image1

– Revue de presse N° 24

– 24janvier 2025 – { 2003–2025 } – 22ème année }

https://mesinfos.fr/13000–marseille/pastis–cristal–liminana–visite–et–magasin–d–usine–a–marseille–214792.html

Pastis Cristal Liminaña, visite et magasin d’usine à Marseille

Alexandra Zilbermann

, le vendredi 24 janvier 2025

Maristella Vasselot est la quatrième génération à la tête de l’entreprise familiale Cristal Liminaña.

image3

Une saga commencée en 1884, à Alger, par l’arrière–grand–père Manuel Liminaña, un Espagnol parti y vivre, mais qui dû comme beaucoup quitter l’Algérie en 1960. Il choisit alors de s’installer à Marseille. Le pastis Cristal Liminaña est l’un des derniers pastis à être fabriqué dans la cité phocéenne.

Cristal Liminaña, une usine qui se visite gratuitement

« C’est moi–même qui réalise la visite de notre usine de 2 300 m2 », nous explique Maristella Vasselot. « Je reçois aussi bien des scolaires que des particuliers. J’adore la diversité de ces publics qui ne posent pas du tout les mêmes questions, mais qui s’intéressent tous à notre patrimoine familial ».

Durant plus d’une heure, Maristella leur ouvre les coulisses de l’entreprise et répond sans filtre à toutes sortes de questions.

image4@ Petillot – Ces cuves renferment jusqu'à 12 000 litres d'alcool.

« Les scolaires s’intéressent plutôt au parcours nécessaire qui amène à diriger une entreprise », détaille celle qui n’a pas du tout un parcours classique, puisqu’avant de prendre la direction de Cristal Liminaña, il y a une dizaine d’années, elle avait créé une école de langue. « Le grand public s’intéresse aussi bien aux recettes, qu’au système de maintenance de notre chaîne de production, ou au nombre de bouteilles produites… c’est très large et j’adore ces rencontres qui mettent en avant toute notre histoire familiale, mais aussi celle de la Méditerranée ».

image5

@ DR – Maristella Vasselot n’a connu aucune pression familiale pour reprendre l’entreprise, mais à l’heure de la retraite de ses parents, c’est devenu une évidence pour elle. 

Les visites ont lieu sur réservation, du lundi au vendredi, par groupe de 12 personnes maximum, toujours à 14h, heure de production des quelques 600 000 bouteilles qui sortent de l'usine marseillaise chaque année. 

Une gamme de produits boostée par le « sans alcool »

Tout a commencé à Alger, avec la Paloma, une anisette espagnole.

« La fameuse anisette espagnole si désaltérante ! Ils l’appelèrent Cristal. Puis, mon arrière–grand–père eut l'idée d'y mettre son nom de famille, Liminaña. Quel pied–noir n’a pas refait le monde un verre de Cristal à la main ? »

Depuis, la gamme de produits s’est étoffée avec deux pastis, un classique, l’autre plus parfumé, aux herbes aromatiques. Bon à savoir : contrairement au pastis, à base d'anis et de réglisse, l'anisette ne contient que de l'anis.

Mais c’est avec l’arrivée de la version sans alcool de son anisette que la marque a pu équilibrer les comptes, suite à la pandémie Covid. « Nous en vendons chaque année quelque 200 000 bouteilles. Le public est demandeur de cette alternative, prisée par tout un panel de profils, dont les personnes diabétiques, puisque la recette ne contient pas de sucre ajouté », détaille la cheffe d’entreprise.

Une gamme déclinée en trois parfums : anis, anis orgeat et menthe glaciale... des boissons sans alcool qui font tout à fait le job pour qui aurait envie de retrouver le goût du pastis traditionnel.

image6@ Petillot – Ce sont 12 000 bouteilles qui peuvent sortir chaque jour de la seule ligne d’embouteillage de Cristal Liminaña.

Bientôt un nouveau lancement de liqueur

Cristal Liminaña vend aussi son rhum, sa vodka ou son gin... et fabrique même des boissons en marque blanche pour d'autres enseignes.

Maristella Vasselot a aussi lancé des liqueurs, dont la dernière création, parfumée à la vanille, est attendue pour le mois de mars. « J’adore les desserts à la vanille. J’ai donc imaginé au départ une liqueur pour la pâtisserie, mais elle s’avère délicieuse en digestif ! »

Avec ses 9 salariés et son chiffre d’affaires de 1,8 M € (réalisé à 80 % avec les professionnels), Cristal Liminaña continue d’innover pour rester dans la course des spiritueux, avec ce truc en plus qu’on aime, le « made in Marseille ! »

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Durant les visites publiques de l'usine de Cristal Liminaña, la cheffe d’entreprise Maristella Vasselot rappelle à chacun (surtout aux scolaires) qu’il faut toujours « boire avec modération ». 

https://lematindalgerie.com/filles–des–aures–lecho–dune–enfance–brisee–par–la–guerre/

« Filles des Aurès » : l’écho d’une enfance brisée par la guerre

Par La Rédaction

jeudi 23 janvier 2025

image7

Publié aux Éditions L’Harmattan, « Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant » s’impose comme une œuvre littéraire et mémorielle hors du commun.

Ce roman, écrit par Alain–Victorin L’Evêque et Serge Vollin, explore les blessures profondes d’un conflit trop souvent réduit à des statistiques, mais qui a broyé des vies, des âmes, et des identités.

Derrière le pseudonyme de Serge Vollin se cache Chérif Benamor, né en 1946 à Messaouda, un petit village des Aurès. Berger berbère, il grandit au cœur d’un pays en feu, témoin impuissant de la brutalité de la guerre d’Algérie, mais aussi de la dignité et de la résilience de son peuple.

« Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant » n’est pas seulement le récit fictif de destins croisés dans un contexte de guerre : il est aussi une manière pour Vollin de revenir sur ses propres blessures, celles d’un enfant arraché à l’innocence par les violences d’une guerre coloniale.

L’œuvre mêle des récits intimes à la fresque historique. On y suit le parcours de deux soldats français pris dans un tourbillon de dilemmes moraux. L’un, jeune appelé de 20 ans, finit par trahir son pays, incapable de concilier son humanité avec l’inhumanité du conflit.

– Advertisement –

L’autre, officier de carrière, vacille entre son honneur militaire et la tentation de rejoindre l’O.A.S., une organisation qui prône la lutte armée contre l’indépendance algérienne.

Tous deux croiseront le destin de Zimba et Aljia, deux jeunes femmes des Aurès, symboles d’un amour qui survit malgré les plaies ouvertes de l’histoire.

Mais derrière ces récits se devinent la souffrance et la résilience de Serge Vollin lui–même. Aujourd’hui peintre reconnu, il vit à Munich où il pratique la peinture comme une forme de thérapie, cherchant à libérer les ombres d’une enfance marquée par les cris et le sang. Ses toiles, exposées à travers le monde, sont des fenêtres ouvertes sur sa mémoire, des fragments d’un passé qu’il tente d’apprivoiser.

« Filles des Aurès » n’est pas seulement un roman historique, c’est un cri du cœur, un hommage aux victimes silencieuses de la guerre d’Algérie : les civils, les enfants, et tous ceux dont les vies ont été brisées sans qu’ils ne soient acteurs du conflit.

Par cette œuvre, Serge Vollin partage non seulement son histoire, mais celle de toute une génération prise au piège d’un drame qui dépasse l’entendement.

« Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant », écrit avec une rare intensité émotionnelle, est une plongée dans l’âme d’un homme et d’un peuple. Il nous rappelle que la guerre ne se termine jamais vraiment pour ceux qui l’ont vécue, mais qu’il est possible, à travers l’art, la littérature, et la mémoire, de chercher une forme de réconciliation avec soi–même et avec l’histoire.

Guettala Djamal 

https://www.jeuneafrique.com/1651668/politique/algerie–le–parlement–europeen–vote–une–resolution–pour–demander–la–liberation–de–boualem–sansal/

Algérie : le Parlement européen vote une résolution pour demander la libération de Boualem Sansal

La résolution adoptée par les eurodéputés demande aussi aux autorités algériennes de revenir sur « toutes les lois répressives qui restreignent les libertés ».

image8

Publié le 24 janvier 2025 Lecture : 2 minutes.

Il est détenu en Algérie depuis novembre, et sa situation est un des motifs de tensions entre Paris et Alger. Pour la majorité des députés du Parlement européen, l’écrivain franco–algérien Boualem Sansal doit être libéré. Un texte pour demander sa remise en liberté, et celle d’autres critiques du pouvoir algérien, a été adopté à 533 voix contre 24 jeudi 23 janvier. Il avait été soumis par des élus de cinq des huit groupes politiques du Parlement européen : les conservateurs du PPE, les socialistes, les nationalistes d’ECR, les libéraux de Renew et les écologistes.

Ce texte « condamne l’arrestation et la détention de Boualem Sansal et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle ». Il « condamne également les arrestations de tous les autres militants, prisonniers politiques, journalistes, défenseurs des droits de l’homme et autres personnes détenues ou condamnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’opinion et d’expression ».

Âgé de 75 ans, l’auteur du Serment des barbares est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, lequel sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». La résolution adoptée par le Parlement demande à Alger de revoir cet article.

« Les futurs versements de fonds de l’Union devraient tous tenir compte des progrès accomplis » en matière de respect de l’État de droit et de la liberté d’expression, ajoute le texte.

La classe politique française réagit au vote

Parmi les eurodéputés français, la délégation de La France insoumise (LFI) s’est partagée entre votes contre et abstentions. La députée Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que la cheffe de file du groupe Manon Aubry s’est abstenue.

Une position qui a suscité un tollé dans une partie de la classe politique française, qui s’est largement exprimée sur X. « Les choses sont claires : à la défense d’un écrivain et de sa liberté d’expression, l’extrême gauche préfère l’arbitraire d’un régime autoritaire et les intérêts communautaires de sa clientèle électorale », a par exemple fustigé Jordan Bardella (RN). Sur BFMTV, le leader de Place publique, Raphaël Glucksmann, qui a voté pour cette résolution, a lui qualifié de « honte » le choix de Rima Hassan.

L’eurodéputée LFI a tenu à se défendre et à justifier son vote. « Ne pas voter ce texte, ce n’est pas s’opposer à la libération de M. Sansal […], c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas », a–t–elle expliqué dans un post X. « Nous restons bien entendu attentifs au sujet des droits humains en Algérie comme dans le reste du monde, et j’invite les défenseurs de Sansal à déployer autant d’énergie à défendre les droits humains des Palestiniens. »

(Avec AFP)

https://www.courrierinternational.com/article/vu–d–algerie–les–coups–de–menton–de–bruno–retailleau–exasperent–toujours–plus–a–alger_226921

Les déclarations de Bruno Retailleau exaspèrent toujours plus à Alger

24 janvier 2025

“Ne rien laisser passer”, dans un post sur X ; “Aucune douleur de l’histoire n’autorise un pays à offenser la France”, devant l’Assemblée nationale : les sorties de Bruno Retailleau sur l’Algérie se multiplient et sont très observées du côté algérien. Le ministre de l’Intérieur français a aussi annoncé, dans son post sur X, que Rafik Meziane, alias “DJ Rafik”, également connu sous le pseudonyme de “Kachiha”, avait été interpellé le 22 janvier. Il lui est reproché d’appeler à “commettre des actes violents sur le territoire français sur TikTok”.

La presse algérienne a commenté cette énième affaire d’influenceurs algériens. Le quotidien francophone L’Expression note ainsi que le parquet de Paris, a publié un communiqué, qualifié de “sévère” par le titre francophone, pour “recadrer le ministre et le placer face à ses responsabilités officielles”.

Citant la dépêche AFP consacrée à ce communiqué, L’Expression note que le parquet a qualifié la communication du ministre de “fuite” et de “prématurée”, rappelant des principes tels que la présomption d’innocence, et le fait que seule l’autorité judiciaire est légitime pour communiquer sur une affaire judiciaire en cours. Un “recadrage cinglant [qui] décrédibilise encore le ministre de l’Intérieur”, ajoute le titre algérien, proche des autorités du pays.

La presse algérienne décèle un début de désaveu du ministre de l’Intérieur. L’Expression note ainsi que “son obstination à vouloir provoquer à tout prix l’Algérie a fini par irriter jusqu’à certains de ses collègues du gouvernement”. Tout sur l’Algérie (TSA) relève de son côté que Jean–Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, avait rappelé que “c’est au Quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangère de la France”.

Déclarations tapageuses

La presse algérienne s’accorde sur un autre point : les sorties de Bruno Retailleau, ou, comme l’affirme TSA, ses “déclarations tapageuses à propos de l’Algérie” entrent “dans la continuité de son discours antialgérien qu’il développait avant même d’entrer au gouvernement”. “Bruno Retailleau s’enlise sévèrement dans sa confrontation avec l’Algérie”, affirme pour sa part El–Watan.

“Depuis septembre dernier, Bruno Retailleau est en quelque sorte la voix de l’extrême droite au sein de l’exécutif, particulièrement sur les questions de l’immigration et des relations avec l’Algérie”, renchérit TSA.

Mais, au–delà des propos du ministre de l’Intérieur, El–Watan rappelle que les relations franco–algériennes ont été “fortement abîmées depuis la reconnaissance, en juillet dernier, par la France du plan marocain pour le Sahara occidental”.

Vers un apaisement ?

Malgré tout, la presse algérienne voit quelques signes d’apaisement dans diverses déclarations d’officiels français. Ainsi, El–Watan souligne que ces sorties du ministre interviennent alors que “les contacts entre officiels algériens et français reprennent timidement”, après une tension rarement vue dans les relations entre Paris et Alger. Le titre francophone cite à l’appui une information du quotidien français Le Figaro selon laquelle Nicolas Lerner, le directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’est rendu à Alger le lundi 13 janvier avec une délégation de haut niveau. “Une information que les autorités algériennes n’ont pas commentée”, note le titre. Mais pas démentie non plus.

TSA affirme de son côté dans un autre article que “les choses commencent peut–être à se décanter dans l’épineux dossier de la crise diplomatique entre l’Algérie et la France”, le gouvernement français ayant évoqué pour la première fois l’“apaisement” et laissant entrevoir une possible sortie de crise. Le titre algérien signale en ce sens les déclarations, le 22 janvier, de Sophie Primas, porte–parole du gouvernement français.

https://www.lindependant.fr/2025/01/24/boualem–sansal–emprisonne–en–algerie–rima–hassan–et–dautres–eurodeputes–lfi–votent–contre–la–resolution–du–parlement–europeen–reclamant–la–liberation–12466856.php

Boualem Sansal emprisonné en Algérie : Rima Hassan et d’autres eurodéputés LFI votent contre la résolution du Parlement européen réclamant la libération de l’écrivain

image9

Rima Hassan au Parlement européen à Strasbourg,

Politique, Union Européenne, Culture et loisirs

Publié le 24/01/2025 à 08:51

AFP

Au sein de la gauche radicale, la délégation de La France insoumise (LFI) s’est partagée entre votes contre et abstentions, suscitant un tollé à droite et à l’extrême droite. La députée Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que la cheffe de file du groupe Manon Aubry s’est abstenue.

Les députés européens ont voté jeudi une résolution pour demander la libération de l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi–novembre en Algérie, ainsi que d’autres critiques du pouvoir algérien. Le texte, soumis par des élus de cinq des huit groupes politiques du Parlement européen (conservateurs du PPE, socialistes, nationalistes d’ECR, libéraux de Renew et écologistes), a été adopté à une large majorité (533 voix pour, 24 contre).

Il "condamne l’arrestation et la détention de Boualem Sansal et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle" et "condamne également les arrestations de tous les autres militants, prisonniers politiques, journalistes, défenseurs des droits de l’homme et autres personnes détenues ou condamnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’opinion et d’expression".

Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi–novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions". La résolution adoptée par les eurodéputés demande à l’Algérie de revoir cet article ainsi que "toutes les lois répressives qui restreignent les libertés". "Les futurs versements de fonds de l’Union devraient tous tenir compte des progrès accomplis" en matière de respect de l’Etat de droit et de la liberté d’expression, ajoute la résolution.

Le cas de l’écrivain, naturalisé français en 2024, a envenimé les relations déjà houleuses entre la France et son ancienne colonie. Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.

"Il est impensable de laisser ce régime intimider davantage les citoyens algériens, et européens. Une résolution du Parlement peut vraiment sauver la vie de Sansal", a plaidé l’eurodéputé français (Les Républicains/PPE) Christophe Gomart. "Son tort : avoir critiqué dans ses ouvrages et dans ses prises de position le régime algérien, sa dérive autocratique et sa complaisance à l’égard de l’idéologie islamiste", a lui critiqué le président du Rassemblement national (RN/Patriotes pour l’Europe), Jordan Bardella.

"Ne pas voter ce texte, c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas"

Au sein de la gauche radicale, la délégation de La France insoumise (LFI) s’est partagée entre votes contre et abstentions, suscitant un tollé à droite et à l’extrême droite. La députée Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que la cheffe de file du groupe Manon Aubry s’est abstenue.

"Les choses sont claires : à la défense d’un écrivain et de sa liberté d’expression, l’extrême–gauche préfère l’arbitraire d’un régime autoritaire et les intérêts communautaires de sa clientèle électorale", a fustigé sur X Jordan Bardella. "En refusant de soutenir un citoyen français arbitrairement détenu dans les geôles du pouvoir algérien, les amis de (Jean–Luc Mélenchon) poursuivent dans cette ligne outrancière qui consiste à approuver systématiquement les attaques contre la France", a lui écrit le président de la région Hauts–de–France, Xavier Bertrand.

"Ne pas voter ce texte ce n’est pas s’opposer à la libération de M. Sansal […] c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas", s’est défendue sur X Rima Hassan. "Nous restons bien entendu attentifs au sujet des droits humains en Algérie comme dans le reste du monde et j’invite les défenseurs de Sansal à déployer autant d’énergie à défendre les droits humains des Palestiniens."

https://www.lejdd.fr/politique/intelligence–avec–lennemi–marion–marechal–etrille–rima–hassan–apres–son–vote–contre–la–liberation–de–boualem–sansal–154205

«Intelligence avec l’ennemi» : Marion Maréchal étrille Rima Hassan après son vote contre la libération de Boualem Sansal

Hier soir sur le plateau de BFM, Marion Maréchal a fustigé Rima Hassan pour son refus de soutenir une résolution du Parlement européen en faveur de la libération de Boualem Sansal, écrivain franco–algérien emprisonné en Algérie depuis novembre dernier.

Tristan Cavert 24/01/2025 à 08:37

image10

Marion Maréchal. © J.E.E / SIPA

Au Parlement européen, une résolution demandant la libération de l’écrivain algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis novembre 2024, a provoqué une vive controverse. Hier, tandis que 533 députés votaient en faveur du texte, 24 s’y opposaient ou s’abstenaient, notamment des élus français affiliés à La France insoumise. Parmi eux, Rima Hassan, eurodéputée et militante connue pour ses engagements en faveur de la Palestine, s’est attiré les foudres de Marion Maréchal, qui n’a pas tardé à réagir sur BFMTV.

La petite fille de Jean–Marie Le Pen, eurodéputée du groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), s’est dite « ulcérée » par l’attitude des Insoumis, dénonçant une « intelligence avec l’ennemi ». Selon elle, ce refus de soutenir la résolution traduit une volonté de préserver des « intérêts communautaires » en France. « Ils défendent une dictature autoritaire et corrompue pour ne pas froisser une partie de leur électorat », a–t–elle lancé.

Tensions entre Alger et Paris

Rima Hassan, qui a voté contre le texte, s’est expliquée sur X (ex–Twitter) : « Ne pas voter ce texte, ce n’est pas s’opposer à la libération de Monsieur Sansal, c’est s’opposer à l’instrumentalisation de son cas. » Une déclaration qui n’a pas apaisé les critiques, notamment celles du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui accuse l’extrême gauche de « choisir l’arbitraire d’un régime autoritaire plutôt que la défense de la liberté d’expression ».

image11

Dans un contexte diplomatique déjà tendu entre la France et l’Algérie, cette prise de position des Insoumis alimente les débats sur la stratégie politique du mouvement. Marion Maréchal en a profité pour soutenir une ligne plus ferme à l’égard d’Alger, saluant les déclarations récentes du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui appelle à « rompre avec la méthode douce ».

https://orientxxi.info/lu–vu–entendu/guerre–d–algerie–entre–obeissance–et–revolte–le–dedoublement–permanent,7909#&gid=1&pid=1

Guerre d’Algérie. Entre obéissance et révolte, le dédoublement permanent

Les lourds souvenirs de la guerre d’Algérie de Bernard Ponty, un jeune militaire tiraillé entre l’horreur de la torture et son rôle d’instituteur, nous plonge dans l’inhumanité de la « guerre révolutionnaire ». Ce témoignage poignant, « ultime et premier manuscrit », retrouvé dans le grenier par les filles de l’auteur, est aujourd’hui publié chez Grasset.

24 janvier 2025

image12

Algérie, janvier 1956. Saïd Boutout, 14 ans, a été torturé la nuit précédant cette photo, en janvier 1956. Le soldat Stanislas Hutin a pris ce cliché pour témoigner.

Dans Algérie – La guerre prise de vues (CNRS, 2024) Collection particulière – DR

Algérie 1960, Journal d’un appelé
Bernard Ponty
Préface de Raphaëlle Branche
Grasset, octobre 2024
216 pages 19 euros

image13 Raphaëlle Branche

T. avait 20 ans lorsqu’elle fut arrêtée par l’armée française en Algérie pour son implication dans le Front de libération nationale (FLN). Trois mois de prison, trois mois de sévices et de tortures dans une salle spécialement équipée. À la fin de chacune de ces séances de douleur et d’avilissement, l’officier superviseur lui tendait la main pour l’aider à se relever ou à descendre de la table des supplices en appuyant son geste d’un « Madame, s’il vous plaît ». Cet ersatz d’humanité rendait l’inhumanité insoutenable, « pire que les souffrances physiques » racontait 40 ans après celle qui avait échappé à la mort et était devenue une éminente juriste internationale. Germaine Tillon 1,sa professeure, était parvenue à l’extirper du piège de ses tortionnaires.

L’histoire de T. m’est remontée avec violence en mémoire à la lecture du journal tenu par l’appelé Bernard Ponty, de mars à juillet 1960 dans les montagnes du Constantinois, plus de 400 km à l’est d’Alger. Ce récit, publié plus de 60 ans après avoir été écrit, révèle au sens physique le mélange savamment entretenu de tueries, de tortures, et d’assistance, théorisé par les officiers français sous l’expression de « guerre révolutionnaire », destiné à s’assurer le « contrôle physique et psychologique des populations ». De cet asservissement des Algériens et Algériennes colonisés, Bernard Ponty a vécu et décrit le déroulement cinq mois durant. Un journal de bord de l’horreur où celui qui passe quotidiennement du rôle de militaire à celui d’instituteur raconte aussi ce dédoublement de personnalité, qu’il n’est pas le seul à vivre au sein de l’armée française, entre le discours de la mission coloniale civilisatrice, auquel il semble adhérer comme enseignant, et la confrontation à la réalité dévastatrice de cette mission à laquelle il participe comme artilleur, mais qu’il rejette de tout son corps.

Une description minutieuse de cette autre « banalité du mal »

Décrit par un supérieur comme « trop intellectuel, insaisissable, inapte au commandement, n’ayant pas développé ses instincts guerriers », jugé trop « catholique » ou « communiste », il se réchauffe à l’assiduité de ses élèves, auprès de ses compagnons de contingent aussi, harkis ou venus de métropole. Tous ne sont pas des colons sanguinaires, ils réprouvent même parfois, mais obéissent toujours.

Comment ne pas sombrer ? La survie de Bernard Ponty passe aussi par l’écriture, même si celle–ci raconte le pire du pire. La lecture, 64 ans après, en est parfois insoutenable. On y découvre des techniques de torture insupportables à visualiser, dont on tente de se reposer lors des quelques moments d’humanité intense, entre survivants ou solitaires.

Sylvie Braibant

Historienne, journaliste et ex–rédactrice en chef de TV5 Monde.

https://www.algerie360.com/algerie–lexigence–dune–prise–en–charge–francaise–des–dechets–nucleaires–inscrite–dans–la–loi/

Algérie : L'exigence d'une prise en charge française des déchets nucléaires inscrite dans la loi

Amel H

24 janvier 2025

image14

La ministre de l’Environnement et de la Qualité de Vie, Nagiba Djilali, a affirmé ce jeudi que l’Algérie inscrira, de manière explicite et claire, sa revendication envers la France pour qu’elle assume ses responsabilités dans l’élimination des conséquences désastreuses des essais nucléaires effectués dans le sud algérien durant la période coloniale. 

Cette décision vise à renforcer les droits des générations actuelles et futures, dans le cadre des législations environnementales nationales.

L’annonce intervient après l’adoption par le Conseil de la Nation de la loi relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. 

Lors d’une séance plénière présidée par le président du Conseil, Salah Goudjil, la ministre a souligné que ce texte dépasse les enjeux environnementaux immédiats pour intégrer des revendications historiques et environnementales fortes. 

Elle a rappelé les conséquences dramatiques des essais nucléaires menés par la puissance coloniale dans le désert algérien, qualifiant ces actes de « violation supplémentaire des droits de notre pays et de notre peuple ».

Une exigence de justice historique et environnementale

Mme Djilali a insisté sur la nécessité pour la France d’assumer « pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques » dans la gestion des déchets radioactifs résultant de ces essais. 

Elle a également réclamé la reconnaissance des dommages importants causés à l’Algérie, particulièrement aux populations des régions touchées comme Adrar, Reggane, In Eker et d’autres localités.

La ministre a assuré que ces revendications seront intégrées dans la législation environnementale nationale pour garantir aux générations actuelles et futures un environnement sain et durable. 

Elle a également promis de continuer à œuvrer sur ce dossier par tous les moyens disponibles, afin de défendre les droits de la nation et de protéger l’environnement contre ces impacts dévastateurs.

Un soutien institutionnel pour les revendications

De son côté, Mohamed Ben Teba, président de la Commission de l’équipement et du développement local au Conseil de la Nation, a réitéré le soutien de la commission à cette orientation. 

Lors de la présentation du rapport complémentaire sur la loi, il a appuyé les recommandations formulées par le président du Conseil, Salah Goudjil. 

Ce dernier avait appelé, lundi dernier, à inclure dans le rapport une mention claire de la position de l’Algérie, exigeant que la France prenne l’entière responsabilité de l’élimination des déchets issus des essais nucléaires réalisés dans le Sahara algérien pendant l’ère coloniale.

https://www.lexpress.fr/monde/afrique/algerie–tous–les–ingredients–sont–reunis–pour–que–le–hirak–reparte–V3EPXMH3O5EJJEZC6RBRRMRF3I/?cmp_redirect=true

Algérie : "Tous les ingrédients sont réunis pour que le Hirak reparte"

Charlotte Lalanne

24 janvier 2025

image15

Même Abdelaziz Bouteflika et le redoutable général "Toufik" (le maître espion d’Alger pendant vingt–cinq ans, jusqu’en 2015) n’avaient pas osé toucher à "la Ligue". Depuis son arrivée au pouvoir, en 2019, après le soulèvement populaire du Hirak contre un cinquième mandat de Bouteflika, le président Abdelmadjid Tebboune, chantre de "l’Algérie nouvelle", a refermé le piège sur les militants prodémocratie. L’Algérie compte aujourd’hui au moins 215 détenus d’opinion, toutes les organisations de la société civile ont été muselées, comme les médias, condamnés à obéir ou mourir. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, créée en 1985, en a fait les frais, dissoute en 2022.

Exilée en France, l’une des figures de cette organisation l’a reformée en région parisienne. Adel Boucherguine raconte à L’Express les pressions subies par la diaspora algérienne dans l’Hexagone et regrette l’escalade diplomatique entre Paris et Alger, instrumentalisée par "des acteurs des deux rives qui ont intérêt à la surenchère". Il rappelle qu’en Algérie "le désamour entre gouvernés et gouvernants n’a jamais été aussi grand". Et que le Hirak n’a pas dit son dernier mot, loin de là : au contraire, "tous les ingrédients sont réunis pour que ça reparte". Entretien.

L’Express : Le Collectif de sauvegarde de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme a déposé ses statuts en fin d’année à la préfecture de la Seine–Saint–Denis. Quel est votre objectif ?

Adel Boucherguine : Notre seul mot d’ordre est de poursuivre le combat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, dissoute en 2022 – ce qui n’était jamais arrivé, même aux pires heures de la décennie noire : dénoncer le matraquage des libertés, former des militants, alerter l’opinion publique internationale et nationale, construire des initiatives pour œuvrer à la libération des plus de 200 détenus d’opinion.

Et surtout, travailler pour l’abrogation de l’article 87 bis du Code pénal [NDLR : invoqué dans l’arrestation de Boualem Sansal, il punit "tout acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions" par des sanctions extrêmement lourdes]. En vertu de cet article, tout Algérien devient un terroriste potentiel. Les autorités ne veulent plus de témoins de la mise à mort programmée de la liberté.

Aujourd’hui, il y a plusieurs catégories de militants : en prison, sous contrôle judiciaire et sous interdiction de sortie du territoire national. Il y a ceux qui sont contraints de s’éclipser car ils ont des pressions familiales, des enfants ou des parents âgés qu’ils veulent pouvoir protéger. Enfin, il y a les exilés, comme nous. Le pouvoir algérien ne veut pas d’une diaspora forte, organisée, avec des idées, des associations qui renforcent la relation bilatérale. Il ne veut que d’une clientèle à son image et à son service. Les quelques individus qui viennent d’être arrêtés pour appel à la violence et à la haine sur le territoire français peuvent correspondre à un tel profil.

Quel regard portez–vous sur l’escalade diplomatique en cours entre Paris et Alger ?

Nous observons la situation avec perplexité et inquiétude. Pourquoi maintenant, et pourquoi une telle intensité ? S’agit–il du positionnement français sur la question sahraouie ? De l’impasse du travail mémoriel voulu et entamé par les deux présidents ? Ou du contexte politique dans les deux pays, avec de part et d’autre de la Méditerranée des acteurs qui ont intérêt à la surenchère, notamment l’extrême droite en France, qui souffle sur les braises ?

Probablement la conjonction de tous ces facteurs. Quoi qu’il en soit, nous craignons que cette escalade ne porte atteinte aux droits de ces deux communautés profondément liées. Nous espérons que les binationaux ne seront pas sommés de faire des choix impossibles en cas de rupture, comme renoncer à l’une de leurs nationalités.

Qui sont ces "influenceurs" qui appellent à la violence sur le sol français ?

A ce stade, nous ne savons pas si ces "influenceurs" mal inspirés ou mal conseillés ont des liens avec le régime algérien. Leur profil est toutefois intéressant : certains seraient poursuivis en Algérie, la plupart ont certainement fui la misère pour se retrouver en Europe. Selon les déclarations des autorités françaises, ils sont pour la majorité sous OQTF [obligation de quitter le territoire français]. Ces gens ont tout fait pour quitter l’Algérie, et voilà que, du jour au lendemain, ils défendent bruyamment le pouvoir. Il y a de quoi se poser des questions. Leur cas relève maintenant de la justice, loin des exploitations politiciennes.

Une chose est sûre, les réseaux de l’ambassade et des consulats en France utilisent depuis longtemps des pratiques malsaines contre les opposants de la diaspora. Le recours à des gens peu fréquentables, voire des délinquants, n’est un secret pour personne. J’en ai moi–même été victime : des petits voyous ont tenté de m’intimider place de la République, lors d’une manifestation célébrant le troisième anniversaire du Hirak, le 22 février 2019.

Vous affirmez que les ambassade et consulats font pression sur des Algériens en France. Comment s’y prennent–ils ?

Ce sont des pratiques propres aux régimes autoritaires. Le chantage aux papiers est un grand classique. Ici, les gens en situation irrégulière ont toutes les peines du monde à renouveler leur passeport auprès des consulats, leur délivrance devient un moyen de pression comme un autre.

Les consulats travaillent avec des têtes de réseaux, en relation avec des sans–papiers. Ils ont par exemple souvent été mobilisés pour organiser des contre–rassemblements face aux marches prodémocratie. Le 19 mars 2023, à l’occasion de la "fête de la victoire" [l’anniversaire du cessez–le–feu consécutif à la signature des accords d’Evian], une manifestation pro–Hirak était prévue place de la République. Le même jour, un obscur collectif a organisé une contre–manifestation de "patriotes" pour dénoncer les prétendues tentatives d’ingérence et de déstabilisation vis–à–vis de l’Algérie.

Que sait–on de l’état du régime aujourd’hui ? Qui tire les ficelles ?

Depuis l’indépendance, cela n’a jamais changé : l’armée a toujours dominé la vie politique en Algérie. A certaines périodes, elle a plus ou moins partagé son influence avec les services de renseignement ou la présidence de la République. Les grandes décisions sont souvent le résultat de rapports de force entre les différents clans qui se partagent le pouvoir. Mais il demeure très difficile de lire cette "boîte noire".

Les militants algériens ou franco–algériens vivant en France peuvent–ils encore revenir en Algérie ?

Beaucoup de ces opposants n’osent plus y voyager. Certains doivent absolument y aller pour des raisons familiales. Plusieurs cas nous ont été rapportés de militants contraints de signer un engagement écrit au consulat de Bobigny, par exemple, pour renoncer à toute activité politique en échange de pouvoir retourner en Algérie sans être arrêté.

D’autres sont arrêtés à peine arrivés à l’aéroport d’Alger. Nous connaissons le cas d’un Franco–Algérien qui a passé plus de vingt–quatre heures dans les sous–sols de l’aéroport, où se trouvent les bureaux des services de renseignement. Il a été soumis à un interrogatoire sans fin, puis a été empêché de rentrer en France sous prétexte qu’il était sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire national. Il a passé six mois bloqué en Algérie, a perdu son travail et son logement en France. Il a fini par revenir, mais il ne veut plus toucher à la politique !

Visiblement, le régime algérien ne veut pas pardonner aux militants qui, à travers leur engagement, ont contribué au Hirak, le soulèvement populaire du 22 février 2019. Ce dernier était le résultat d’un long travail de conscientisation et de mobilisation au sein de la société algérienne. La candidature à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika a juste été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, elle a été vécue comme une humiliation insupportable par les Algériens.

Le Hirak vit–il toujours ou cette "parenthèse" est–elle refermée ?

Elle ne l’est pas. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça reparte. D’ailleurs, le hashtag #Manich radi ["je ne suis pas satisfait"] monte sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Les Algériens dénoncent la répression, les problèmes économiques et sociaux… Ils revendiquent le changement pacifique.

Le besoin de changement démocratique est pressant, l’envie de tourner la page de l’autoritarisme et de l’immobilisme est partagée par une grande partie des Algériens, où qu’ils soient. Le désamour entre gouvernés et gouvernants n’a jamais été aussi grand, la colère est là, silencieuse et imprévisible.

https://www.cdha.fr/disparition–dune–grande–figure–pieds–noirs–ami–du–cdha

Disparition d'une grande figure Pieds Noirs, ami du CDHA.

Disparition d'une grande figure Pieds Noirs, ami du CDHA.

C'est avec une profonde émotion que nous avons appris le décès de Jean–Pierre Hollender, écrivain et éditeur né à Constantine le 27 janvier 1937. Du côté de son père, Léonce, sa famille est originaire d’Alsace–Lorraine et de Salon–de–Provence, du côté de sa mère, nommée Emilia Strumia, du Nord de l’Italie (Piémont et Toscane). Il incarnait la fusion des peuples de l'Algérie française.

 Après avoir grandi et fait ses études à Constantine, d’abord à l’école Jeanne d’Arc, puis au lycée d’Aumale, Il suit des études de droit et durant son cursus, se forme en droit musulman, travaille comme clerc dans une étude de notaire (maître Benkemoun à Constantine).

Après 27 mois de service militaire en Algérie durant les évènements, il s'installe en métropole en 1962, travaille dans la banque, d’abord à Montpellier puis un temps à Grenoble, pour s’installer définitivement à Montpellier. C’est là qu’il crée en 1977 l’association Africa Nostra, réunissant des écrivains d’origine d’Afrique du Nord française et des bénévoles. Cette association devient une maison d’édition au service de la communauté des Européens d’Afrique du Nord pour faire mieux connaître l’histoire de l’Afrique du Nord française et le quotidien des « migrants » (référence ici à son dernier ouvrage « Ces migrants qui ont fait l’Algérie française ») qui ont fait le choix de s’y installer. Son association renommée ensuite Mémoire de Notre Temps édite et diffuse des ouvrages sous la forme d’études historiques mais aussi de récits de vie, de recueils de photographies, d’essais. Son association a organisé de nombreuses journées du livre partout en France afin de promouvoir les œuvres éditées.

Jean–Pierre Hollender n'était pas seulement le promoteur de cette littérature pied–noire mais aussi un auteur prolifique dont l’œuvre n’est pas uniquement axée sur l’Algérie. Il a écrit de nombreux romans (Deux hommes, L’étranger dans la ville, Les mémoires d’un con, L’indifférent) ; des essais (Plaidoyer pour un peuple innocent, Exil en amère patrie), des recueils de poésie (Evènements, Exil), un dictionnaire historique et géographique de l’Afrique du Nord française et même des ouvrages compilant des coupures de presse relatives « aux événements » pour lesquels il fréquenta assidument le CDHA d’Aix–en Provence profitant des ressources si précieuses du lieu.

C'était aussi un personnage haut en couleur qui enregistra ses souvenirs sous forme de témoignages oraux conservés aux Archives départementales des Alpes–Maritimes (rubrique archives sonores, récits de vie) pour mettre en pratique son maître mot : « Non à la nostalgie, oui à l’héritage ».

Le CDHA possède de très nombreux ouvrages, tant de sa main que d'auteurs qu'il avait édités.

Toutes nos pensées vont à sa famille et plus particulièrement à ses filles, Bénédicte et Cécile qui ont intégré le G2T, et qui nous n'en doutons pas, poursuivront l'œuvre de leur père.

Gérard Crespo

image16 archive

Nous avons la grande tristesse de vous faire part du décès de

Jean–Pierre HOLLENDER

survenu le lundi 23 décembre 2024.

La cérémonie religieuse aura lieu le jeudi 9 janvier 2025 à 09 heures 30 à l'adresse suivante :
Église Saint Augustin, Place du 1er Octobre 1974, LA GRANDE MOTTE, France.

Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décès de Jean–Pierre.

Avec toute notre affection.

https://www.bvoltaire.fr/honte–aux–eurodeputes–francais–qui–ont–refuse–de–soutenir–boualem–sansal/comment–page–2/

Honte aux eurodéputés français qui ont refusé de soutenir Boualem Sansal !

Gabrielle Cluzel

24 janvier 2025

Le Parlement européen, ce 23 janvier, a adopté une résolution demandant la libération de l’écrivain Boualem Sansal. Rappelant qu’entre 2021 et 2024, l’Union européenne a versé 213 millions d’euros à l’Algérie, le texte condamne l’arrestation et la détention de l’écrivain et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle.

Cette résolution, initiée par le groupe LR, a été votée à une majorité écrasante, par 533 voix. Parmi les eurodéputés, 24, néanmoins, s’y sont opposés, parmi lesquels quatre élus français de gauche – Rima Hassan, Emma Fourreau, Anthony Smith et Arash Saeidi – et 48 se sont abstenus, dont encore deux Français : Younous Omarjee et Manon Aubry. 72 députés qui montrent à l’Algérie qu’il y a une brèche, qu’elle a des alliés potentiels en Europe sur lesquels compter. Mais parmi ceux–ci, les six Français sont, bien sûr, les plus méprisables car c’est de leur compatriote qu'il s’agit.

image17

Rima Hassan, l’aficionado de l’Algérie, n’est plus à présenter, Manon Aubry, non plus. Emma Fourreau, jeune écologiste de 23 ans, soutien fervent des Soulèvements de la Terre et vegan revendiquée, l’est moins.

Visiblement, son empathie s’arrête aux petites bêtes.

Quant à Arash Saeidi, dont les parents, réfugiés politiques iraniens, ont fui en France, jadis, la révolution islamique, on aurait pu attendre de lui plus de compassion et de solidarité pour un opposant à un régime cul et chemise avec celui ayant mené sa famille sur le chemin de l’exil.

S’ils ont voté contre cette résolution ou se sont abstenus, c’est bien que le sort d’un vieil écrivain malade emprisonné pour ses idées leur importe peu, voire qu’ils le trouvent légitime.

L’Histoire ne repasse pas les plats, dit–on.

Ce n’est pas si sûr. En 1974, quand L’Archipel du Goulag a été publié en Français par les Éditions du Seuil, Alexandre Soljenitsyne avait déjà reçu le prix Nobel de littérature, à l’instar de Boualem Sansal, couvert de distinctions.

Le dissident soviétique avait déjà été arrêté et déporté pendant huit ans, de 1945 à 1953.

Cela n’empêcha nullement le Parti communiste, et notamment son leader Georges Marchais, de conspuer le livre : « Une agression si violente, si haineuse, contre le socialisme, que l’auteur va jusqu’à justifier le comportement d’un ex–général soviétique passé au service d’Hitler et dont l’armée s’est rendue coupable des pires exactions. » La réductio ad Hitlerum existait déjà.

L’Archipel du Goulag, on le sait, fut un moment de bascule, et la figure de Soljenitsyne, par contraste, reste pour la postérité la figure du courage face à la pleutrerie de l’Occident, qu’il tenta de réveiller, comme Boualem Sansal aujourd’hui...

Ils paraissent aujourd'hui bien lâches, bien peu glorieux, ceux qui n'ont pas soutenu, hier, Soljenitsyne. C'est ainsi que l'Histoire regardera, demain, c'est certain, les six eurodéputés français qui viennent de lâcher Boualem Sansal.

https://www.quid.ma/international/algerie–terrorisme:–faible–mobilisation–du–conseil–de–securite–sur–le–terr

Algérie–terrorisme : Faible mobilisation du Conseil de Sécurité sur le terrorisme

– Par Taieb DEKKAR 24 janvier 2025

image18

L’Algérie, qui préside ce mois–ci le Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que membre non permanent, et ce, pour la deuxième année consécutive, a réuni cette instance qui est chargée de la paix dans le monde, lundi 20 janvier, sur le registre du terrorisme en Afrique, si cher au voisin de l’Est.

Elle a réuni le Conseil au niveau des ministres des affaires étrangères, une occasion pour Ahmed Attaf, d’espérer pouvoir rencontrer le nouveau secrétaire d’état américain, qui venait juste de prendre ses fonctions.  Or, cette ambition de réunir le conseil au plus haut niveau n’a pas eu d’effet mobilisateur parmi les pays occidentaux. Seuls quelques pays africains avaient participé au niveau ministériel.

Le terrorisme, crédo du régime militaire algérien 

Comme toujours, l’Algérie fait de la lutte contre le terrorisme son crédo, au niveau international, bien que les dividendes qui en sont recueillies soient dérisoires, de l’avis même du ministre algérien qui, avant de reprendre le portefeuille de la diplomatie, avait jugé exagéré que l’Algérie fonde sa politique étrangère sur le seul chapitre de la lutte contre le terrorisme. 

Il faut bien reconnaitre que, dans le cas algérien, la notion de terrorisme soulève quelques interrogations. Beaucoup de pays occidentaux, comme la presse étrangère accrédités en Algérie, au début de la décennie quatre–vingt–dix, s’étaient abstenus, au début du déclenchement de la violence, suite à l’interruption du processus électoral en janvier 1992, d’utiliser la notion de terrorisme, pour la qualification des actes de résistance armés contre le pouvoir. La presse étrangère utilisait la formule de « groupes islamiques armés », alors que le pouvoir et la presse locale, qualifiaient les groupes islamiques armés de terroristes. Il a fallu plusieurs mois pour que la presse étrangère décide de reprendre la terminologie du pouvoir. 

La violence armée fut déclenchée au lendemain de l’interruption du processus électoral, qui avait donné la victoire à un parti islamiste légal. Les causes de la violence étaient claires, par opposition aux groupes terroristes de Daesh (l’Etat islamique) et autres groupes jihadistes, dont l’objectif est de restaurer le khalifat.

L’on se rappelle la célèbre injonction de François Mitterrand «Il faut que… » contre l’interruption du processus électoral en Algérie et le vœu qui animait le Roi Hassan II de voir le processus conduit à sa fin, pour tester la gouvernance islamiste, convaincu qu’il était que les cadres du FIS  (Front islamique de salut), formés  notamment à Londres, ne pouvaient pas ne pas être inspirés par la modernité des pays occidentaux. Il se serait même dit qu’après tout, le FIS qui avait multiplié des signaux positifs en direction de Rabat, ne serait pas pire que le FLN. 

Le FIS n’était ni Daesh, ni l’état islamique 

Toute la différence est là. Les islamistes algériens dénonçaient la confiscation de leur victoire électorale par l’armée, quand Daesh et autres mouvements jihadistes engagent le Jihad pour le rétablissement du khalifat.

 Les islamistes algériens s’attaquaient exclusivement aux symboles du pouvoir, aux forces de sécurité et aux partisans de l’intervention de l’armée, qu’ils soient journalistes ou écrivains. Le pouvoir, alors dépourvu de moyens de lutte, avait multiplié les appels à l’aide en moyens logistiques de lutte en direction des pays européens, mais ses appels étaient restés sans suite, pendant longtemps. Bien plus, les compagnies européennes avaient suspendu leurs liaisons en direction d’Alger, ce qui avait aggravé l’isolement de l’Algérie, qui luttait, seule, contre ce qu’elle désignait sous le vocable de terrorisme. Et il aura fallu concocter et superviser un attentat contre un hôtel à Marrakech, ville touristique, dans un pays voisin, le Maroc en l’occurrence, allié de l’Occident, et contre des touristes européens, pour que se déclenche l’alerte dans les pays occidentaux et les rendre, les Etats européens notamment, sensible à la guerre du pouvoir algérien.

Les forces de sécurité algériennes ont tué quelques 300.000 Algériens, seulement en partie des islamistes qui avaient pris les armes pour combattre le régime en place. Une guerre impitoyable, menée pendant plus de dix ans, qui occasionna outre des dégâts qui se chiffrent à des milliards, le déplacement de la population qui, craignant la violence des uns et des autres, s’installa dans les périphéries des centres urbains (environ deux millions de personnes). 

Une tentative de déculpabilisation 

Bien que les causes n’en soient pas avérées, l’Algérie a fait campagne au niveau international contre le terrorisme, pour se disculper et se culpabiliser aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale des crimes et du génocide perpétrés contre le peuple algérien, qui a eu le malheur de choisir  des islamistes, pour le gouverner , avec lesquels le président Chadli Benjedid et une partie du pouvoir algérien ainsi que le grand démocrate algérien, Houcine Ait Ahmed, nullement paniqué, qui étaient disposés à gouverner en formant une alliance FIS – FLN, pour chasser démocratiquement l’armée du pouvoir et instaurer pour la première fois, depuis l’indépendance, l’alternance. 

 Et la seule conclusion à retenir du crédo chère au pouvoir de lutte contre le terrorisme, c’est qu’en vérité l’armée algérienne ne combattait ni Daesh, ni l’, qui auraient surgi du néant et proclamé le jihad pour l’instauration du Khalifat, mais des Algériens qui,  d’obédience islamiste certes, avaient remporté des élections libres et honnêtes, dont les résultats avaient été publiés au journal officiel et dont l’unique « crime » est d’avoir pris les armes pour combattre ceux qui les avaient déposséder de leur victoire

https://www.ladepeche.fr/2025/01/24/le–festival–du–conte–commence–12466395.php

Beaumont–de–Lomagne. Le festival du conte commence

Correspondant de la rédaction du Tarn–et–Garonne

Publié le 24/01/2025 à 05:10

image19

Le festival du conte Alors… raconte ! en partenariat avec les Amis de la médiathèque de Montauban, sera au cinéma Les Nouveaux bleus de Beaumont–de–Lomagne. Pour enfants à partir de 10 ans. Entrée libre.

Aujourd’hui vendredi 24 janvier. À 20 h 30, Nicolas Boudon, conteur, présentera "Et pataouète et patatras" Histoires d’exodes successifs entre 1830 et 1962, de la Sicile à l’Algérie. C’est le destin de trois hommes, de son arrière–arrière–grand–père à son grand–père, des contes traditionnels pieds–noirs. L’occasion de faire résonner le pataouète, son verbe, son accent, sa musicalité.

https://actualitte.com/article/121602/humeurs/albert–camus–et–la–pologne–la–resistance–en–heritage

Albert Camus et la Pologne : la résistance en héritage

À l'occasion d'une conférence donnée en Pologne à l'Institut français, l'écrivain David Camus, petit–fils d'Albert Camus revenait sur le parcours de son grand–père. « Comme disaient les Polonais : "Il a été naturalisé Polonais." Mon grand–père reste plus que jamais d’actualité, et plus je le lis, plus je trouve que ses écrits nous aident. » Il confie le texte de son intervention à ActuaLitté.

Publié le :23/01/2025 à 16:45

David Camus

Albert Camus et la Pologne : la résistance en héritage

David Camus

23 janvier 2025

En ce début de 2025, alors que la Pologne vient de prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne, sa résistance face aux totalitarismes nazi puis soviétique résonne avec une actualité particulière. Dans l’après–guerre, alors que l’Europe se reconstruisait et se divisait sous la menace de la guerre froide, la Pologne était devenue un terrain d’affrontement idéologique et symbolique. Intégrée de force au bloc soviétique, elle incarnait les luttes pour l’émancipation face aux totalitarismes.

Albert Camus, écrivain et penseur engagé, porta une attention particulière à ce pays, voyant en sa résistance un écho à sa propre quête de justice et de liberté. Cette relation, moins connue que son engagement pour l’Algérie ou son rapport à l’Espagne, éclaire la cohérence de sa pensée politique et l’universalité de son œuvre.

image20

Une conscience précoce des enjeux

Dès 1944, Camus, alors directeur du journal Combat, est profondément sensible aux situations d’oppression à travers le monde. Le contexte de l’Insurrection de Varsovie, où des résistants polonais ont combattu les nazis pendant 63 jours (du 1er août au 2 octobre 1944), s’inscrit dans ce cadre. L’inaction de l’Armée rouge, stationnée sur la rive est de la Vistule, a suscité de nombreuses interrogations. Mais si cette passivité soviétique préfigure les dérives d’un système qu’il va progressivement dénoncer comme totalitaire, pour Camus, il s’agit d’une double trahison : non seulement de la Pologne, mais aussi des idéaux de solidarité humaine.

Cependant, il faut noter, comme l’indique Jeannine Verdès–Leroux dans la Pléiade Albert Camus, que le journal Combat lui–même ne montrait pas toujours une compréhension claire de l’évolution de la situation polonaise. Si les informations concernant l’Armée rouge étaient précises, le journal reprenait parfois la propagande communiste, allant jusqu’à qualifier les résistants de l’Armée de l’Intérieur (Armia Krajowa) de néo–fascistes. Le gouvernement polonais en exil était même décrit dans ses colonnes comme « l’Organe exécutif d’une Constitution semi–fasciste, [qui] ne peut représenter que la minorité réactionnaire du pays » (2 janvier 1945). Cette ambivalence reflète la complexité de la période et les difficultés à saisir pleinement les enjeux de la situation polonaise.

Camus s’intéresse à celle–ci dès octobre 1944. Dans Combat, il compare les occupations passées : selon lui, l’Allemagne vaincue connaîtra une occupation « dure et sans merci », plus sévère qu’en France en 1940, mais moins brutale que celle subie par la Pologne. Cette hiérarchisation est révélatrice : elle montre que Camus avait pleinement conscience de la singularité et de l’extrême brutalité de l’occupation en Pologne. Elle témoigne aussi de sa capacité à établir une gradation lucide dans l’oppression, refusant tout relativisme moral face aux différentes formes de domination.

Le 29 novembre 1944, dans un éditorial de Combat, Camus écrit :

« La Belgique, l’Italie, la Pologne, la Grèce aussi, à un moindre degré, se trouvent devant des problèmes qui semblent les dépasser. Et quand même elles seraient capables de les régler seules, on ne les laisserait pas faire. La politique intérieure de chaque État a trop d’influence sur la conduite de la guerre pour que les nations belligérantes ne s’y intéressent pas. À quoi bon se boucher les yeux ? (…) La Russie et la Grande–Bretagne interviennent dans les affaires de la Pologne que les États–Unis abandonnent à son sort. Disons donc ouvertement que ces nations ne sont pas encore souveraines, même si nous devons ajouter que cela est provisoire. Ces servitudes trouvent leur légitimité dans l’état de guerre, mais il ne servirait de rien de ne pas les appeler servitudes. »

Hélas, comme nous le savons, cette servitude, dans le cas de la Pologne, durera jusqu’en 1989, confirmant la prescience de l’analyse camusienne sur la nature des régimes imposés en Europe de l’Est.

Face à la soviétisation forcée

Le 3 janvier 1945, dans un éditorial de Combat commentant un communiqué de l’Agence française de presse sur la transformation du Comité de Lublin (pro–communiste) en gouvernement provisoire polonais, Camus déplore :

« Le communiqué publié par notre agence manque de ce courage élémentaire qui s’appelle la clarté. (...) Dire que notre pays n’a pas à s’immiscer dans les affaires intérieures de la Pologne, c’est dérober la vraie question. Car la reconnaissance du gouvernement d’un pays étranger n’est pas une intervention dans les affaires de ce pays. C’est un acte de politique internationale que chaque nation est obligée de faire ou de ne pas faire. [...] Dire, pour justifier notre neutralité, que la situation politique de la Pologne ne nous est pas suffisamment connue, c’est oublier que cet argument a été soutenu par les Alliés pendant des années pour empêcher la reconnaissance du gouvernement de Gaulle. (...) Le silence eût été plus clair. »

Cette position critique préfigure son attitude après–guerre, quand la Pologne devient un des piliers du bloc soviétique, soumise à une répression culturelle et intellectuelle intense. Tandis que des figures comme Aragon ou Sartre justifient les actions de l’URSS au nom du « progrès historique », Camus refuse le silence complice de nombreux intellectuels de gauche et dénonce sans détour la mise au pas des écrivains, artistes et penseurs russes et d’Europe de l’Est par le régime stalinien.

Cette pensée dissidente s’inscrit dans sa réflexion développée notamment dans Ni victimes, ni bourreaux (1946), où il s’oppose à toute justification de la violence au nom du progrès historique. Pour lui, aucune idéologie, fût–elle révolutionnaire, ne peut justifier l’oppression des peuples et la négation des libertés fondamentales. Ainsi, écrit–il le 20 novembre 1946 (dans Sauver les corps) :

« (…) les idéologies marxiste et capitaliste, basées toutes deux sur l’idée de progrès, persuadées toutes deux que l’application de leurs principes doit amener fatalement l’équilibre de la société, sont des utopies d’un degré beaucoup plus fort. En outre, elles sont en train de nous coûter très cher. »

La compréhension de Camus de la situation polonaise s’est considérablement approfondie grâce à ses contacts avec trois exilés polonais très importants : Czesław Miłosz (1911–2004), Gustaw Herling–Grudziński (1919–2000) et Józef Czapski (1896–1993). Ce dernier, en particulier, a joué un rôle crucial dans cette prise de conscience. Czapski était l’un des rares officiers polonais ayant échappé aux massacres perpétrés par l’URSS. Emprisonné en 1939, déporté puis libéré en 1941, il publia en 1948 Enfin, la vérité sur Katyn (Gavroche, 12 mai 1948), un témoignage bouleversant basé sur ses notes prises en URSS en 1941–1942. Sa correspondance avec Camus (sept lettres de Camus et onze de Czapski sont conservées dans le fonds Camus) témoigne d’échanges intellectuels féconds, notamment autour de la littérature russe et de la traduction polonaise de La Peste. Ces discussions portaient particulièrement sur Vassili Rozanov (1856–1919), révélant un intérêt partagé pour la pensée dissidente russe.

Mais l’engagement de Camus contre les totalitarismes ne se limite pas à ces prises de position dans Combat ou à sa conférence donnée le 28 mars 1946 à l’université Columbia (« La crise de l’homme »), au cours de laquelle il déclara : « Oui, il y a une Crise de l’Homme, puisque la mort ou la torture d’un être peut dans notre monde être examinée avec un sentiment d’indifférence ou d’intérêt amical ou d’expérimentation ou de simple passivité. »

Sa réflexion s’approfondit dans son essai L’Homme révolté (Gallimard, 1951), où il critique les régimes sacrifiant la liberté présente au nom d’une justice future. Dans ce contexte de soviétisation brutale, L’Homme révolté, bien que censuré en Pologne, trouve un écho clandestin parmi les dissidents. En dénonçant sans détour les mécanismes totalitaires, Camus s’attire de vives attaques de la part des intellectuels communistes français.

L’Homme révolté : un texte censuré, mais influent

La publication de L’Homme révolté en 1951 marque un nouveau jalon dans la relation entre Camus et la Pologne.

La première réception critique polonaise significative vient de Zygmunt Markiewicz (1909–1991) qui, dans Kultura en 1952, présente Camus comme un penseur en quête persistante de vérité. L’éditeur de Kultura, Jerzy Giedroyc (1906–2000), conscient de l’importance du texte, cherche activement un critique qui pourrait en rendre le contenu accessible aux lecteurs polonais. Il sollicite particulièrement Konstanty Aleksander Jeleński (1922–1987), qui ignore ces appels. Giedroyc voit dans la pensée camusienne le fondement possible d’un centre intellectuel capable d’affronter la pensée marxiste dominante.

En 1958, une première traduction paraît à Paris, chez Kultura. Cette version, dans une traduction de Joanna Guze (1917–2009), est intégrale. Cette dernière avait initialement rêvé de publier L’Homme révolté en Pologne (Człowiek zbuntowany), avec le soutien enthousiaste de Camus, mais y avait renoncé, convaincue que l’œuvre n’échapperait pas à la censure. Camus s’était alors engagé à soutenir sa publication à Paris.

Une autre édition paraît en 1971 chez Państwowy Instytut Wydawniczy, à Varsovie ; mais cette version est significativement censurée : la section sur la « révolte historique » est entièrement supprimée, réduisant l’œuvre à ses réflexions métaphysiques et littéraires, excluant délibérément toute critique des idées marxistes et léninistes.

L’accès au texte intégral reste difficile, même si avec l’aide de la CIA, des copies de l’essai de Camus parviennent en Pologne ; et il faudra attendre 1989 pour que l’œuvre soit publiée officiellement dans son intégralité en Pologne.

Face à ces restrictions, l’ouvrage circule dans les réseaux clandestins. Dans les années 1980, des maisons d’édition underground le réimpriment illégalement, aux côtés d’autres textes critiques comme ceux d’Orwell. Le livre devient un symbole de résistance intellectuelle, notamment lors de la grève des étudiants de Lublin en 1981. Sławomir Majewski (1956–2022), participant d’août 1980, a décrit la conscience des dissidents polonais avant la chute du communisme :

« Tout a été abordé et considéré, du trotskisme aux principes cupides du capitalisme américain du milieu du XIXe siècle, en passant par les labyrinthes sinueux du socialisme à visage humain. (…) Camus est apparu aussi souvent que les pensées de Tolstoï, Herzen, Tourgueniev, Gorky. »

Si L’Homme révolté trouve un écho si puissant en Pologne, c’est que l’ouvrage propose une analyse du totalitarisme particulièrement pertinente dans le contexte polonais. La critique que fait Camus de la « révolution historique », qui sacrifie la liberté présente au nom d’une justice future, résonne profondément dans un pays prétendument socialiste. Sa distinction entre révolte et révolution, entre une résistance éthique qui préserve certaines valeurs et une révolution qui finit par tout justifier au nom de l’histoire, offre un cadre théorique crucial pour penser la résistance au régime communiste.

Plus encore, sa réflexion sur la nécessité de limites dans l’action révolutionnaire, sur le refus du « tout est permis » nihiliste comme du « tout est possible » totalitaire, fournit des outils intellectuels précieux pour une opposition qui cherche à rester fidèle à ses principes moraux.

Dès 1956, Camus pouvait écrire qu’il connaissait de longue date « la misère et l’oppression que des millions d’hommes subissaient à l’Est ». Cette connaissance précoce, nourrie par ses échanges avec les intellectuels polonais en exil, lui permettait de porter un regard particulièrement lucide sur la situation des pays sous domination soviétique.

Le soulèvement de Poznań

L’engagement de Camus pour la Pologne s’intensifie lors des événements de Poznań en juin 1956. Les manifestations ouvrières qui débutent aux usines Staline (ex–usines Cegielski) pour des revendications économiques se transforment rapidement en soulèvement populaire. La répression fait entre 58 et 78 morts selon les estimations et des centaines de blessés, suscitant l’indignation de Camus qui y voit la confirmation de sa thèse : le communisme soviétique, loin de libérer la classe ouvrière, l’a soumise à une nouvelle forme d’exploitation.

Le 2 juillet, il signe dans Kultura un texte de protestation contre la répression des insurgés.

Le 13 juillet, il écrit dans Franc–Tireur : « Non, ce n’est pas un régime normal que celui où l’ouvrier se voit contraint de choisir entre la misère et la mort. »

L’analyse que fait Camus des événements de 1956 est particulièrement éclairante, car elle met en parallèle les soulèvements polonais de Poznań et hongrois de Budapest. Ce dernier, qui dura d’octobre à novembre 1956, fut réprimé dans le sang par l’armée soviétique, causant environ 2 500 morts. Pour Camus, ces deux révoltes, bien que marquée par des différences — la répression fut beaucoup plus brutale en Hongrie — révèle une même vérité fondamentale : la faillite du système soviétique face aux aspirations irrépressibles des peuples à la liberté.

De plus, il met en évidence le contraste entre les différents modes de répression en Pologne et en Hongrie, pour démontrer que le système soviétique n’est pas un monolithe : des fissures apparaissent dans ce qui semblait être un bloc uniforme. Cette analyse, bien qu’ancrée dans les événements de 1956, anticipe indirectement la stratégie qu’adoptera plus tard Solidarność en Pologne : exploiter les contradictions internes du régime tout en évitant une confrontation directe qui pourrait justifier une intervention militaire soviétique.

La réception de Camus en Pologne

Si Camus s’engage pour la cause polonaise, son œuvre trouve en retour un accueil particulier en Pologne, malgré la censure du régime communiste. Ses pièces de théâtre, comme Le Malentendu (Nieporozumienie, publié en 1958 en Pologne) et Caligula (Kaligula), publié en 1960 en Pologne), sont jouées dès que les autorités le permettent. En 1958, L’État de siège (Stan oblężenia) est joué à Cracovie, au Teatr Ludowy.

Ses romans, comme L’Étranger (Obcy) et La Peste (Dżuma), circulent d’abord clandestinement avant d’être publiés officiellement, respectivement en 1957 pour Dżuma et en 1958 pour Obcy.

Le message de La Peste dépasse le contexte algérien pour trouver une résonance particulière en Pologne. Comme les habitants d’Oran luttant contre une épidémie, les Polonais, face au joug nazi puis soviétique, ont mené une résistance collective reposant sur la solidarité et le refus du fatalisme. La célèbre phrase de Camus, « Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur », pourrait être lue comme une exhortation à combattre la résignation face aux oppressions successives.

Un autre écho frappant à la pensée de Camus en Pologne se trouve dans l’œuvre de Czesław Miłosz, poète, essayiste et prix Nobel de littérature en 1980. Leurs écrits témoignent d’une inquiétude commune face aux mécanismes d’oppression et aux sacrifices imposés par les idéologies totalitaires. Si Camus affirme dans L’Homme révolté que « La révolte naît du spectacle de la déraison, devant une condition injuste et incompréhensible », Miłosz, lui, donne à cette révolte une portée mémorielle et morale.

En 1950, Miłosz écrit un poème intitulé « Ty, który skrzywdziłeś » (« Toi qui as blessé »), adressé à ceux qui abusent de leur pouvoir pour opprimer de simples citoyens. Un fragment de ce poème est aujourd’hui gravé sur le mémorial des ouvriers des chantiers navals de Gdańsk, érigé en hommage aux victimes de la répression politique lors des manifestations de décembre 1970. Ces mots, simples, mais puissants, rappellent que la lutte pour la justice dépasse la mort et l’oubli :

« Toi qui as blessé un homme simple en éclatant de rire de son malheur,

Prends garde. Le poète se souvient. Tu peux le tuer — un nouveau naîtra.

Les actes et les paroles ne s’effacent pas. »

Ce poème, dans son intégralité, est une dénonciation des abus de pouvoir et un appel à la mémoire collective. Gravé dans le métal, ce fragment illustre la conviction que les oppressions, si brutales soient–elles, ne peuvent effacer la mémoire collective ni étouffer la quête de justice. Ces mots résonnent avec l’humanisme lucide de Camus, pour qui l’écriture, comme la révolte, est un acte de résistance morale.

Cette proximité intellectuelle s’est aussi manifestée sur le plan personnel : Miłosz témoignera plus tard que Camus fut l’un des rares intellectuels occidentaux à lui tendre la main lors de son exil de la Pologne stalinienne en 1951. Alors que beaucoup le considéraient comme un paria ou un « pécheur contre l’avenir », l’amitié de Camus l’aida à survivre dans le labyrinthe de l’Occident.

Des figures comme Adam Michnik (né en 1946) reconnaissent en Camus un esprit libre et une voix morale essentielle. Sa conception de la révolte comme acte de résistance éthique, capable de conjuguer exigence de justice et refus du totalitarisme, influence durablement la dissidence polonaise. Bien que Leszek Kołakowski (1927–2009) partage certaines préoccupations avec Camus, notamment dans sa critique du totalitarisme, c’est Adam Michnik qui revendique explicitement cette influence. En 1983, Michnik s’inspire notamment de L’Homme révolté pour sa célèbre lettre de prison à Czesław Kiszczak, incarnant cette recherche de vérité si chère à Camus.

« Je sais que je paierai un prix élevé pour cette lettre », écrit–il, « et que vos subordonnés tenteront de porter à ma conscience une connaissance complète des possibilités du système pénitentiaire dans un pays qui construit le communisme. Mais je sais aussi que je suis lié par la vérité. »

Après la mort tragique d’Albert Camus dans un accident de voiture en janvier 1960, plusieurs événements commémoratifs eurent lieu à travers le monde. En février 1960, un hommage significatif fut rendu à Varsovie, rassemblant un auditoire nombreux à l’Université, fait remarquable dans la Pologne communiste de l’époque.

La disparition brutale de Camus, à l’âge de 46 ans, ne mit pas fin à son influence en Pologne — bien au contraire. Sa mort prématurée contribua paradoxalement à faire de sa pensée un héritage intellectuel vivant, d’autant plus précieux qu’il demeurait inachevé. Dans les décennies qui suivirent, son œuvre continua d’incarner une forme de résistance éthique particulièrement pertinente pour la société polonaise.

Un héritage vivant

L’attention de Camus pour la Pologne illustre sa conception du rôle de l’écrivain : ni propagandiste ni spectateur désengagé, mais témoin actif de son temps. Son refus des absolus politiques et sa quête d’une « pensée de midi », prônant un équilibre entre nihilisme et dogmatisme, trouvent un écho durable dans la culture politique polonaise. Cette « pensée de midi », qui appelle à la mesure, rejette à la fois le fanatisme et le désespoir, et s’oppose aux logiques totalitaires. Elle résonne particulièrement dans l’approche non–violente adoptée par Solidarność dans les années 1980.

En combinant résistance morale et union collective, Solidarność incarne l’idéal camusien d’une révolte solidaire, exprimé dans la célèbre formule de Camus :

« Je me révolte, donc nous sommes. »

Ce mouvement, comme la pensée de Camus, montre que la révolte n’est pas seulement un refus, mais aussi une affirmation de la dignité humaine et de la solidarité.

Aujourd’hui encore, l’œuvre de Camus reste lue et débattue en Pologne, notamment grâce à la Société des études camusiennes polonaises, dirigée par Maciej Kałuża. Cette institution explore la pertinence de Camus face aux défis contemporains, comme les menaces pesant sur l’indépendance de la justice, la liberté des médias et l’autonomie des universités sous le gouvernement du PiS. Camus, pour qui la vérité et la liberté étaient indissociables, aurait vu dans ces réformes une tentative de subordonner la pensée critique à une idéologie dominante, rappelant les mécanismes d’oppression qu’il dénonçait dans les régimes totalitaires.

Conclusion

Cette histoire particulière entre Camus et la Pologne illustre l’universalité et l’actualité de sa réflexion sur la justice et la liberté. En transcendant les frontières et les époques, ses idées continuent de nourrir les luttes émancipatrices. Dans son Discours de Suède, prononcé en 1957 lors de la réception de son prix Nobel, Camus exprimait avec force l’exigence éthique qui guidait son engagement :

« Le rôle de l’écrivain (…) ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. »

Ces mots résonnent particulièrement dans le contexte polonais, où l’œuvre de Camus a été une source d’inspiration pour celles et ceux qui, dans l’ombre, cherchaient un chemin vers la liberté. Mais ils trouvent également un écho dans les luttes actuelles, face aux menaces pesant sur la démocratie, la justice et la liberté d’expression, que ce soit en Pologne ou ailleurs.

David Camus, (Katowice, 8 janvier 2025)

BIBLIOGRAPHIE :

CAMUS Albert, Actuelles I (Folio, 1972.)

CAMUS Albert, L’Homme révolté (Gallimard, 1951)

CAMUS Albert, Pléiade, tome III (Gallimard, 2008)

CAMUS, Albert, À Combat (Folio, 2014).

CAMUS, Albert, Discours de Suède (Folio, 1958.)

CAMUS, Albert, Kadar a eu son jour de peur (Franc–Tireur, 1957)

CAMUS, Albert, La Peste (Pléiade, Théâtre, Récits, Nouvelles, 1962)

CELLÉ DOMINIQUE, Camus et le communisme (Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, Sous la direction de M. Jean–François Sirinelli, Université Charles de Gaulle – LILLE III, Sciences Humaines, Lettres et Arts, 1997)

KAŁUŻA Maciej, La réception de L’Homme révolté en Pologne (in Chroniques camusiennes, 2021)

LOTTMAN Herbert R.

, Albert Camus (Gingko Press, 1997)

MAJEWSKI Sławomir, lettre citée dans : Maciej Kałuża, Buntownik. Ewolucja i kryzys w twórzości Alberta Camusa, Kraków 2017, p. 674

MARKIEWICZ Zygmunt, « ZbutnowanyCzłowiek », Kultura 1952, no 2–3 p. 191–193

MICHNIK Adam, lettre à Czesław Kiszczak, le 11 décembre 1983, IPN BU 1165/990, ArchiwumInstytutuPamięciNarodowej w Warszawie.

ROŚ Joanna, Albert Camus w polskiejkulturzeliterackiej i teatralnej w latach 1945–2000, Warszawa 2018

VERDÈS–LEROUX, Jeannine, Pologne, in tome III Pléiade Albert Camus (Gallimard, 2008)

Par David Camus
Contact : contact@actualitte.com

https://actu.fr/occitanie/perpignan_66136/tensions–avec–l–algerie–louis–aliot–maire–rn–de–perpignan–prend–une–decision–symbolique–forte_62163236.html

Tensions avec l'Algérie : Louis Aliot, maire (RN) de Perpignan, prend une décision symbolique forte

Vendredi 24 janvier 2025, Louis Aliot, le maire (RN) de Perpignan, a décidé de rompre les liens de sa ville avec la cité de Mostaganem (Algérie).

Explications.

image21

Louis Aliot, maire (RN) de Perpignan, a décidé de couper les liens avec la ville de Mostaganem (Algérie). (©Thibaut Calatayud / Actu Perpignan)

Par Thibaut Calatayud Publié le 24 janv. 2025 à 13h10

Perpignan et Mostaganem, c’est terminé. Comme le révèle une information du site Ouillade, qu’Actu Perpignan est en mesure de confirmer, Louis Aliot, le maire (RN) de la cité catalane, a décidé d’annuler le jumelage des deux villes. Cette décision intervient en pleine période de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie.

Perpignan rompt ses liens avec Mostaganem

Ville de naissance de l’ancien maire Jean–Marc Pujol, Mostaganem était liée à Perpignan depuis plusieurs années.

En avril 2010, les deux communes avaient signé un protocole de jumelage « pour encourager l’investissement et renforcer les échanges dans différents domaines économiques, culturels et scientifiques », rapportait, à l’époque, le média algérien Le Midi.

Quinze ans plus tard, Louis Aliot, maire de Perpignan et vice–président du Rassemblement national, a pris la décision d’annuler ce lien entre Perpignan et la ville algérienne.

Contactée, la mairie confirme la décision de l’édile. Ce dernier tacle un jumelage qui avait été « tenu secret par la précédente municipalité ». Louis Aliot estime également que « rien n’est possible avec ce pays (l’Algérie, ndlr) ».

https://www.tsa–algerie.com/lalgerie–distingue–le–peuple–francais–des–residus–du–colonialisme/

« L’Algérie fait la différence entre le peuple français et les résidus du colonialisme »

Ryad Hamadi 24 janvier 2025

Le président du Conseil de la Nation (Sénat) s’est exprimé ce jeudi 23 janvier sur la crise entre l’Algérie et la France ainsi que les relations avec le Maroc. Il a réaffirmé le soutien de l’Algérie aux causes sahraouie et palestinienne.

« Nous sommes fiers de la position de l’Algérie. Elle n’a jamais changé. Et nous resterons toujours avec la Palestine jusqu’à ce qu’elle obtienne son indépendance. Et nous resterons aussi avec le Sahara occidental. Nous n’avons pas de problèmes avec les peuples, y compris avec la France », a–t–il à l’issue de l’adoption d’un projet de loi sur la gestion, le contrôle et l’élimination des déchets, présenté par le ministère de l’Environnement et de la qualité de la vie.

Evoquant les relations entre l’Algérie et la France qui sont plongées dans une crise inédite depuis le 31 juillet dernier, le deuxième homme de l’Etat algérien a expliqué que « depuis le début de la révolution, nous avons fait la différence entre le peuple français et le colonialisme français ».

La crise entre Alger et Paris qui a commencé le 31 juillet dernier après la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental s’est aggravée après l’arrestation en novembre dernier en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal, et l’expulsion ratée d’un influenceur algérien le 9 janvier dernier.

image22

« Nous faisons la différence entre le peuple français et les comportements des résidus du colonialisme. Cela a toujours été notre position », a dit le président du Sénat qui dévoile ainsi la position de l’Algérie dans le conflit avec la France. Par résidus du colonialisme, Salah Goudjil fait allusion à l’extrême droite et aux nostalgiques de l’Algérie française qui poussent à la rupture des relations entre Alger et Paris.

Sur la crise avec le Maroc avec lequel l’Algérie a rompu les relations diplomatiques en août 2021, Salah Goudjil a tenu à séparer entre le peuple marocain et le Makhzen.

« L’Algérie n’est pas contre le peuple marocain, mais nous sommes contre le colonialisme marocain ou ce qui est appelé le Makhzen. C’est le même colonialisme que nous avions en Algérie. Ce qu’il fait au Sahara occidental est identique à ce que faisait le colonialisme français en Algérie. Notre soutien au Sahara occidental n’est pas lié au fait que nous partageons des frontières. C’est un principe que nous défendons même en dehors de la région », a–t–il dit, en citant le Timor en Indonésie.

« Ce sont des Chrétiens, mais quand ils ont demandé leur indépendance, nous les avons soutenus alors que nous entretenions de bonnes relations avec l’Indonésie », a rappelé le président du Sénat algérien.