LES ELITES MUSULMANES EN ALGERIE FRANÇAISE DE 1830 A 1962

1830- 1920 mouvement des Jeunes Algériens & La loi Jonnart du 4 février 1919
 
 
 
     

La question des élites musulmanes en Algérie française a été admise dès la conquête. En effet, une ordonnance royale du 27 juillet 1830 nommait deux commissaires du Roi à Alger dont le Maure Ahmed Bouderba. Il est intéressant de noter que cette ordonnance royale constitue un des tout derniers actes de gouvernement de Charles X.


Les "Jeunes Algériens"


Le mouvement des "Jeunes Algériens" est apparu avant la première guerre mondiale. Il s'agissait de petits notables issus de l'école française : instituteurs, la plupart d'origine kabyle, fonctionnaires modestes et aussi huissiers, avocats, pharmaciens, médecins. Ils se considéraient comme Français et leur mouvement était seulement réformiste, sans aucune opposition à la souveraineté française.

 
     
   
Célestin Jonnart
 
 
     
 
 
En 1909, puis en 1912, deux délégations de Jeunes Algériens furent reçues par les Présidents du Conseil, Clemenceau et Poincaré. Leurs demandes se limitaient à la reconnaissance de la citoyenneté française entière. Déjà des propositions de loi sur l'extension de la citoyenneté avaient été déposées en 1882, puis en 1890, mais sans résultat. L'idée d'une naturalisation accordée globalement se heurtait à un refus de renoncer au "statut personnel" coranique et à celui du service militaire obligatoire. La seconde objection avait été levée en 1914 par la participation d'unités algériennes aux combats.
La loi Jonnart devait en tenir compte et constituer le principal texte législatif concernant les Musulmans depuis le Senatus-Consulte du 14 Juillet 1865, sous le Second Empire.

La loi Jonnart du 4 février 1919


Parlementaire et ancien ministre, Gouverneur général de l'Algérie à trois reprises, Célestin Jonnart est à l'origine de la loi du 4 février 1919, qui accordait la citoyenneté à plusieurs catégories de Musulmans, mais pour obtenir une naturalisation individuelle, la renonciation au statut personnel était nécessaire.
Les Indigènes musulmans non citoyens étaient admis aux fonctions et emplois publics au même titre que les citoyens français et sous les mêmes conditions d'aptitudes. Ils étaient représentés aux conseils municipaux, conseils généraux et aux Délégations financières. Toutefois, aucune participation n'était prévue à la Chambre des Députés ni au Sénat.
Un malentendu apparaissait. Certains Jeunes Algériens acceptaient la citoyenneté avec modification du statut religieux, tandis que d'autres s'opposaient à toute altération. En 1922, les Jeunes Algériens demandaient au Président de la République Alexandre Millerand, en voyage officiel en Algérie, de faire passer dans les faits le projet d'une représentation indigène au Parlement.
Dans les années 1920, l'influence politique de ces élites musulmanes était encore faible. En effet, à la différence de la Tunisie et du Maroc, l'Algérie ne possédait pas de vraie classe dirigeante. Les élites issues de l'école française se trouvaient en nombre réduit et prônaient la francisation, parce que Kabyles en grande majorité, ils étaient considérés avec réserve par les Arabes.
Mais bientôt la "Fédération des Elus" s'imposait. Elle regroupait des Conseillers municipaux, conseillers généraux et délégués financiers, issus des Jeunes Algériens ou proches. Son organe, L'Entente était rédigé en français.
 
   
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