ADIMAD
(stèle de Marignane)
L’ADIMAD, son président, Jean-François Collin
et le bureau national annoncent que monsieur Simonpieri et le conseil
municipal de la ville de Marignane ont attribué à
l’association un espace dans le cimetière de la ville
afin d’y édifier une stèle à la mémoire
de nos quatre camarades fusillés : Jean-Marie BASTIEN-THIRY,
Claude PIEGTS, Roger DEGUELDRE et Albert DOVECAR.
Ce monument sera identique à celui réalisé
à Perpignan par Jean-Pierre Prévoteaux.
Une souscription nationale est ouverte à cet effet. Vos
dons seront les bienvenus et recueillis par chèques à
l’ordre de : ADIMAD (stèle de Marignane) 68 traverse
des Loubes 83400 HYERES
Un comité d’organisation et de soutien
va se créer autour de Madame Annie Robert-Chapellier, déléguée
régionale, en charge de cette réalisation. Il comprend
:
Gisèle Ambrosino (présidente de l’Amicale du
Souvenir de Fort de l’Eau) René Andrès (président
honoraire du Collectif Aixois des Rapatriés) André
D’Apreval (délégué pour Marseille de
l’Adimad) Robert Saucourt (président de l’AMEF
et du Collectif Aixois des Rapatriés) Marie-Louise Arcamoni,
Henri Boucard, Jean Casanova, Gilbert Meyer, Jean-Pierre Prévoteaux
et Guy Villalonga.
LA REPUBLIQUE N’EST
PAS INGRATE
Après les brillantes festivités navales
et barbaresques qui ont solennisé le tape cinq de Chirac
et Boutef, on disait que Philippe Nouvion, président du RECOURS,
avait envoyé un courrier de remerciement au chef de l’Etat
(le notre) pour le remercier de l’hommage rendu –parait-il
?- à l’Armée d’Afrique. Et pour faire
bonne mesure, une lettre de congratulations au commandant du navire
qui portait avec brio les héros du jour. L’autre n’a
pas du en revenir de voir les Pieds-noirs si polis, après
tout ce que l’on dit d’eux !
Eh bien ces on-dit sont confirmés par le J.O. : notre "ami"
est nommé au Conseil Economique et Social, où il aura
la joie de siéger en compagnie de l’élite de
la Nation, genre Mohamed Bourges ou Fodé Sylla. Oh bien sur,
ce n’est qu’une paye de smicard de la politique (3 500
€ -20 000francs-mensuels, plus les petites annexes) mais enfin
cela montre que la République, si elle n’indemnise
pas ces salauds de Pieds-noirs, sait au moins reconnaître
les services rendus…et elle paye cash !
Ça met du baume au cœur. Et il y aura sûrement
un petit supplément après la visite du 1er novembre
et la poignée de mains aux assassins de son père !
Michel ROUILLER
Ci- après un songe ....au secours Dr Freud !
« Un songe, me devrais-je inquiéter d’un songe,
Entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge…….
»
UN RÊVE ORIENTAL
L’autre soir, j’étais seul,
affalé sur mon grabat, ayant absorbé une trop forte
dose de Vice-Matin complété au dessert par une tranche
de Figue-à-rots : fatale imprudence ! L’indigestion
était certaine…..
En effet, plongé dans un sommeil peu réparateur, je
glissais vite dans le monde incertain des cauchemars : la scène
se passait en mer, sur une sorte de galère de grande dimension,
battant pavillon français (ou me suis-je trompé ?),
affligé d’une croix bizarre, et du nom de «La
Grande Zohra » : absurdité du monde onirique ! La mer
était d’huile, pas de vagues, c’était
d’ailleurs l’ordre qui avait été donné
à tous par le maître du bord, qui semblait être
le Roy de France, très orientalisé, nommé Jakchi-Rak
dernier ( le premier de la dynastie avait disparu des mémoires
depuis des générations ) Autour du Roy se pressait
une cour fort nombreuse : la ministre désarmée, d’un
titre qui n’existe plus de nos jours, d’allure très
coco ( Chanel bien sur ), lunettes Cardin, denture Colgate ; le
secrétaire des Tats aux A.C.
(Affaires Calamiteuses), un certain Kasclaoui Mec-à-Chirak
; le maire de la ville de Tou-Long, M.Falso, plus connu sous le
nom de bac moins cinq, et bien d’autres encore, que la brume
des rêves ne m’a pas permis de distinguer mais plus
brillamment emplumés les uns que les autres…on chuchotait
cependant que le nouvion (nom qui désignait dans la marine
ancienne le cireur de bottes du bord) n’avait pas été
convié au cérémonial….
Car il s’agissait bien d’une sorte de cérémonie
comme on les pratiquait dans les Cours royales avant que les peuples
soient éclairés par la Démocratie Universelle.
Face au groupe prestigieux que j’ai maladroitement décrit,
se tenaient des sortes de rois mages aux tenues bariolées,
accompagnés de sujets burinés d’allure sympathique.
Des nuées de journalistes les entouraient. Ces professionnels
avertis avaient rédigé depuis longtemps le texte des
interviewes qu’ils sollicitaient, ce qui faisait gagner du
temps à tous.
Mais le plus singulier était un personnage qui faisait l’objet
de toutes les attentions ; sa prestance (1,60 m avec talons hauts),
son physique sculptural (nez en boudin, double menton, cheveu rare
mais artistement dressé en rouflaquettes, peau olivâtre
et graisseuse), le tout faisait irrésistiblement penser au
regretté Msieur Robert, roi du pavé de la rue St Denis.
Paré du beau nom de Abdelzizi Boutifara, il représentait,
disait-on - mais certains le contestaient – le puissant royaume
barbaresque, venu avec deux chebecs de sa flotte et escorté
de plusieurs Raïs de sa suite.
Ce puissant personnage, émouvant détail, était
d’abord embrassé par le Roy. Mieux encore, la ministre
désarmée se précipitait sur lui dans un bouche
à bouche éperdu, et lui confiait en minaudant que,
pour lui plaire, elle avait donné à son nom une tournure
étudiée : elle s’appellerait désormais,
british en diable, Ali o’Mary ! Le reste des courtisans suivait…..
Après quelques paroles de bienvenue oû il était
question du sacrifice de certains ( mais pas de tous ) en une circonstance
que l’incertitude du rêve ne m’a pas laissé
deviner, le Roy remettait au barbaresque une décoration sur
un coussin. Suivant la tradition orientale, ce dernier la jetait
à son Vizir sans la regarder, et ne répondait que
par une mine de mauvaise humeur aux amabilités de son hôte.
On murmurait dans l’assemblée que l’humeur s’éclaircirait
lorsque le Roy lui remettrait les clefs du royaume de France, ce
qui, disait-on, était prévu pour le premier novembre
qui suivrait.
Pourquoi le premier novembre ? Oh, aride incohérence du rêve
…Quelle Pythie pourra m’éclairer ? M.
ROUILLER
PS. Par pythie, donnez moi la clef du rêve !
NOS CIMETIERES
REQUIESCANT IN PACE…..
Jusqu’à une époque récente dans l’ordre
du Temps, mais qui paraît faire partie d’un autre âge,
au niveau des mentalités, nos défunts, à l’issue
de leur séjour dans cette Vallée de larmes, étaient
censés avoir gagné la Paix. La Paix de la douce invocation
latine « Requiescant in Pace », dans le cas de ceux,
innombrables, qui partaient accompagnés des prières
des vivants. Ou bien la redoutable « Paix des cimetières
» dont on parlait lorsqu’on évoquait luttes et
combats sans merci, qui ne trouvaient leur issue, et la délivrance
de ceux qui tombaient, que dans cette « Paix des cimetières
», à l’entrée desquels les fureurs s’apaisaient,
comme un incendie noyé sous une pluie diluvienne. Respect
instinctif, inspiré au moins partiellement par la crainte
d’un Au-delà mystérieux et vengeur ? Zone de
pureté, inaccessible aux violences, commune à tous
? Notion de la limite naturelle des actions humaines, où
tout ce qui est de l’Homme prend fin et devient inutile ?
En tous cas, signe essentiel de Civilisation.
Ce temps n’est plus. Les demeures terrestres
des morts sont proies faciles, et comme offertes, à tous
ceux qui, pour être membres de l’humanité, au
sommet de la Création, n’en sont pas moins inférieurs,
et de beaucoup, à ceux du monde animal. Il n’y a plus
l’absolu de la « Paix des cimetières ».
A partir de cette nouvelle situation, tout se met
en place pour la grande mascarade des esprits pervers de notre «
Bel Aujourd’hui ». Bons morts et mauvais morts ne sont
plus égaux devant les émotions contrôlées
de l’Opinion Publique, ce géant aveugle et inepte,
que des nains retors et agiles guident par la main. Il y a toute
une hiérarchie sémantique graduant les outrages qu’ils
subissent. Et nos Créons officiels veillent scrupuleusement
à son application destinée aux foules assises, figées
devant leurs écrans, véritablement des écrans
entreposés entre le réel et elles. Antigone n’avait
pas la télé…
Nos morts d’Algérie, pour beaucoup,
beaucoup trop d’entre eux, n’ont pas eu droit à
cette Paix des cimetières. Privés de la visite des
leurs, ils reçurent dans trop de cas, celle des profanateurs.
Et les lamentations annuelles, au nord de la mer, face à
d’indispensables mais pauvres monuments de la mémoire,
n’y pouvaient rien. Alors, certains se dévouèrent,
dans l’opacité du silence général. En
groupes, et même parfois dans la solitude d’une démarche
qui tenait de la mission impossible. En recueillant, par le biais
de la photo, des pièces à conviction. Créon
n’a pas interdit ou désapprouvé, non, n’allons
pas jusque là. Créon n’a rien dit. Créon
était sourd et muet. Alors, pour le convaincre, Antigone
n’eut plus que ses yeux pour pleurer. Mais Créon ne
vit rien. Il n’était pas aveugle mais il ferma les
yeux.
Et puis maintenant, soudain, ces morts intéressent.
Comme de vulgaires électeurs. Certes, ils ne vont pas voter,
comme les méchantes langues le dirent si souvent pour quelques
endroits folkloriques, ou jugés tels. Mais ils feront voter,
du moins c’est ce que certains stratèges, ou thanato-stratèges,
espèrent. Alors, ils envoient des missions, et surtout des
messages, destinés à leurs cibles. Ils enfoncent un
peu plus le pic de la division chez les survivants de ce qui fut,
plus qu’une « communauté », un peuple nouveau
en voie de formation, qui tenait à la fois de la latinité
méditerranéenne éternelle et de l’assemblage
dynamique des conquérants d’un Ouest mythique, le tout
sous la bannière de France. Ce pic résonne de ses
coups lugubres sur le cercueil de leur unité « érodée
». Le Temps est passé par là, usant plus les
vivants qu’il n’a dérangé les morts. Alors,
tels ces fous que Jupiter avait décidé de «
perdre », ils se battent entre eux, et s’agitent, sous
le regard narquois de Créon, qui, pour l’occasion,
a rouvert son œil de cyclope. Car les Puissants de ce jour,
dépassent en force les anciens Grecs, mariant et assemblant
leurs personnages mythiques pour en décupler la force monstrueuse.
C’est ainsi que nos morts, nos pauvres
morts d’Algérie, qui ont eu l’outrecuidance de
rester là-bas, comme des témoins irréductibles
de notre Présence, et qui ont payé cette insupportable
audace de la perte de leur paisible attente, sont aujourd’hui
un enjeu. Ira-t-on jusqu’à voir des cortèges
rivaux, conduits par des meneurs politiques en campagne, prendre
d’ assaut ces lieux encore paisibles, en dépit de leur
délabrement et des outrages subis? L’herbe folle n’est
pas en soi une salissure, et le chant des oiseaux est un requiem
des plus doux. Le cyprès démesurément grandi
a bousculé le marbre de la tombe, mais il lui offre son ombre
infiniment douce. Et, tandis que les vivants sont partis mourir
ailleurs, les registres des morts sont plus éloquents qu’une
liste électorale pour dire l’Algérie bien aimée
d’autrefois.
Ces lieux auraient dû être déclarés
Sanctuaires, et défendus. Comme tels. Mais qui nous a défendus
? Ils étaient habités par les nôtres. Ils devaient
être notre future demeure. Et, dans leurs allées, quelque
chose des Disparus flottait dans l’air, morts à nous
parmi les morts, « connus seulement de Dieu ». C’étaient
des Lieux Sacrés. Mais ici, qui se préoccupe du Sacré
? Nos morts, à leur insu, reprennent provisoirement vie.
Comme dans les films d’épouvante. Sauf que cette fois,
l’horreur vient des vivants. R. I. P. PIERRE
DIMECH
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