Lors des élections à la première assemblée constituante, en octobre 1945, Abbas était encore inculpé et les "amis du Manifeste" ne participaient pas au scrutin. Ils s'étaient contentés de soutenir certains candidats, en particulier dans le Constantinois, ceux de "l'Union démocratique franco-musulmane" du docteur Bendjelloul, qui devait compter quatre élus. Mais, pour la deuxième assemblée constituante, élue le 2 juin 1946, les "Amis du Manifeste" étaient majoritaires et Ferhat Abbas était élu lui-même, pour le département de Constantine. Selon des consignes secrètes lancées par le PPA, 40 % des inscrits s'étaient abstenus en octobre 1945 et 65 % en juin 1946. Enfin, aux élections de la première assemblée nationale de la quatrième République, le 10 novembre 1946, l'UDMA s'effaçait devant les candidats du PPA, devenu le "mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques" (MTLD) qui obtenaient 5 sièges sur 15.
Le avait cru habile d'autoriser le MTLD, malgré l'interdiction antérieure du PPA. Cette attitude tortueuse ne fit qu'accroître l'hostilité de l'opinion publique contre Chataigneau, d'ailleurs en conflit ouvert avec le secrétaire général du gouvernement général, Pierre René Gazagne.
L'UDMA se réservait pour les élections au conseil de la République en décembre 1946. Ce scrutin à deux degrés lui fut favorable, avec quatre élus et trois autres bénéficiant de son soutien. Le MTLD n'avait aucun élu.
Ferhat Abbas obtenait une représentation parlementaire, tandis que les aspirations des notables politiques, issus des "Jeunes algériens" et de la "Fédération des élus musulmans" de Bendjelloul étaient en bonne voie. Ce dernier, député aux deux assemblées constituantes, avait demandé à faire introduire, dans le projet de constitution, la citoyenneté pour les Musulmans, la suppression du Gouvernement général, incompatible avec le statut départemental de l'Algérie, l'abolition des Communes mixtes, au profit des communes de plein exercice, comme en Métropole.
Mais, la constitution de 1946 n'accordait à l'Algérie que 35 députés, et tous les groupes politiques de l'Assemblée nationale, y compris les communistes, rejetaient le Collège unique. A la fin de 1946, la situation juridique de l'Algérie restait imprécise. Le 20 septembre 1947, après 20 jours de débats, l'Assemblée nationale votait la loi donnant à l'Algérie un statut particulier. |