Le 9 janvier 1942, le paquebot Lamoricière coulait au large des Baléares

     

Fiche technique

Lamoricière (paquebot ) 1921 - 1942
materiau de la coque : ............acier
anciens noms du navire : ..........
type de navire : ..........paquebot acier
type du propulseur : ..............3 hélices
année construction du navire : .1920
nom du chantier de construction : .Swan, Hunter & W. Richardson
lieu de construction : Newcastle
Année d'entrée en flotte : ........1921
Longueur (en mètres) : ............112,72
Largeur (en mètres) : . ............15,24
Jauge brute (en tonneaux) : ......4712
Port en lourd (en tonnes) : ......1452
Type de moteur : ..................1 alternateur triple expansion 4 cylindres et 2 turbines simple réduction
Puissance du moteur (en chevaux) : 8000
Vitesse en service (en noeuds) : ..18

Histoire

Mis en service en février 1921 sur les lignes d'Afrique du Nord, au départ de Marseille, service qu'il assurera jusqu'à son naufrage en 1942.
En 1940, est transformé à la chauffe au charbon.
Le 6 janvier 1942, le paquebot LAMORICIERE quitte Alger pour Marseille avec 272 passagers et 122 membres d'équipage à son bord. Le lendemain soir, il se déroute pour porter secours au cargo JUMIEGES de la Compagnie Worms, lui-même en difficulté au large des Iles Baléares. Le paquebot essuie une violente tempête : l'eau s'engouffre dans les soutes par les sabords mal joints et le navire commence à prendre de la gîte. Il lance un SOS et plusieurs navires se portent à son secours, en particulier les paquebots GOUVERNEUR GENERAL CHANZY et GOUVERNEUR GENERAL DE GUEYDON de la Transat, mais le 9 janvier, peu après midi, le LAMORICIERE sombre corps et biens. Le naufrage sera mis sur le compte de la mauvaise qualité du charbon et du manque de puissance des machines dans la tempête. Seuls 95 (93 ?) passagers et membres d'équipage seront sauvés.
 

Le 9 janvier 1942, le paquebot Lamoricière coulait au large des Baléares. 220 passagers et 93 marins étaient portés disparus.
On retrouva des corps bien plus tard sur les côtes tunisiennes.

Personne n'imaginait que la découverte du navire par 156 mètres de fond susciterait une telle émotion, comme si les familles de survivants et de disparus français d'Algérie pouvaient faire enfin le deuil de cette tragédie.

En mai 2008, une équipe de plongeurs italiens et espagnols découvrait au large de Minorque l'ancien paquebot de la Compagnie générale transatlantique qui avait sombré le 9 janvier 1942 dans des conditions dramatiques. Ce jour-là, le navire qui assurait la liaison Alger-Marseille, s'était porté au secours du Jumièges, un petit cargo qui avait lancé des SOS . Mais le Lamoricière se retrouva à son tour pris dans une violente tempête qui jeta par-dessus bord la majorité de l'équipage et des passagers.

Ce naufrage qui fit près de trois cents victimes reste une des plus épouvantables tragédies maritimes qu'ait connues la Méditerranée.
La presse de l'époque raconte comment les naufragés étaient portés au sommet des vagues sur des bouées ou des radeaux, comment aussi un héroïque « marin attaché à une corde descendait au ras des flots pour happer des bras suppliants ».

Puis, cette histoire avait sombré dans les oublis de l'histoire, parfois exhumés par des parents ou grands parents.

Au fil des années, le Lamoricière et tout le mystère qui entoure son naufrage, a fini par alimenter les superstitions propres aussi aux gens de mer.

Depuis l'an passé, grâce à internet, plongeur.com regroupe les messages des familles, des informations venant de toute la France. « Je viens de retrouver dans le cimetière de Castres une plaque sur laquelle est gravée : « A la mémoire de Marthe Alric, née Escande, disparue en mer le 9 janvier 1942 sur le Lamoricière ». L'auteur de cette découverte, Michel Escande, y voit sans doute un lien avec sa propre histoire familiale.

Les journaux de l'époque du naufrage des bâtiments
 
 
     
 

La perte du Lamoridère
LES CIRCONSTANCES DU NAUFRAGE.
(La Croix du 13 janvier 1942)

Les premiers renseignements recueillis sur le naufrage du « Lamoricière » indiquent que le paquebot a coulé vendredi, à 11 h. 23, à 15 milles au nord de la pointe est de Minorque.

Le « Lamoricière » avait quitté Alger, mardi dernier, par une mer houleuse, mais qui ne laissait pas prévoir qu'une tempête d'une telle violence attendait le navire, passé Minorque, à l'entrée du golfe du Lion.
Il était environ 20 heures, dans la nuit de mercredi, quand le navire entra dans la zone dangereuse. Les rafales lui donnaient une inclinaison telle que le commandant ordonna de reporter la lourde cargaison des cageots de fruits et de primeurs de tribord à bâbord, pour compenser le gîte.

Le travail se poursuivit sans relâche, durant toute la nuit et la matinée de jeudi. Dans l'après-midi de jeudi, l'eau commença à suinter à travers les plaques de la coque et vers 17 heures l'équipage et les soldats embarqués, aidés de plusieurs passagers, firent la chaîne des seaux pour soulager les pompes. Une importante voie d'eau s'était déclarée vers 16 heures et l'eau envahissait rapidement la chaufferie.

A 18 heures, les machines stoppèrent et à 21 heures les lumières s'éteignirent. Peu après, l'ordre fut donné de fermer les cloisons entre les machines et la chaufferie. L'espoir était perdu de remettre les machines en marche. Le bateau était en détresse et vers 1 heure le commandant lançait un S. O. S.

Dans l'obscurité, jusqu'au lever du jour, l'équipage et les volontaires avaient repris le transbordement de la cargaison et s'efforçaient aussi de conjurer l'envahissement des eaux.
Mais la tâche était trop lourde. Le « Lamoricière » donnait de la bande, toujours davantage, et quand survint le paquebot « Gouverneur-Général-Gueydon qui, sur le S. 0.S. du navire frère, avait quitté son port de refuge, le « Lamoricière » ne paraissait plus qu'une épave. Il était 9 heures.
Pendant plusieurs heures, le « Gouverneur-Général-Gueydon » se tint au plus près du navire en détresse pour tenter de lui lancer une haussière. La mer démontée et le vent ne permirent pas la réussite de cette manœuvre.

Dans le même temps, vers 11 heures, arrivaient sur les lieux un bâtiment de guerre et le paquebot « Gouverneur-Général-Chanzy ». Le commandant du « Lamoricière », estimant alors que la présence de trois navires donnait certaines chances au transbordement des passagers, donna l'ordre d'évacuation des femmes et des enfants.

Mais, loin de s'apaiser, la tempête dans cet instant, redoubla de furie. Les radeaux furent mis à l'eau et un certain nombre de personnes s'étant jetées dans les flots avec leurs ceintures de sauvetage purent s'y accrocher Cependant, le navire s'enfonçait encore et à 12 h. 40. il s'engloutit lentement par l'arrière, se retournant en un dernier mouvement.

Alors, pendant près de sept heures, se succédèrent des scènes tragiques; des vagues, hautes comme des collines, interdisaient de mettre à la mer aucune embarcation. Aussi, les trois navires sauveteurs avaient-ils laissé pendre, le long de leurs bords. tous leurs filins, cordes, échelles et filets.
Des naufragés, portés aux sommets des vagues sur des bouées ou des radeaux, étaient happés au passage au niveau du dernier pont. Mais beaucoup étaient repoussés par les lames. D'autres, à bout de forces, lâchaient le filin qui les hissait.

Le sauvetage se poursuivit jusqu'à la tombée de la nuit.

DEUX-CENT-QUATRE-VINGT-DIX DISPARUS

Les recherches effectuées les 10 et 11 janvier, par 3 bâtiments de guerre et 2 remorqueurs de sauvetage, dans la zone du « Lamoricière », sont restées vaines. Aucun nouveau sauvetage n'a été opéré. La mer est toujours très grosse et il faut malheureusement abandonner l'espoir de voir diminuer la liste des victimes, qui se monte à 290 environ.

DEUIL NATIONAL DANS LA MARINE

L'amiral de la flotte, ministre secrétaire d'Etat à la Marine, a décidé que tous les bâtiments de guerre et de commerce présents en Méditerranée mettront, en signe de deuil national, leurs pavillons en berne, le jour prochain où des services religieux seront célébrés simultanément à Marseille et Alger, à la mémoire de ceux qui ont péri en mer.

"Sur les flots de la Méditerranée immense . Avec rapidité le Lamoricière s'avance. La mer assaille en vain son gabarit géant . Son étrave d'acier fend le flot impuissant"

Un service funèbre pour les victimes de la catastrophe du "Lamoricière" et du "Jumièges" à Marseille. (La Croix, 17 janvier 1942)

Jeudi matin a été célébrée à Marseille une messe pour le repos des âmes des victimes de la catastrophe du Lamoricière et du Jumièges. Une affluence considérable, telle qu'on en vit rarement, était réunie sous les voûtes de la cathédrale. La nef et le chœur avaient reçu une très sobre décoration quelques tentures noires et argent sur les piliers; aux tribunes, deux pavillons, celui de la Compagnie Générale Transatlantique et celui de la Compagnie Worms; dans le chœur le pavillon pontifical, puis le drapeau national.

   
 
    Le Jumièges (1921-1942).                         
Lancé en 1913 par Woodskinner & Co (Newcastle) sous le nom de Michael Whitaker, ce navire change de nom la même année et devient le Weltondale, toujours sous pavillon britannique. En 1921, il devient le Jumièges sous pavillon français après son acquisition par Worms & Cie. Ce cargo de 79,4 m de long et 11,6 m de large a une jauge brute de 1 708 tx. Le cargo aura une fin tragique. Le 7 janvier 1942, pris en Méditérannée dans une violente tempête, il lance un appel de détresse à 22h54 :
«SOS - AVARIES GRAVES - NE FAISONS PLUS LA ROUTE - CALES PLEINES D’EAU - POSITION 40º25N 4º25E».
Nous sommes au large de Minorque. Se déroutant pour lui porter secours, le paquebot  Lamoricière de la Transat ne trouvera pas le Jumièges qui a déjà disparu avec ses 20 hommes d’équipage. Malmené par la tempête avec des machines qui ne répondent plus, le Lamoricière finit par couler à son tour le 9 janvier à midi, faisant 301 victimes. 93 rescapés.
 

La disparition
du Jumièges dans la presse

SANS NOUVELLES DU VAPEUR « JUMIEGES »

Le « Lamoricière ne sera peut-être pas la seule victime de la tempête, d'une rare violence, qui a sévi en Méditerranée. Le vapeur français « Jumièges », de la compagnie Worms, se rendant de Toulon en Afrique du Nord, a fait un signal de détresse le 7 janvier à 23 heures et n'a plus, depuis donné de ses nouvelles.
Les bâtiments de guerre et de commerce, présents dans la région, assistés d'aviation, ont exploré sans résultat la zone signalée. Il semble bien que le bâtiment doive être considéré comme perdu corps et biens.

 

A droite et à gauche du catafalque, des fusiliers marins, des agents du service général à bord et des inscrits formaient la haie.

L'amiral Auphan, venu de Vichy, représentait l'amiral de la flotte Uarlau. Auprès de lui avaient pris place les plus hautes personnalités marseillaises M. Max Bonnafous, préfet régional, le général Decamp, commandant la 15e division militaire, le docteur Bouyala,chef régional de la Légion, l'amiral Moreau, commandant la marine et le front de mer, M. Lacombe, préfet délégué, M. Henri Ripert, président du Conseil municipal, les conseillers nationaux Ponsard et Fraissinet. M. Coquet, directeur du cabinet du préfet régional, M.Chopin, secrétaire général de la préfecture, M. Emile Régis, président de la Chambra de commerce, M. Prax, président départemental du Secours national,etc. Le Corps consulaire était aussi largement représenté.

M. Cangardel, directeur de la Compagnie Générale Transatlantique, accompagné du haut personnel et d'une importante délégation, était présent.
La Compagnie Worms, armateur du « Jumièges », était représentée, en l'absence de M.Worms, par son secrétaire général, M. Denis, et une importante délégation.

S. Exe. Mgr Delay, évêque de Marseille, avait tenu à présider le service funèbre. Ses vicaires généraux l'accompagnaient. Au cours de la cérémonie, la Schola des Séminaires se fit entendre.

L'ALLOCUTION DE MGR DELAY

Quand l'office funèbre tut terminé, Mgr Delay prononça une allocution qui devait arracher des larmes aux familles des victimes et impressionner profondément l'assistance.Ayant tout d'abord salué le représentant officiel du gouvernement et les hautes personnalités présentes, Mgr Delay a déclaré :

« Il serait trop cruel de refaire le récit de ces tragédies. Du premier navire on ne saura jamais plus rien. Perdu corps et biens, dira l'histoire.
Du second, nous connaissons l'âpre lutte contre les éléments déchaînés, qui, après de longues heures d'une résistance acharnée, devaient le vaincre, et cela sous les yeux des bâtiments venus à son secours, mais que la tempête rendait impuissants. Près de 300morts de tous les âges, de toute races, de toutes les conditions.
Du commandant au dernier des chauffeurs, des hautes personnalités aux plus petits enfants, vers tous va notre ardente, notre fraternelle pitié. Elle va aussi, très fervente, à toutes les familles en deuil.

Mais un autre sentiment se mêle à notre douleur celui de l'admiration pour tous les actes de courage et d'héroïsme dont ce sombre drame a été l'occasion. Qui dira l'énergie dépensée au cours des tragiques heures de lutte, le sang-froid des chefs, la résistance de l'équipage, la résignation courageuse des passagers, le volontaire sacrifice du commandant refusant de quitter le bord? Preuve nouvelle de l'admirable fidélité de la marine française à ses splendides traditions.
Pour secourir les victimes du Lamoricière et du Jumièges
(La Croix du 3 février 1942)

Marseille. Le Comité de secours aux naufragés et aux familles des naufragés du Lamoricière et du Jumièges, créé à Marseille, le 22 janvier, sous les auspices du Secours national et de l'Association pour le développement des Œuvres sociales de la Marine, a déjà reçu des Compagnies de navigation et de nombreux donateurs une somme de près de cinq cent mille francs, qu'il a déjà commencé à répartir.

Mais le public et toutes les familles des victimes, en particulier dans la zone occupée, ayant pu ne pas être informées par l'avis paru dans la presse, le Comité rappelle que toutes les demandes de secours, ainsi que les dons, doivent être adressés au président de ce comité, c'est-à-dire au président de l'Association pour le développement des Œuvres sociales de la Marine, 41, rue Sainte-Pauline, à Marseille.

   

Jeudi 8 mai 2008 - L'épave du Lamoricière est retrouvée 66 ans après le naufrage-
L'épave du paquebot français Lamoricière, naufragé en 1942 au large de l'île de Minorque (Baléares), vient d'être retrouvée par une équipe de plongeurs espagnols et italiens.
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Le bâtiment repose à une profondeur de 156 mètres environ à 10 kilomètres devant le Cabo Favaritx, au nord-est de Minorque.
Pour trouver l’épave un robot sous marin italien a été nécessaire.

   
 

LA RECHERCHE DE L’EPAVE

Le journal de plongée SUBSTRATER, il est situé à Milan, il est dirigé par le plongeur italien Guido Pfeiffer, c’est lui qui a organisé et financé la recherche qui est effectuée par des plongeurs espagnols et des plongeurs italiens et des photographes tout cela près des côtes de Minorque.

Le « Lamoricière », bateau construit dans le chantier naval anglais de Newcastle, avait essayé d’aider le cargo « le JUMIEGE, » en difficulté après un orage devant l'archipel des baléares.

   

Le paquebot « Lamoricière « avait 272 passagers à son bord et l’équipage comprenait 122 marins. Au moment du naufrage le « Lamoricière » a été aidé par d'autres bateaux français qui se trouvaient dans les parages à savoir le paquebot de la Cie Générale Transatlantique comme le « Général Gouverneur de Gueydon ».

Parmi les victimes du naufrage le mathématicien polonais Jerzy Rosycki, qui avait réussi avec ses deux collègues, Rejewski marial et Henryk Zygalski, ils avaient réussi à déchiffrer en 1933 le code employé par les forces terrestres de l'Allemagne.

L'équipe Hispano-italienne de plongeurs était dirigée par Guido Pfeiffer qui utilisera pour la première fois « Victor », un robot avec une télécommandée qui est équipé aussi de bras spéciaux avec plusieurs appareils photo capables descendre jusqu’à 400 mètres de profondeur, approximativement cent mètres de plus que la distance nécessaire, il est capable aussi de faire des calculs.
La poupe du bateau, est un morceau unique (d'environ 20 mètres de longueur) qui est détaché du vapeur infortuné, qui avait une longueur de 112.7 mètres et 15 mètres de largeur

Les restes du navire sont éparpillés sur environ 1.5 kilomètre.

Depuis longtemps les pêcheurs ont marqué l'endroit du naufrage, car c'est une zone où ils capturent de nombreux poissons, des mérous, des langoustes.
Au moment des recherches le sonar a détecté une grande roche dans la zone de recherche à 285 mètres de profondeur.
C’est la découverte de la poupe, il n'y aura aucun doute, commente Alexandre Fernandez, docteur spécialiste dans les traitements barométriques avec à ses côté de docteur Jordi Moie, spécialiste des équipements.

Jusqu'ici, le robot « Teo », qui avait été utilisé pour leurs investigations et les recherches.

« Teo » est un autre robot qui peut seulement descendre à 250 mètres, en outre, il n'a pas la puissance nécessaire pour soutenir les forts courants de cinq et six noeuds qui restent des constantes dans les profondeurs où se trouvent les restes du navire, mais le défaut le plus important de ‘Teo », c’est qu’il est équipé seulement d’un équipement vidéo mais il lui manque des bras articulés munis de pinces.

Le robot « Victor », est un équipement essentiel pour pouvoir manoeuvrer dans le milieu où se trouve l’épave, avec de nombreux filets de pêche que les chalutiers et les langoustiers ont abandonnés.

 
 
     

Le plongeur Fernandez de l’équipe de plongeurs d’Espagnols nous explique les difficultés pour travailler avec un robot si lourd sur un site si difficile, mais son utilisation est essentielle pour connaître l’environnement et pour d'éviter les risques de perdre le robot.
Guido Pfeiffer ne pense pas réaliser une plongée personnelle à cause de l'obscurité où le « Lamoricière se trouve » même en utilisant des mélanges spéciaux d'air. « Peu de plongeurs peuvent travailler en mer à ces profondeurs », Il insiste. « Dix minutes de travail et trois heures de décompression. »
Beaucoup de risque inutiles quand le robot « Victor » peut faire la même chose avec une autonomie de trois heures », commente Fernandez, Pfeiffer précise qu’en automne des recherches ont déjà été effectuées près du vapeur française. « Mais il était impossible de faire des photos. Il y avait beaucoup trop de plancton en suspension, de forts courants et beaucoup d'obscurité ».

 
 

Mais pour arriver à cette découverte, pour l'équipe de plongeurs c’est presque trois ans d'investigations et de recherches et de préparations.

Le plongeur Fernandez se rappelle la collaboration inestimable du patron pécheur Joseph, un pêcheur de la région de Grau, qui a indiqué l'expédition la zone où censément se trouvait l’épave, avec ses filets il avait trouvé des chaussures et le reste d'une balustrade.
Également il mentionne les entrevues avec quelques survivants du naufrage et avec leur témoignage il a fini par écrire la page noire dans l'histoire maritime française.
Dans l'accident 300 les passagers sont morts et seulement 93 personnes sont parvenues à survivre parmi les victimes le mathématicien polonais que Jerzy Rosycki, qui en 1933 était parvenu à déchiffrer le code de la machine «Enigma » le célèbre code secret, qui était employé par les forces terrestres de l'Allemagne.

Fernandez rapporte le témoignage de la découverte des restes du navire 66 ans après la perte du « Lamoricière ».

Le jour des recherches des restes du « Lamoricière », l'équipe de plongeurs a énoncé l' insuffisance technique avec lesquelle tout cela a fonctionné qui a été résolue avec l'improvisation je le conçois. « Nous avons attaché un câble de deux cents mètres à une caméra vidéo sur laquelle sans aucune commande et elle n'a pas cessé de tourner », Alexandre Fernandez explique. « D'abord nous avons vu une grande roche et bientôt une chaudière. « C'était le bateau », il ajoute après des sorties successives, les chercheurs de l’épave ont amélioré l'équipement, avec tout de même la perte de matériels.
Dans une des incursions, la caméra vidéo a été accrochée dans un des réseaux de filets de pêche qui entourent l’épave du navire. Plus tard « Teo est arrivé », le véhicule était exploité avec une télécommande, ce qui a facilité les images du fond marin et a permis de confirmer le nom du navire recherché. JLG

Les victimes et les témoins
     
Jean Mathurin Lancelot capitaine frégate 1897-1942

Sa fin tragique – Naufrage du paquebot Lamoricière

Affecté à l’escadrille des sous-marins d’Alger, Jean Lancelot quitta ce port pour Marseille à bord du petit paquebot Lamoricière, en janvier 1942, pour une permission.

La perte du paquebot Lamoricière
- Article publié par le Télégramme de Brest
le 7 janvier 1993

Le 7 janvier 1942 le Lamoricière en route d’Alger pour Marseille se trouva pris dans une violente tempête de nord, avec des vents de force 9. C’était un paquebot de 4 700 tonneaux, construit en Angleterre en 1920 et qui, faute de mazout, avait été reconverti au charbon. Il appartenait à la Cie Générale Transatlantique et, depuis l’armistice, était affrété par les Transports Maritimes.
Au charbon, un charbon de mauvaise qualité, le navire ne donnait que 12 noeuds, dans la tempête sa vitesse tombe à deux ou trois noeuds. A minuit le radio reçoit un S.O.S. du cargo Jumièges, en perdition au nord de Minorque. Le commandant choisit de se dérouter mais le navire souffre dans la dure mer de travers et des voies d’eau se déclarent.
Le 8 janvier, le commandant abandonne la recherche, puis, comprenant qu’il n’aura pas assez de charbon pour rallier Marseille, ni même Barcelone, il décide de faire demi-tour. Mais les machines, déjà à demi noyées, n’arrivent pas à faire franchir le travers du vent. Le navire se met alors à dériver ; il coule le 9 un peu après midi (1).
Le Lamoricière avait un équipage de 113 hommes et 272 passagers, dont une colonie d’enfants. 93 personnes furent sauvées par le Gueydon, le Chanzy et l’Impétueuse. Parmi les morts de l’équipage se trouvaient le commandant Milliasseau et le chef mécanicien Trautmann (un breton).
Parmi les passagers les capitaines de corvette Lancelot (2) et de Cransac et hélas la plupart des enfants.
Notes
(1) La nouvelle de l’événement fut apprise avec la consternation que l’on imagine par les Trentemousins puisque, outre Jean Lancelot, un autre officier, Louis Le Clech, a disparu dans ce naufrage. Le beau–frère de ce dernier, Jean Nizou, avait suivi en mer, par radio, l’évolution de la situation puis appris la nouvelle du naufrage alors qu’il naviguait dans les mêmes parages, à bord d’un navire à destination de Marseille.
(2) Il semble exister une incertitude sur le grade exact de Jean Lancelot à cette date, mais il était presque certainement capitaine de frégate.

Extrait du récit tout à fait bouleversant du journaliste écrivain marseillais Edouard Peisson qui a reconstitué le naufrage dans son ouvrage « Hommes de mer ».
« - Commandant, téléphona le chef mécanicien, la chauffe est de plus en plus difficile. Les hommes ne tiennent plus. L’eau passe par les soutes dans les chaudières »…
- Venez, répondit Milliasseau.
Le commandant avait prié le capitaine de corvette Lancelot de le rejoindre à la passerelle et demandé à M. Nougaret, le 2ème capitaine, d’assister à l’entretien. Ils étaient quatre hommes de mer expérimentés et sans crainte. M. Trautmann parla. Les hommes s’épuisaient, dit-il. Bientôt ils jetteraient dans les foyers autant d’eau que de charbon, et, du charbon, il n’y en avait plus que 80 tonnes.
- Voici mon avis, dit Milliasseau. Je vire de bord et mets le Lamoricière à l’abri de Minorque. Là, monsieur Trautmann, vous aurez assez de calme pour arrêter les entrées d’eau et mettre de l’ordre dans les soutes.
- Je voulais vous le demander, répondit le chef mécanicien. M. Nougaret et le capitaine de
Corvette approuvèrent.
- Monsieur Trautmann, reprit Milliasseau, il nous faut pas mal de pression pour virer de bord. - Vous l’aurez, commandant. - Dans combien ? - Donnez-moi une heure !
La mer, la position du Lamoricière par rapport à la mer et par rapport à la terre et la route que le navire aurait à suivre pour se mettre à l’abri de Minorque dictaient à Milliasseau la manœuvre qu’il allait commander. La mer était NNO. Le Lamoricière tenait la cape par bâbord et se trouvait à une cinquantaine de milles dans le NO de la pointe occidentale de Minorque. Le virement réussi, il lui faudrait, pour doubler cette pointe très au large, car la mer l’y jetterait dessus, mettre le cap au Sud vingt Ouest. Il devait virer de bord vent debout.
Au centre de la passerelle, à cette place du commandant, à toucher le compas, face à l’échancrure de la toile empesée par le sel qui permet de voir l’extrême pointe du gaillard, de voir comment le fil de l’étrave cisaille l’eau, à cette place d’où le regard s’étend aussi au large, à droite et à gauche, qui est une sorte de pivot, Milliasseau attendit que la pression eut augmenté…
(Cette tentative de virement de bord est malheureusement infructueuse, et le navire se trouve en perdition dans une mer très forte. Plusieurs navires ont alors rejoint sa position.)
A 10 h 45, M. Nougaret se présenta à la passerelle. Le capitaine d’armes Schwander, les capitaines de corvette Lancelot et de Cransac entouraient Milliasseau.
- Commandant, dit M. Nougaret, tout est prêt pour l’abandon.
- Faites couper le filin de l’ancre flottante qui pourrait causer des avaries au « G.G. Gueydon ».

 
 
 

Les cauchemars du dernier rescapé d'un naufrage oublié

« J'ai eu de la chance. J'étais un très bon nageur. C'est pour cela que je m'en suis sorti», confie Gérard Bénessy en évoquant le drame.
« J'ai eu de la chance. J'étais un très bon nageur. C'est pour cela que je m'en suis sorti», confie Gérard Bénessy en évoquant le drame.
Des plongeurs viennent de retrouver l'épave du paquebot «Lamoricière » dont le naufrage, en 1942 au large des Baléares, a coûté la vie à 300 personnes. Le dernier survivant se souvient pour «Le Figaro».

Il est le dernier survivant d'un drame dont personne n'a jamais entendu parler. Rescapé d'un terrible naufrage où 300 hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort, il y a plus de 60 ans, au large des Baléares. Une tragédie que lui-même pensait avoir occultée, n'en livrant que des bribes à sa famille la plus proche. La découverte, il y a deux semaines, de l'épave du paquebot Lamoricière par une équipe de plongeurs italiens, l'a depuis replongé dans ses souvenirs comme dans le bain glacé de ce 6 janvier 1942.

Installé dans sa petite maison du Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), Gérard Bénessy n'a rien oublié de son embarquement, il y a 66 ans. «Nous allions d'Alger à Marseille. J'avais 20 ans, engagé dans l'armée de l'air en Algérie. Le soir du départ, la mer était déjà grosse», se rappelle le vieux monsieur.

Des cheveux blancs tirés en arrière, un regard bleu dissimulé derrière de fines lunettes, le retraité se replonge dans le petit nombre de documents qu'il a conservés. «Voilà ma citation militaire pour acte de courage. Et là, la photo du Lamoricière dans le port d'Alger», montre-t-il. Puis, comme s'il ne savait plus quoi dire, Gérard Bénessy se renferme, le regard au loin, perdu dans ses pensées. Alors, c'est Renée, sa femme, qui parle à sa place.

«Mon mari est le dernier survivant du Lamoricière. Tous les autres sont morts. Mais lui, même les poissons n'en ont pas voulu », plaisante-t-elle comme pour exorciser des souvenirs que l'on devine pesants. «Tu te rappelles de ton copain de Montpellier ?» poursuit la dame au caractère visiblement bien trempé. «Mort», répond son mari. «Et les deux de Marseille ?» «Ils sont morts aussi…»

Le code Enigma

Sur les circonstances du naufrage, les souvenirs de Gérard Bénessy sont précis, presque obsédants. Ce 6 janvier 1942, malgré une météo exécrable, le Lamoricière prend la mer. L'Europe est alors déchirée par la guerre et l'interdiction des communications radio avec la côte empêche de connaître l'état de la mer sur le parcours.

À bord du paquebot, près de 400 personnes ont pris place pour rejoindre Marseille, le principal port d'une France coupée en deux par l'occupation allemande. Des femmes, des enfants, des militaires, mais aussi des espions au service des Alliés. Ainsi le mathématicien polonais Jerzy Rosycki, qui avait réussi avec deux collègues à décrypter en 1933 le fameux code Enigma utilisé par l'armée allemande. Recherché par la Gestapo, il voyage sous un faux nom à bord du Lamoricière.

«La mer était tellement démontée que, très vite, la plupart des passagers sont tombés malades. Le lendemain du départ, on nous a même fait dîner dans la salle à manger des premières classes. Nous n'étions que 13 à table.» Funeste signe du destin. Dehors, les vagues frappent la coque avec la régularité d'un métronome. La tempête hivernale fait rage et prend tous les navires dans ses filets. C'est en répondant au SOS lancé par un cargo en détresse que le Lamoricière va d'ailleurs sceller son sort.

«Deux jours après le départ, le commandant nous a prévenus que nous nous portions au secours du Jumières, en difficulté au large de Minorque. Mais en arrivant sur zone, on n'a pas trouvé de bateau. Alors, on a fait demi-tour et c'est là qu'on a reçu les premiers paquets d'eau. Les soutes à charbon qui fermaient mal étaient restées ouvertes.» Dans des creux de douze mètres, le navire commence à gîter sur le côté.

«La mort ici erre»

En compagnie de quelques autres militaires, le jeune Gérard est réquisitionné. Sous les ordres du commandant, les hommes valides tentent de rééquilibrer le bateau, de l'alléger. Peine perdue. Après toute une journée et toute une nuit de lutte dans une mer déchaînée, ordre est donné d'abandonner le navire. Seules 93 personnes, dont quatre enfants, vont être repêchées sur les 394 passagers et membres d'équipage. «La mort ici erre», titre la presse quelques jours plus tard.

Dans le salon de la petite maison du Canet, on devine les souvenirs de noyés, comme ces enfants engloutis sous ses yeux, flottant autour du rescapé. «J'ai eu de la chance. J'étais un très bon nageur. C'est pour cela que je m'en suis sorti.» Dans un vieux numéro de Paris Soir, Gérard Bénessy parcourt la liste des victimes du naufrage. «Je n'y avais jamais repensé auparavant. Je n'en avais pas parlé à la famille. C'est comme si le naufrage n'avait pas affecté ma vie», confesse le vieux monsieur qui a fait carrière dans l'armée. Depuis deux semaines pourtant, il semble que le Lamoricière soit finalement de retour dans sa vie.

   
 
 
Faites monter les passagers sur le pont. Que chacun porte le gilet de sauvetage. Les femmes et les enfants embarqueront d’abord. Mais attendez mon ordre. Tendant un papier au matelot il ajouta : Pour les radios.
Le commandant Milliasseau demandait au commandant Heurtel de se porter sous le vent pour recevoir les embarcations, les radeaux et les passagers, soutenus par leur seul gilet, que les lames lui jetteraient.
Les marins, presque agenouillés sur le pont incliné, s’épaulant l’un l’autre pour ne pas glisser, pour ne pas être renversés par les coups de roulis et jeté à la mer, saisirent à bras le corps enfants et femmes, se les passèrent de l’un à l’autre, de la main courante fixée au roof des embarcations.
Une chaloupe fut garnie. On y avait placé les enfants du Centre Guynemer, madame de Cransac et ses quatre enfants. Le capitaine de corvette de Cransac se trouvait à quelques mètres d’eux. « Embarquez ! » Lui cria-t-on. Il s’y refusa. « Embarquez ! » Lui cria-t-on encore. « Ou vous serez sauvé avec eux, ou vous périrez avec eux ». Il se recula. M. Nougaret et le capitaine de corvette Lancelot lui donnèrent l’ordre formel de rejoindre sa famille. Il sauta dans l’embarcation. Une seconde chaloupe fut garnie. Après quoi la première chaloupe fut dessaisie et descendue. A ce moment le Lamoricière roula sur tribord et la chaloupe passa sous le pont des embarcations où elle s’écrasa. Une lame vint, qui décrocha un des deux palans, et femmes et enfants, déjà broyés, furent versés dans la gueule du monstre. On vit le croc du palan ouvrir la tête de Cransac. Les femmes et les enfants de la seconde chaloupe hurlèrent d’horreur et se rejetèrent à bord dans les bras des matelots.
Le Lamoricière s’inclinait de plus en plus sur bâbord. Le pont arrière, le pont-promenade, le pont avant étaient sous l’eau. Les lames passaient sous les embarcations et s’étalaient en langues minces sur le pont supérieur.
Des matelots et Franzoni, le maître d’équipage, coupaient les saisines des radeaux, des caissons et des madriers, qui glissaient, entraînant avec eux des femmes, des enfants, des soldats qui y étaient accrochés. On ne savait plus si d’autres femmes, d’autres enfants, d’autres soldats se jetaient aux lames où si les lames les emportaient. Les 300 hommes qui étaient à bord n’eurent que le temps de mettre quelques embarcations à l’eau.
Lancelot, nageur de grande classe, s’approcha de l’une d’elles, mais, la voyant surchargée, refusa d’y monter. Il prit place sur un radeau, mais celui-ci fut bientôt retourné par la mer en furie, et lui fracassa le crâne. L’officier fut aperçu effectuant quelques brasses puis, les deux mains levées vers le ciel, il disparut dans les flots ».
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Sources :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/05/24/01016-20080524ARTFIG00072-les-cauchemars-du-dernier-rescape-d-un-naufrage-oublie-.php
http://www.ladepeche.fr/article/2009/08/19/656867-Baleares-Voila-un-an-on-retrouvait-l-epave-du-navire-du-Lamoriciere.html

http://www.plongeur.com/magazine/2008/05/27/epave-lamoriciere-interview-exclusive-de-luca-laudati/
http://jumieges.free.fr/bateaux.html
http://www.pescamenorca.com/modules.php?name=News&file=article&sid=39

http://www.ladepeche.fr/article/2009/08/27/661149-Lamoriciere-le-Titanic-de-la-Mediterranee.html
http://www.laprovence.com/articles/2008/07/01/502245-Region-Il-sombre-sous-leurs-yeux.php

http://www.frenchlines.com/ship_fr_266.php