CHRONIQUES
DE L’IGNOMINIE par Robert
SAUCOURT
Général Maurice SCHMITT
Le général Maurice Schmitt, ex chef
d’état-major des armées vient d’être
condamné à indemniser un ancien appelé en Algérie,
Henri Pouillot, qui affirme avoir assisté à des séances
de tortures en Algérie en 1961 et une ancienne fellouze,
Louisette Ighilahriz, membre d’un réseau de poseurs
de bombes qui soutient, elle, avoir été torturée
et violée.
Le général les ayant traité de menteurs lors
d’un débat à la télévision, il
se voit condamné à verser 1 euro à la fell
et 1500 au bidasse. Trois journaux devront publier sa condamnation.
Voila comment en France en 2003, on traite une des plus hautes autorités
militaires, qui avait eu le malheur de servir en Algérie
dans une unité combattante, parachutiste de surcroît.
Alors que le bidasse lambda favorable au FLN a le droit de dénoncer
ceux qui se sont fait casser la gueule pour une certaine idée
de la France et de l’Honneur !
En revanche que l’un des nôtres aille porter plainte
contre un gendarme mobile de Debrosse qui l’aura torturé
pour son appartenance à l’OAS, et je suis sûr
que sa plainte ne sera pas recevable. La torture en Algérie
ne pouvant être pratiquée que par une seule catégorie
de personnes : les paras ou les légionnaires, à l’encontre
des gentils fellouzes innocents, bien entendu.
Mais plus rien ne peut nous étonner lorsque l’on peut
voir à Neuves-Maisons, près de Nancy, se dérouler
le 4 octobre dernier une cérémonie à la mémoire
d’Emilie Busquant.
Vous allez me demander qui est cette Emilie.
Elle est née en 1901 et fut l’épouse de Messali
Hadj, c'est-à-dire un ennemi de la France, celui-là
même qui a inventé le slogan à l’intention
des Pieds-noirs et qui fit florès : « la valise ou
le cercueil ! »
Et oui, vous lisez bien, après Delanoë à Paris,
en Lorraine aussi on rend hommage aux fellouzes et « l’Est
Républicain » en fait ses choux gras, parlant d’une
femme de conviction qui a aidé son mari dans son combat pour
l’indépendance algérienne. La « cérémonie
» été présidée par le maire de
Neuves-Maisons Jean-Paul Vinchelin, en présence de Djamila,
la fille de la bonne femme et de l’ambassadeur d’Algérie
en France. Il y eu un discours de Michel Raoult, adjoint délégué
aux affaires culturelles, qui déclara avoir pour cette femme
(…)qui lutta toute sa vie pour la liberté et la libération
du peuple algérien, respect et admiration.
C’est beau, non ?
C’est la France des amis de Bouteflika.
Et pendant ce temps là, on condamne le général
Schmitt, et l’on oublie très vite les hommes et les
femmes massacrés et torturés par les copains du mari
d’Emilie.
Le Grand Atlas Universel
Page 67 du 4° tome de cette encyclopédie,
se trouve un article intitulé « l’enfer algérien
», que nous vous livrons in extenso :
L’enfer algérien
A la fin du 18° siècle, l’Algérie
vendit d’énormes quantités de blé à
la France qui refusa de
payer. En 1830, le roi d’Algérie réclama la
dette et face à la réponse négative, fustigea
le consul Français. La France profita de cet incident pour
envahir le pays avec 36 000 soldats, mais en ressortit vaincue.
En 1840 l’armée française forte de 115 000 soldats
parvint enfin à envahir l’Algérie.
La France y installa des centaines de milliers de colons.
En 1945, les festivités de la défaite nazie se transformèrent
en un soulèvement populaire. La répression coûta
la vie de 45 000 Algériens.
En 1954, le Front de Libération National Algérien
fut créé et la France répondit par le déploiement
d’un demi million de soldats.
Les troupes, avec l’aide de l’Organisation Armée
Secrète (OAS), groupe néo-fasciste colonial, appuyé
par l’Etat Français, détruisirent des milliers
de villages et torturèrent et assassinèrent des dizaines
de milliers de civils.
L’Algérie devient indépendante par referendum
en 1962. Depuis 1992, le pays connaît des périodes
d’instabilité politique, l’essor de l’intégrisme
et une cruelle guerre civile.
Vous avez bien lu, rien n’a été
changé au texte et la personne qui nous a communiqué
cet article, a écrit à Nice Matin, éditeur
du Grand Atlas Universel, pour dire son indignation face à
cette façon de revisiter l’histoire de notre pays ;
on lui a répondu que des erreurs ou omissions peuvent émailler
le contenu des 9 volumes, que cette présentation très
particulière de l’histoire de l’Afrique du Nord
les a fait réagir, et qu’ils avaient demandé
à leur fournisseur de publier un erratum dans le dernier
volume de la série.
Lettre de monsieur Alain M. ZELLER
à monsieur Mékachera
Le 22/09/03
Monsieur le secrétaire d’Etat,
Il est toujours malaisé ou quelque peu outrecuidant
de s’adresser par écrit à un haut représentant
de l’Etat.
Néanmoins, je le fais car ce n’est ni pour réclamer
une décoration, ni pour obtenir un passe- droit, c’est
pour vous dire combien, nous les anciens combattants d’Algérie,
sommes écoeurés par les odieuses campagnes récurrentes
contre ce que fut notre action en Algérie pendant nos temps
de service militaire.
La dernière en date s’est produite la semaine dernière
avec la diffusion largement commentée dans les rubriques
« télévision » de la grande presse, du
film « Avoir 20 ans dans les Aurès ».
Même si cela n’a pas été retransmis sur
une chaîne dite publique, une telle ignominie est un crachat
à la face de tous ceux qui, effectuant leur service militaire,
l’ont accompli le plus souvent avec foi, courage et en tout
cas missionnés par l’Etat.
Nous n’oublions pas nos 25 000 camarades dont vous avez fort
opportunément rappelé le souvenir par le mémorial
du 5 décembre et aussi le douloureux calvaire des dizaines
de milliers de harkis sacrifiés.
Vous atténueriez notre amertume, Monsieur le secrétaire
d’Etat et ancien compagnon d’armes… en faisant
officiellement savoir que nous nous sommes tous battus, à
l’exception peut être de quelques inévitables
salopards présents dans tous les conflits, avec Honneur et
Fidélité pour les valeurs enseignées par notre
Patrie.
Avec mes sentiments déférents.
Alain ZELLER Lieutenant de Réserve ancien chef de harka au
12ème B.C.A (1959/1961)
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