Quatre femmes tuées
37 blessés hospitalisés
dont 21 femmes
(deux dans un état alarmant )


Deux Européennes auraient déposé les bombes à l'Otomatic et au Coq Hardi.
Les tueurs monstrueux ont à nouveau frappé au cœur d'Alger : samedi 26 janvier 1957 dans l'après-midi des engins à retardement ont explosé, à quelques minutes d'intervalle, à " l'Otomatic", à la « Cafétéria », au « Coq Hardi » semant la mort ou provoquant de terribles blessures parmi la foule des consommateurs.
Trois bombes à retardement d'un type plus léger, mais non moins dangereux, que celles employées par les communistes depuis le 1er octobre, ont fait explosion dans ces établissements, faisant de nombreuses et innocentes victimes.

   
 
 

04/12/1957- Arrestation de la responsable de l'attentat au bar "L'Otomatic" à Alger, Danièle MINNE 17 ans , poseuse de bombe pour le FLN. Victime Mlle Michèle HERVE, 23 ans, grièvement blessée | écouter la victime |

 
     
     
 


De terrifiantes scènes d'horreur


La première explosion se produisit à l '« Otomatic », près des Facultés. Il était exactement 17 h. 25.
Beaucoup d'étudiants et de promeneurs avaient pris place à la terrasse et autour du comptoir.
L'engin éclata au sous-sol. La détonation provenait des toilettes « dames » où la bombe avait été déposée dans une chasse d'eau... Une épaisse fumée blanche se dégageait du local. Courageusement, un employé de rétablissement, puis un consommateur s'y précipitèrent.
Une ravissante jeune fille en fut remontée : Mlle Michelle Hervé, âgée de 23 ans. Elle était couverte de sang." Il fallait la transporter d'urgence à l'hôpital " .
Soudain, une autre explosion : en face, au milk-bar de la « Cafétéria », des cris de douleur se firent entendre, tandis que montait un nuage de fumée. Il était 17 h. 26.
Dans la salle du fond de l'établissement là même où le 1er octobre, une bombe à retardement fut déposée par « la mystérieuse femme blonde », l'engin meurtrier avait été placé sous une banquette. Il y eut une dizaine de victimes. Une dame d'un certain âge se trouvait assise sur le siège fatal. Elle fut très grièvement blessée et devait succomber dans la soirée à l'hôpital civil de Mustapha où l'avaient transportée des particuliers. Le lieu de l'attentat offrait un spectacle affreux: les cris de souffrance des victimes tombées parmi les décombres et perdant leur sang ajoutait à l'effroi de la foule qui se ruait vers la rue.
Des gardiens de la paix accourus, des militaires et tous les gens de bonne volonté, organisèrent rapidement les secours dans cet épouvantable et indescriptible chaos. Des voitures, mises à la disposition des blessés, filèrent à grand renfort de klaxon, vers les hôpitaux et les cliniques. Les ambulances des pompiers, puis celles de l'armée arrivèrent ensuite, se frayant difficilement un passage parmi les voitures stoppées.


Dans la verrière du "Coq Hardi"


17h28 : troisième explosion, 100 mètres plus loin. La plus meurtrière. A quelques pas de la grande poste au café "Coq hardi" à l'angle de la rue Charles Péguy et de la rue Monge. Une autre bombe venait d'être déposée sous un guéridon au milieu de la terrasse verrière.
Des femmes et des enfants furent encore les victimes les plus nombreuses.
Tous les consommateurs se trouvaient debout au moment de l'explosion : ils regardaient le va et vient des motards et des ambulances se rendant vers "l'Otomatic" et la "cafétéria"
Là encore après quelques secondes de panique, les secours s'organisèrent rapidement. Venant de la " Cafétéria ", des ambulances chargèrent d'abord les blessés les plus gravement atteints. Des voitures particulières en emportèrent aussi. D'autres encore, soutenus par des parents des amis ou simplement des passants, gagnèrent la clinique Laverhne toute proche.
Une foule énorme de curieux indignés se porta sur les lieux des attentats. Les services de Police, les patrouilles de " bérets verts " et de CRS s'efforcèrent de contenir ces masses.
La colère monta et un incident déplorable se produisit rue Monge, quelques minutes après l'affreux massacre du " Coq Hardi ". Un Français musulman, M Ahmed Bengana, mécanicien fut molesté .


Solidarité


Avenue Pasteur autour de la clinique Laverhne, le mouvement d'entraide né spontanément fur émouvant. Rarement, en dépit de la consternation de l’horreur, de l'indignation qui se lisait sur tous les visages, on vit une telle somme de dévouement, dans la rue.
A l'hôpital de Mustapha, où la majorité des victimes furent transportées, tout le service hospitalier des infirmières aux chirurgiens, immédiatement alertés, se mit à la disposition du directeur M. Bonnet et des chefs de services.
Au bureau des entrées, le service administratif s'efforça d'établir une liste exacte des victimes. A chaque instant, un appel téléphonique venait de la ville. Des familles à l'écoute de la radio s'interrogeaient sur le retard d'un des leurs.
A maintes reprises, la voix d'une employée bouleversée rassura un parent en larmes au bout du fil.....


Des témoins ont vu


La Sûreté urbaine et la police judiciaire, immédiatement désignées par le juge d'instruction, furent aussitôt sur les lieux. Les spécialistes du laboratoire de police scientifique procédèrent aux premières constatations.
La nature des engins n'a pu être encore définitivement établie. Il semble qu'il s'agisse d'engins plus petits " portatifs ", mais non moins meurtriers que ceux employés depuis le 1er octobre par les "combattants" du Parti communiste clandestin. Ils étaient munis d'un dispositif à retardement autre qu'un système d'horlogerie ; un crayon ressort, probablement.
Les conclusions des experts apporteront des éclaircissements sur l'origine de ces bombes. Mais les communistes, une fois encore, semblent bien avoir une lourde part de responsabilité dans ces nouvelles atrocités.
Les déclarations de plusieurs témoins sont, en tout été révélatrices.
Une femme d'une cinquantaine d'années a été vue par plusieurs personnes à l' " Otomatic ", au moment ou elle remontait des toilettes.
Cheveux châtains, édentée de la mâchoire supérieure, vêtue d'un manteau gris, elle allait d'une allure déhanchée.
Une autre déclaration est formelle à la brasserie du " Coq Hardi " : celle d'un garçon : " J'ai servi un thé citron à une jeune fille européenne qui devait être âgée de 20 à 25 ans. Elle m'a payée avec un billet de 1000 FR. sans me laiseer seulement un pourboire .... "
La jeune fille, en tailleur sombre à rayures avait une chevelure blond fillasse. Elle disparut peu avant la première explosion.

   
                     

Les obsèques de Mme Barillot
auront lieu cet après-midi


Mme Barillot, 71 ans, tuée sur le coup, lors de l'attentat de samedi soir au " Coq Hardi " sera inhumée cet après midi.
La levée du corps aura lieu à 16 heures à l’hôpital Maillot.
Mme Barillot est la belle mère de M. Bonneil, pharmacien colonel ancien directeur de la pharmacie générale de l'armée, à qui nous présentons nos condoléances ainsi qu'à la famille atteinte par ce deuil.


Hier a été inhumée
Mme G. Bonan


Hier ont eu lieu les obsèques de Mme G. Bonan qui également trouvé la mort samedi soir 26 janvier 1957 lors des attentats de la cafétéria de la rue Michelet.
Une nombreuse affluence s'était réunie au domicile mortuaire, 5 rue Lacepède ou elle habitait avec son fils M. Bonon, gendre du docteur Loufrani.
Nous nous inclinons devant leur douleur et leurs exprimons, ainsi qu'à leur famille, nos condoléances.

 

LES VICTIMES 4 FEMMES TUEES :


Mme Théophile BARILLOT, 71 ans, belle-mère de M. Bonnell, pharmacien à Blida.
Mme Georgette BONAN, née Guez, 57 ans, belle-sœur du Dr M. Loufrani, 5, rue Lacépède.
Mme Marguerite BOURUT, 35 ans, née Perret, demeurant 19, rue Emile-Allaux.
Mme Jeanne TEMIME, 50 ans, née Ben Chetrit, demeurant 126, rue Michelet.


37 BLESSES dont 21 FEMMES :

En traitement à l'hôpital Mustapha :

Mme Maryse BEAUVOIS, 30 ans, blessée aux jambes ; Mlle Sylvia BENESSIANO, 28 ans, blessée aux jambes ; Mlle BOURUT, 18 ans, grièvement blessée à la poitrine (fille de Mme Marguerite Bourut, décédée) ; Mlle Jacqueline GUGLIELMI, 30 ans, blessée aux pieds ;
Mme Marguerite HESNAULT, 60 ans, blessée aux jambes ; Mlle Michèle HERVE, 23 ans, grièvement blessée ; M. Guy BEAUVOIS, 28 ans, fracture d'un bras et blessé à l'abdomen ; M. Mohamed BOUALISSIAJ 22 ans, blessé à la tête ; M. Eugène CHEVALIER, 19 ans, blessé aux jambes ;
M. Auguste GRINEWALD, 36 ans, professeur d'allemand au lycée Gautier, blessé à la gorge :
M. Jean VERSINI, 32 ans, blessé dans le dos et aux jambes.

Ont pu regagner leur domicile hier après soins reçus à l'hôpital :

Mme Andrée CODIACCIONI, 30 ans ; Mlle Evelyne COHEN, 20 ans ; Mme Edmond DUPUY, 50 ans ;
Mlle Ghislaine JUAN, 22 ans ; Mme Blanche PAUL, 80 ans ; Mme Lucienne SAFFAR, 23 ans ; Mme Ilda TEMIME, 57 ans ; M. Max BENITA, 37 ans ; M. Robert DUQUESNE, 32 ans ; M. Lamini FAROUD, 19 ans ; M. Emile LEVY, 34 ans ; M. Désiré SEBBAN, 20 ans.

En traitement à la clinique Lavernhe : Mlle Elgeborg VAN KENING, chez M. Bloch, 4, rue du Danemark, El-Biar. Mme Georgette VERNHES, d'In-kermann, hôtel Albert, à Alger ; M. Jack AMAR ; M. HUET ; M. Jean-Marc LAURENS, 126, rue Michelet ; M. Jean-Louis RICHARDOZ, fils du propriétaire du Coq-Hardi, demeurant 28, chemin Abdel-kader.

Ont pu regagner leur domicile après soins reçus à la clinique Lavernhe : Mlle Suzel FAYOLLE, 36, avenue de Maubeuge ; Mme Lucienne GŒTZ, 1, rue Zola ; Mme Michèle JOBERT, chemin Bobillot ; Mme Lucie SAID, 16, rue Valentin ; Mme Paul SMADJA, 2, passage Wagram ; M. Henri JIAN, 2, rue de Bône , M. et Mme Saiil NATHAN, 1, rue Jules-Ferry.

DE NOMBREUX BLESSES LEGERS
D'autres blessés, légèrement atteints, ont été soignés dans des pharmacies De plus, une dizaine de personnes dont l'identité n'a pas été retenue ont reçu des soins à l'hôpital militaire Maillot où elles avaient été admises, toutes ont pu regagner leur domicile.