Une maire communiste d'une commune du nord empêche le dépôt de gerbes sur la tombe du regretté Roger Degueldre ancien des maquis FTP de la région.
 

Le 6 juillet 1962 disparition du lieutenant Roger Degueldre
Récit
 
Roger Degueldre ancien des maquis FTP de la région du nord
     
Lieutenant Roger DEGUELDRE
Né le 19 mai 1925 à Louvriol (Nord)
Lt au 1er R.E.P
Fusillé au Fort d'Ivry le 6/07.1962
 
Le Lieutenant Roger DEGUELDRE était originaire de Louvroil, cité minière du Nord. Il a fait partie d'un maquis FTP pendant la Seconde guerre mondiale et, après la Libération, il s'est engagé dans l'Armée Française pour terminer la guerre sous l'uniforme. Il a rejoint la Légion Etrangère en Indochine et a été affecté au 1er REP en Algérie en 1954. Ardent partisan de l'Algérie Française, il a participé au putsch d'avril 61 et est devenu le chef des commandos Delta d'Alger dans l'OAS. Arrêté, il a été jugé sommairement par un tribunal d'exception et fusillé le 6 juillet 1962. Au début de ce mois de juillet, une délégation d'anciens partisans de l'Algérie Française et d'anciens parachutistes a voulu déposer une gerbe sur sa tombe au cimetière de Louvroil. La maire communiste a publié un arrêté municipal interdisant ce dépôt de gerbe, confirmé par un arrêté préfectoral édicté par le Préfet du Nord. Ainsi, le dernier parti communiste d'Europe poursuit de sa haine, après 43 ans, la mémoire d'un enfant du pays, qui a risqué sa vie pour le libérer de l'occupation nazie et qui l'a sacrifiée pour défendre nos départements français d'Algérie. Nul n'a entendu le maire communiste de Louvroil s'émouvoir des insultes proférée par Mr BOUTEFLIKA à l'égard des harkis lors de son discours devant l'Assemblée Nationale.
JYL (Lille)
 
     
 
ANNICK MATTIGHELLO
SECRETAIRE FEDERATION PCF DU NORD.
Agée de 54 un ans Annick Mattighello est une ancienne ouvrière de chez Thomson. Elle a adhéré au PCF en 1970. Elue en 1987 au secrétariat de la fédération du Nord, elle est membre du Comité central du PCF depuis 1990 maire de Louvroil (Nord).
 
Roger DEGUEDRE participe à la résistance dans le nord de la France.
Qui étaient les résistants ?
Les résistants étaient des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes.
Les résistants étaient isolés.
Ils ne pouvaient guère compter sur la population accablée par la défaite, soucieuse d'assurer d'abord sa survie et terrorisée par les menaces de représailles, ni sur l'aide des Alliés qui a tardé à venir et est restée limitée.
Ils ont dû surmonter leurs propres divisions :
- cohabitation conflictuelle entre communistes, non communistes et anticommunistes, entre partisans du général de Gaulle et antigaullistes de différentes sensibilités.
- désaccord sur le plan stratégique entre ceux qui préconisaient le sabotage et la lutte armée immédiate, en particulier les communistes avec l'Organisation spéciale ( OS ), puis les Francs tireurs et partisans français ( FTP).
 
Les rares Français qui se sont engagés dans la résistance dès 1940 l'ont fait à titre individuel ou au sein de petits groupes isolés, agissant de façon spontanée, sans mots d'ordre, sans liens entre eux.
Puis en zone Nord occupée ( Libération-Nord, Défense de la France, Organisation civile et militaire, Ceux de la résistance ou CDLR, Ceux de la libération ou CDLL, Résistance-Fer ... ) ;
Dans les deux zones, les communistes ont mis en place, à partir de mai 1941, le Front national de lutte pour l'indépendance de la France.
En juin 1941, l'attaque allemande contre l'Union soviétique a levé les équivoques qui pouvaient subsister chez certains militants communistes depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939, et a renforcé la détermination des résistants communistes.
Les étapes de l'unification de la résistance. La France libre avait besoin de se faire reconnaître par la résistance intérieure et la résistance intérieure avait besoin de l'aide de la France libre.En janvier 1942, de Gaulle a envoyé Jean Moulin en France avec pour mission d'unifier la résistance intérieure.
Au printemps 1943, les mouvements de la zone Sud ont fusionné dans les Mouvements unis de résistance ( MUR ), et ceux de la zone Nord ont commencé à coordonner leur action.
Un Conseil national de la résistance ( CNR ) a été créé où siégaient les représentants des mouvements des deux zones, des partis politiques et des syndicats.
Présidé par Jean Moulin puis après son arrestation en juin 1943, par Georges Bidault, le CNR a élaboré un programme qui a été adopté en mars 1944.
Au début de 1944, a été créé le Mouvement de libération nationale ( MLN ) qui regroupait les MUR et plusieurs mouvements de la zone Nord.
Au début de 1944, les groupements armés issus des différents mouvements de résistance ont été unifiés au sein des Forces françaises de l'intérieur ( FFI ) placées sous le commandement du général Kœnig.
À partir de juin 1944, FFI et FTP ont participé activement à la libération des autres départements français.

Pour retarder l'arrivée des renforts allemands au lendemain du débarquement de Normandie, les forces armées de la résistance ont mis en oeuvre les plans de sabotage des moyens de communication.
Elles ont libéré la plus grande partie du sud-ouest et du centre de la France, et facilité dans le sud-est la progression de la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny débarquée en Provence en août 1944.
 
 
DISPARITION DE ROGER DEGUELDRE LE 6 JUILLET 1962


C'est quelques heures seulement après le génocide du 5 juillet 1962 à Oran qui, rappelons-le, fit plus de trois mille victimes parmi la population civile européenne. que de Gaulle prit sa décision de faire fusiller le lieutenant Roger DEGUELDRE qui, fidèle à son engagement «la mort plutôt que le déshonneur !», avait justifié son action dans I'OAS par ces mots : « Mon serment, je l'ai fait sur le cercueil du Colonel Jeanpierre. Plutôt mourir, mon Colonel, que de laisser l'Algérie aux mains du FLN, je vous le jure !»

Le lendemain 6 juillet, à l'aube, au Fort d'Ivry, Degueldre se présenta devant le peloton en tenue de parachutiste, le drapeau tricolore sur la poitrine, drapeau auquel il avait tout sacrifié et qu'il avait choisi comme linceul. Autour de son cou, il avait noué un foulard de la légion. Dans la poche intérieure de sa vareuse, il y avait la photo d'un bébé, son fils qu'il n'avait jamais vu. Il avait conçu cet enfant dans la clandestinité. Le bébé était venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort.

« Dites que je suis mort pour la France ! » s'écria-t-il à l'adresse de sort défenseur. Puis il refusa qu'on lui bande les yeux et, au poteau cria : « Messieurs, vive la France ! » avant d'entonner la Marseillaise. Les soldats qui devaient l'exécuter, émus par son courage, hésitèrent à tirer. La première salve le blessa seulement : une seule balle l'atteignit sur les douze qui furent tirées : au ventre dirent certains... au bras affirmèrent d'autres... Quoiqu'il en soit, le fait certain c'est que Degueldre ne fut pas atteint de manière décisive.

L'adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipita l'arme à la main pour accomplir sa sinistre besogne et se rendit compte que le condamné était toujours en vie. Sa tâche ne consistait désormais plus à achever un quasi mort censé avoir reçu flouze bouts de métal... mais bel et bien à tuer un vivant. Et ce sont là deux choses différentes. Il en eut si terriblement conscience, que sa main, pourtant préparée à cette macabre mission, trembla et que le revolver se déchargea dans le vide.

Parmi l'assistance, c'était la stupéfaction. Cette situation eu pour effet d'agacer le procureur qui, réveillé un peu tard. n'avait pas eu le temps de prendre son petit déjeuner. Et son estomac gargouillait. Mécontent, il fit signe à l'adjudant de se dépêcher. Pendant ce temps, Degueldre, à demi recroquevillé, souffrait. Les coups de feu résonnaient encore à ses oreilles et il se demandait quand son calvaire prendrait fin.
L'adjudant, toujours tremblant, pointa une nouvelle fois son arme sur la tête de l'officier parachutiste, ferma les yeux et appuya sur la détente. Rien ne se produisit. L'arme s'était enrayée. Une rumeur monta de l'assistance. Degueldre tourna la tête vers son exécuteur comme pour l'interroger. Aucune haine dans son regard... Juste de l'incompréhension.

Exaspéré par cette situation unique dans les annales de l'exécution le procureur ordonna qu'une nouvelle arme soit apportée. Mais personne parmi les militaires présents n'en possédait. Il fallut courir en chercher une...
Et pendant ce temps, Degueldre était toujours vivant.

A partir de ce moment là, tous les juristes s'accordent à dire que la sentence ayant été exécutée, puisque le condamné était encore en vie, il fallait le détacher du poteau et lui donner les soins nécessaires. Autrement dit. on n'avait pus le droit d'achever le blessé. Mais les ordres étaient formels : il fallait que Degueldre soit tué ! Il incarnait à lui seul, l'OAS, cette puissance qui avait fait trembler les Etats Majors. le FLN et l'Elysée...
Il fallait exorciser jusqu'à son souvenir.
Et pendant que l'on s'affairait à se procurer une arme, celui qui, à cet instant, aurait pu changer le cours des événements, ne réagit point. Pétrifié par la scène, glacé d'effroi, le défenseur du condamné demeurait inerte. Pourtant, il lui appartenait de tenter quelque chose, de courir jusqu'au supplicié, de le prendre dans ses bras et de le couvrir de son corps en invoquant la justice. en appelant à l'amour, en exigeant au nom de toutes les traditions humaines et chrétiennes, qu'on fit grâce au condamné.

Celà s'était déjà produit dans l'Histoire, quand la corde du pendu avait cassé et que la grâce lui avait été accordée. Mais non, l'avocat demeurait prostré, sans voix, mort... alors que Degueldre lui, était vivant et qu'il le regardait.
Enfin on remit un pistolet à l'adjudant qui, blanc comme un linge, écoeuré par cette boucherie, niais servile aux injonctions, devait en finir puisque tels étaient les ordres et que le défenseur du condamné, qui seul avait qualité pour tenter quelque chose, se taisait.
Un nouveau coup de feu claqua. Celui-ci fut tiré, non pas au-dessus de l'oreille comme l'exige le règlement, mais dans l'omoplate... Une douleur atroce irradia le corps du supplicié.