoire. Les dirigeants algériens ne le sont pas. Soit. Mais nous donner des leçons d’humanité, non. Ils devraient se souvenir que pendant les 7 années dites de guerre d’indépendance, le FLN a tué plus de « Frères algériens » que les troupes françaises ont tués de combattants de l’ALN. Il est vrai qu’il est difficile d’en faire état quand on se pose en victime !

                                                                                                          Pierre-Jean NOCHEZ

 
Association pour la mémoire de l'Empire français (AMEF) L'association a pour objet de maintenir le souvenir de l'épopée et de l'oeuvre française outre-mer. Elle défend également la mémoire de tous ceux qui ont fait tant de sacrifices pour le rayonnement de la France à travers le monde.