Monsieur
de Lanurien connaît mon passé et me suggère
de m’arrêter au retour à Conflans sur Loing,
petite bourgade où vit le général Massu, qui
serait heureux de me revoir (il fut le parrain de ma compagnie opérationnelle
en Algérie, et a témoigné en ma faveur au procès
des Barricades).
Il me reçoit et me déclare : « mon cher camarade,
il faut sauver la république, Giscard est un « c..
», s’il se représente il nous amènera
la gauche au pouvoir. Vous connaissez Saint-Marc, Gardes, vous avez
des relations à Lyon, voyez les associations d’action
civique. De Gaulle est mort, l’Algérie c’est
fini, il faut réveiller les nationaux, malheur à la
France si la gauche prenait le pouvoir. »
A Lyon, dans le cadre de mes nouvelles relations avec les associations
d’action civique, on m’invite à aller assister
à une manifestation à Grenoble. On me présente
un certain Henri Mazoué, nous sympathisons, il me dit être
« Algérie Française » et que son président
Pierre Debizet ne porte plus qu’une cravate noire depuis l’indépendance
; et que lui-même militant au sein d’une association
d’action civique. Pour ma part j’ignore encore la signification
des initiales SAC.
En fin d’après midi, il me raccompagne à Lyon
et me confirme que son association est le SAC. Refus de ma part
d’avoir le moindre contact avec ce service créé
par de Gaulle et qui a été contre nous.
Le nom du colonel Gardes est lâché, il serait en relation
étroite avec Pierre Debizet.
Je décide de vérifier cette affirmation qui me parait
surprenante, voire impossible.
AMEF : Etait-ce exact
?
S.J. : Le lendemain, je téléphone
à Jean Gardes, qui me demande de monter à Paris.
Je m’entretiens également avec le commandant de Saint-Marc
à Lyon ; il me déclare à son tour : «
il faut noyauter le SAC, connaître son importance plus de
7 ans après la mort de De Gaulle, évaluer la possibilité
de récupérer des éléments valables,
anciens paras, éventuellement d’anciens OAS ».
Je décide de monter à Paris, le colonel Gardes me
dit que nous sommes invités à dîner chez Pierre
Debizet.
Rendez-vous pris au cercle militaire où je retrouve Jean
Gardes en compagnie du colonel Buchoud que je ne connais pas. Présentation,
le colonel Buchoud me demande de rester aux ordres de Gardes qui,
me dit-il, a la plus grande confiance à votre égard.
Après le dîner chez Debizet, le colonel Gardes me raccompagne
à mon hôtel et me répète : « il
faut que vous acceptiez cette mission ».
AMEF : comment s’est
déroulée votre première réunion avec
le SAC ?
S.J. : Pierre Debizet et Henri
Mazoué réunissent les adhérents du Rhône,
une centaine de personnes, après le discours de Debizet,
près de la moitié partira, ceux qui restent sont jeunes,
moyenne d’age 25 ans.
Visite au préfet de police, au directeur des RG. Pour faire
du service d’ordre, un peu de renseignement, action civique
: zéro.
Je dis à Gardes que tout cela ne vaut rien, je demande à
Saint-Marc de dire à nos amis que j’étais en
mission. C’est ce qu’il fera lors d’une réception
chez lui à Lyon. J’informe Debizet de mon départ
; il me demandera de ne pas démissionner et de rester près
de lui à Paris.
AMEF : Mais n’avez-vous
pas été choqué par rapport à l’engagement
du SAC contre l’OAS en 1962 ?
S.J. : Lors de l’assemblée
générale du SAC en 1977. Pierre Debizet m’a
demandé de venir à Paris. Il m’a présenté
à Jacques Foccard à qui j’ai posé la
question suivante : « Monsieur Debizet m’a affirmé
pour me convaincre de rejoindre le SAC que celui-ci n’aurait
jamais eu aucune action contre l’OAS, qu’en est-il ?
».
Affirmation de Foccard, qui me donne sa parole et ajoute que le
combat contre l’OAS avait été organisé
par messieurs Tricot et Lemarchand conformément aux ordres
de De Gaulle.
Propos recueillis par la rédaction d’AMEF
Info.
Notes
Jean-Claude PEREZ, rencontré le 18
décembre 2003, m’a assuré de sa sympathie pour
Serge Jourdes, confirmant la relation faite par celui-ci au cours
de l’entretien ci-dessus rapporté. R.Saucourt. |