« La politique algérienne du général De Gaulle est un crime contre l'humanité, elle n'est qu'ignominie et déshonneur »
Jean Bastien-Thiry
L’inverse de Frédrich Sieburg qui demandait « Dieu est-il français ? », je pose la question à nos parlementaires : le mensonge, ou plutôt, comme je suis indulgent de nature, l'inversion du mensonge et de la vérité est-elle entrée dans leurs mœurs au point qu'ils soient persuadés, depuis plus d'un demi-siècle, que la vérité, en politique, fait du mal à la France !
Alors on ment ! On ment encore ! On ment toujours ! On déforme les actes, les faits, et même l'Histoire de France qui n'est plus ce qu'elle a été depuis des siècles ! Ainsi, permettez-moi un flash-back sur la séance qui s'est déroulée le 10 juin 1999 à l'Assemblée Nationale, une séance valant son pesant d'or parce que, pour la première fois selon les affirmations de nombreux parlementaires, nos chers députés, dans l'unanimité et en parodiant Jaurès, prétendaient avoir le courage de rechercher la vérité et de la dire. !
Les Parlementaires ont réalisé un exploit. Ils ont « assis la légitimité et le devoir de mémoire de la Nation » en demandant que soit votée une loi afin de remplacer l'expression « opérations effectives en Afrique du Nord » par l'expression « guerre d'Algérie » Beau programme en effet, vaste programme... Comme les zones d'ombre sont soigneusement écartées, on baigne en pleine lumière et...en pleine illusion.
« C’était une guerre » affirmait le rapporteur de la Commission des Affaires Culturelles. Il en apportait pour preuve les plaques apposées sur le cercueil du soldat inconnu d'Algérie à Notre Dame de Lorette et sous l'Arc de Triomphe. C'était une guerre, soit. Elle a fait suffisamment de morts parmi les civils, les militaires et les jeunes appelés français pour le démontrer, mais le plus curieux c'est qu'elle a continué à massacrer tout ce qui était français, y compris les civils et les soldats français musulmans bien après un cessez-le-feu observé unilatéralement par la France.
J'ai admiré le lyrisme du discours du rapporteur : « Assumons notre Histoire ! Mettons fin à l'hypocrisie latente ! C'est l'honneur d'un peuple et d'une nation que de reconnaître et d'assumer son Histoire ! Oui, rompons avec un tabou d'un autre temps ! Oui, la représentation nationale l'affirmera avec force et détermination ! Oui, en Algérie, c’était la guerre ! » Ce qu'il n'a pas dit, c'est que ce fut une guerre gagnée par la France avant que Charles De Gaulle transforme la victoire de nos soldats en capitulation devant un ennemi vaincu, ce qui, à ma connaissance, ne s'était encore jamais vue dans... L'HISTOIRE DE FRANCE !
Rappelez-vous, Messieurs, les paroles de « l'homme providentiel » fondateur de cette cinquième République rouge du sang de ses fils : « L'Algérie nous coûte - c'est le moins que l'on puisse dire - plus cher qu’elle ne nous rapporte. C'est un fait, la décolonisation est notre intérêt et, par conséquent, notre politique. ». Et je pense à ce qu'aurait répondu à ce général-président qui n'avait pas assis le devoir de mémoire de la nation, mais s'était plutôt assis dessus, le grand émir Abdelkader :
« Misérable ! Après tant d'années de lutte, j'ai reconnu que Dieu avait voulu que l'Algérie fût française. Dès lors, j'ai été votre loyal ami comme j'avais été votre farouche ennemi. J'ai dit à mes frères de s'incliner devant ce qui était écrit et j'ai compté sur vous pour veiller sur mon peuple que je vous confiais.
Et voici que maintenant vous abandonnez ce peuple aux démons de la haine et de la misère parce que vos caissiers ne sont pas satisfaits ! Mais il ne fallait pas venir ici changer notre destin et bouleverser nos vies. A cause de vous, une Algérie nouvelle est née : en la livrant aux ténèbres, vous avez perdu l'honneur, Misérable ! » (cf. J. Soustelle)
Messieurs les Parlementaires, le jour où, dans l'hémicycle, vous inviterez les Français rapatriés d'Algérie, Pieds Noirs et Harkis à s'exprimer, que vous vous donnerez la peine d'écouter ce qu'ils ont à dire, et qui ne ressemble en rien à vos beaux discours empreints d'humanisme, même émouvants pour quelques-uns, vous aurez enfin ce courage qui vous manque cruellement depuis plus de cinquante ans, celui de VOIR LA VERITE EN FACE ET L'ASSUMER !
Car, enfin, qu'ont dit les nombreux orateurs qui se sont succédé à la tribune ce fameux 10 juin 1999 ? : Il est juste, il est légitime d'appeler GUERRE ces événements qui, pendant huit ans, ont déchiré et ensanglanté la terre française d'Algérie, et cette décision est la preuve d'une volonté déterminée de « regarder l'Histoire en face et d'en faire matière à une construction de l'avenir. ». Cette exaltation n'est pas de mise car vous voulez tout rebâtir sur un terrain qui s'est effondré sous vos pieds.
C'était - et Joseph Hattab-Pacha l'avait prédit -une erreur lamentable, une erreur mortelle, que de continuer dans cette voie qui consiste à ne pas voir la réalité qui s'affiche incontestablement au-delà des murs de l'Assemblée Nationale, dans ce pays où on a osé, depuis, officialiser le 19 mars comme le premier jour de paix en Algérie, alors qu'après cette date maudite, il s'est ouvert un fleuve de sang, le sang de ces Français d'Algérie, de toutes ethnies, qu'ils aient été soldats ou simples civils, et cela, si vous restez coincés dans votre « politiquement correct », vous ne l'avouerez jamais !
Pour prendre la décision de donner à l'insurrection prétendue algérienne (mais fomentée par les pays arabes, tout le monde le sait, et on commence à en voir les résultats aujourd'hui) le nom de guerre, un de ces députés a été jusqu'à affirmer : « dire l'Histoire, c'est assurer le respect dû aux peuples qui se sont opposés, les peuples français et algériens. ».
Et comment qualifiait-il cette guerre ? Comme une guerre entre nations ? Mensonge ! Eh bien, non, ce n'est pas vrai ! Vous ne dites pas l'Histoire, bien pis, vous l'écorchez encore parce que vous ne dites pas la vérité. Au début, ce n'était même pas une guerre civile. Tous les habitants de l'Algérie, qu'ils aient été indigènes ou européens, tous, sans exception, ont été les victimes d'un mouvement terroriste impitoyable et barbare, fomenté par des nations étrangères et hostiles, qui a fait plus de victimes chez les Français-musulmans que chez les Français d'origine européenne !
Car il n'y avait pas, en Algérie, un peuple français et un peuple algérien.
Ces quinze départements français étaient peuplés, depuis 1865, bien avant Nice et la Savoie, de nationaux français... Alors, comment qualifier votre guerre ? Etait-ce une guerre civile ? On aurait pu le croire, dans la période qui a précédé l'indépendance lorsque l'Armée française s'est acharnée sur ses compatriotes français mais avant cette infâme palinodie, il s'agissait bien d'une épouvantable guérilla menée par un terrorisme sans nom et sans visage non seulement contre l'Armée française mais aussi contre tous les habitants de l'Algérie.
Il est établi que le F.L.N. n'a jamais représenté plus de 15% de la population musulmane. Seulement, les méthodes employées par ce groupuscule terroriste étaient les plus barbares, les plus sanguinaires, les plus cruelles qui soient et le petit peuple des douars et des mechtas a été parmi les premiers à être confronté à la terreur, une terreur sans nom, sans visage même...
Les Parlementaires français qui ont pris cette décision, avec autant d'incompétence que d'imbécillité, voudraient nous persuader que la France a fait une guerre injuste à « une Nation qui bâtissait alors, par sa lutte armée, l'une de ses fondations. ». Ils ont affirmé, en outre, que la plupart des « Algériens » adhéraient à cette lutte armée et « qu’ 'il s'agissait d'un conflit opposant deux nations ! »
Les Français d'Algérie refusent de « rajouter le déshonneur aux malheurs d'une décolonisation ratée ». Ils ne peuvent accepter de tels propos, pas plus qu'ils ne peuvent accepter que l'on substitue le mot « guerre », lourd de sens, au mot « pacification » et le mot « décolonisation » au mot « abandon ». Mais, hélas, les Français d'Algérie sont une minorité dans ce pays qui sombre vers la décadence, un peu plus chaque jour !
Car Charles De Gaulle a commis un grand crime, un crime d'Etat. Il a abandonné les quinze départements français d'Algérie et leurs habitants aux mains de terroristes sanguinaires, et les rodomontades, l'autoglorification, n'y changeront rien.
Sur le terrain, nos anciens combattants l'ont gagnée, cette guerre. Ils l'ont gagnée dans la misère, la souffrance et le sang. Ils ont le droit d'être honorés pour cela. Les 3.000 d'entre eux qui sont morts, non pas dans des combats réguliers, mais, pour la plupart, dans d'odieux guet-apens et attentats, sont morts pour la France et personne ne le conteste.
Mais les autres, les combattants patriotes, qui se sont révoltés contre la forfaiture gaulliste et l'inconcevable alliance de la France avec l'ennemi qu'elle combattait depuis des années, n'ont rien fait d'autre que continuer le combat que ces premiers morts avaient entamé afin de défendre une terre française. Ils ont supporté l'exil ou la prison parce qu'ils refusaient la trahison. Ils ont été condamnés par des Tribunaux illégaux et fusillés parce qu'ils continuaient la lutte engagée par leurs prédécesseurs. Ces patriotes-là sont morts pour la France et c'est là une vérité que nos hommes politiques devraient bien reconnaître et assumer.
Par contre, les porteurs de valises, qu'ils soient aujourd'hui Ministres ou Députés Européens, ceux-là, puisque c'était une guerre, se sont rendus coupables de complicité avec l'ennemi en temps de guerre, ce qui aurait dû leur valoir d'être condamnés à mort et exécutés.
Notre équipe, composée en majorité d'acteurs et témoins de ces événements que les Parlementaires ont décidé à l'unanimité de reconnaître comme une guerre présentée, à tort, comme l'opposition de deux nations différentes, lutte pour autre chose. Nous luttons pour cette vérité qu'ils ont refusé de regarder en face, malgré toutes leurs belles affirmations.
Nous luttons pour obtenir la « repentance » de la France pour ce crime qui a consisté à abandonner ses propres soldats, les Harkis, aux mains des égorgeurs et des tortionnaires. Nous luttons pour que la France reconnaisse un autre génocide que celui du peuple arménien, un génocide qui la touche de près, celui de ses ressortissants français, d'origine européenne ou musulmane, qui, durant les cent jours qui ont séparé le soi-disant cessez-le-feu d'une indépendance accordée par la France sans donner d'autre choix aux habitants de cette terre encore française, ont été, approximativement - et les historiens honnêtes commencent à le reconnaître - au nombre approximatif de 175.000 à être massacrés sans aucune intervention de la Métropole ivre d'égoïsme et éperdue, comme nos Parlementaires actuels le sont encore aujourd'hui, de décolonisation.
Alors, on est parvenu, non seulement à transformer une victoire en défaite, mais aussi à ancrer et à prolonger dans les esprits de ceux qui ne recherchent pas la vérité, mais les prébendes, ce renversement des alliances opéré sur le terrain qui voulait faire croire, pour justifier l'abandon des populations attachées à la France, que le seul ennemi, celui qui devait être écrasé, c'était le Français d'Algérie.
Sommes-nous les seuls à rendre hommage à ceux qui ont combattu contre tant d'injustice ? Beaucoup de voix s'élèvent et se heurtent à « l'omerta » du politiquement correct. Qu'au moins la conclusion de ce commentaire soit un hommage aux vivants et aux morts qu'on oublie volontairement car, c'est l'évidence même, nos hommes politiques ont honte de reconnaître publiquement que les Français, qui se sont levés contre l'abandon d'une partie du territoire national et des populations qui la peuplait, ont été écrasés par une force supérieure, sans foi ni loi, qui affirmait représenter la France. Ceux-là ont peut-être perdu la guerre, mais ils ont bien été les seuls à conserver L'HONNEUR. ■ |