Ces fatalités qui nous dépassent la chronique d'Anne Cazal

 
 
   
 

« Il y a, quelque part, une condamnation, une fatalité, qu'il faut assumer positivement »Abdelaziz Bouteflika
Avant que nous célébrions le quarante-cinquième anniversaire de notre exil, la France, dit-on, aura changé de visage, car les prochaines élections présidentielles approchent à pas de géant...
Pourtant, ils sont nombreux, ceux d'entre-nous, qui affirment que notre pays est entré en agonie et que rien, désormais, ne pourra empêcher sa disparition... Je ne souscris pas à ce que certains appellent évidence. Pour moi la France n'est pas une notion abstraite. Elle ne se limite pas à soixante millions d'individus dont bon nombre lui crachent dessus et la méprisent...
gens assez désespérés pour regretter leur appartenance à la Nation Française, et puis, d'autres, assez lucides pour répliquer que l'identité française était leur pilier...
Quoi que l'on puisse dire, nous appartenons tous à la communauté qui nous a faits, à la Nation de nos pères, et nous n'avons pas le droit de renier nos origines. Tout ce qui fait notre vie, tout ce qui nous attache à aimer, nous appelle, aujourd'hui, à former le dernier carré, prêt à jeter ses dernières forces dans cette bataille qui n'en finit pas, dans cette guerre de cent ans, qui en a déjà quarante cinq, et dont nous ne verrons probablement pas la fin.

 
Anne Cazal
       

Mais rien ne nous permet d'augurer que l'Histoire sera éternellement dupe du mensonge gaulliste, qu'elle continuera, jusqu'à la fin des temps, à confondre grandeur et démence, machiavélisme et incohérence. Un jour, inévitablement, l'aspect des conséquences, lorsque la France ne sera plus qu'un champ de décombres, fera refluer la mémoire nationale vers ce qui pourrait bien être LE FONDEMENT DES CAUSES.
Alors, le Français lambda, celui que, par euphémisme, on nomme citoyen, pourra réaliser l'importance de cette vérité première que nous n'avons cessé de crier, jusqu'à ce que notre voix s'éteigne, dans le désert de son indifférence : LA DECADENCE DE LA FRANCE DECOULE DE L'ABANDON DE L'ALGERIE FRANÇAISE !
On ne sait si c'est le Ministre de l'Intérieur, le Président de l'UMP, ou le candidat à l'élection présidentielle de 2007, qui vient d'effectuer le traditionnel voyage en Algérie, ces trois personnages étant réunis en un seul, M. Nicolas Sarkozy. Il serait tout à fait plausible que le candidat à l'élection présidentielle de 2007 soit déjà en quête du soutien des banlieues parisiennes à sa candidature et qu'il aille en chercher l'assurance auprès du raïs d'Alger !

 
       
   
le système colonial est injuste
   
         
 
Car, pour s'attirer les bonnes grâces algériennes, nous constatons qu'il a cru bon devoir déclarer que « le système colonial est injuste ». Il a peut-être confondu l'apport de la civilisation française en Algérie, la fin des Barbaresque et l'abolition de l'esclavage, avec la terreur que fit régner l'occupant soviétique sur la Hongrie... Et peut-être, aussi, assimile-t-il la prise d'Alger à la répression de Budapest... Qui sait ?...
A Alger, dans une soirée donnée devant un parterre de ressortissants français, le Ministre de l'Intérieur en a rajouté, en déclarant : « J'ai dit au Premier Ministre Abdelaziz Belkhadem qu'on ne peut pas demander aux fils de s'excuser des fautes de leurs pères. ». Il sera peut-être étonné, un jour, lorsque la France ne sera plus la France, quand son fils lui demandera de se repentir d'avoir été l'héritier, en chef, du plus grand des... imposteurs. Outre le fait que la repentance, au plan intellectuel est une absurdité, nous ne considérons pas que nos pères, que nous avons vu œuvrer pour sortir des marécages une misérable boue humaine, abandonnée au joug terrorisant de l'occupant turc, dont ils ont fait des hommes libres et civilisés, auraient, en cela, commis une faute, ou des fautes, c'est selon...
Cette repentance nationale décalée, pantomime à laquelle sont prêts à se livrer nombre de Français de Métropole égarés, serait fondée sur une sorte de justice rétroactive, qui condamnerait, fallacieusement, à la seule lumière des dépravations actuelles, ce que De Gaulle, le mentor de tous les gaullistes, dont, bien évidemment Nicolas Sarkozy, appelait « l'œuvre magnifique de la France Outre-Mer ».
Doit-on inviter le Président du mouvement gaulliste, et tous les carriéristes politiques, hommes ou femmes, de droite comme de gauche à relire, par exemple, le discours de Charles De Gaulle, prononcé à Bordeaux, en mai 1947 : Comme nous supposons que vous comprenez le français,
eh ! bien, lisez, Messieurs : Je cite « En songeant à l'effort poursuivi par la France depuis quatre siècles, à travers quelles vicissitudes, pour ouvrir d'immenses territoires à la civilisation, en mesurant les trésors d'activité, d'efficience, de courage, qu'ont, sans relâche, déployés nos explorateurs, soldats, marins, administrateurs, techniciens, colons, médecins, missionnaires ; en admirant les capacités des chefs qui s'y prodiguèrent tels les BUGEAUD, les PELISSIER, les FAIDHERBE, les CAMBON, les LAMY, les BRAZZA, les LYAUTEY,pour ne citer,parmi les morts des cent dernières années, que quelques-uns parmi les plus grands, OUI. NOUS POUVONS RELEVER LA TETE !
Grâce à nous, des peuples de toutes les races humaines, naguère plongées, pour la plupart, dans cette torpeur millénaire OU L'HISTOIRE NE S'ECRIT MEME PAS, découvrent, à leur tour, la liberté, les progrès, la justice. Chez eux, grâce à nous, naissaient des élites nouvelles, que nous élevions, non pas pour qu'elles abusent des autres, mais pour qu'elles les entraînent vers un sort plus digne et meilleur.
Y avait-il des ombres au tableau ? Oui, sans nul doute. Aucune œuvre humaine ne fut jamais accomplie sans erreurs. Mais enfin, ces territoires, qu'eussent-ils été sans la France ? Et qu'est-ce que la France en a fait ?
Pour le bien comprendre, il faut voir ce que, cent ans après la pacification, EST DEVENUE NOTRE ALGERIE. Il faut parcourir ces cultures admirables qui, sur des millions et des millions d'hectares, où moururent à la peine tant de colons et de soldats, couvrent maintenant des espaces auparavant misérables.
Il faut voir les ports, les routes, les barrages, les écoles, les hôpitaux que nous y avons construits. Il faut voir, qu'à notre arrivée, un million d'hommes vivaient à grand peine sur le territoire algérien, qui en nourrit, aujourd'hui, dix millions ! ».
Qui dirait, après cela, que « Le plus grand des Français » n'a pas reconnu l'aspect positif de la colonisation ?
Voilà ce que De Gaulle affirmait en 1947. Il n'était pas encore question de repentance pour avoir « sorti de leur torpeur millénaire », ces épaves humaines, sans avenir, et sans passé, abandonnés de l'Histoire comme de l'Humanité toute entière, ces habitants de cette terre qui ne s'appelait pas encore Algérie, et que nos pères ont trouvés dans un état tellement pitoyable, « errant comme des cadavres au fil de l'eau », ai-je écrit un jour....
La faute de nos pères, c'est de les avoir réconfortés, soignés, éduqués, civilisés, d'en avoir fait des hommes à part entière ! La faute de nos pères, c'est d'avoir transformé un cloaque infâme et des terres arides en « cultures admirables » ! La faute de nos pères, c'est d'avoir appris le mot «fraternité » à toutes ces hordes qui se décimaient et s'épuisaient en luttes tribales ! La faute de nos pères, c'est d'avoir apporté la paix ! La faute de nos pères, c'est d'avoir aimé, aimé à en mourir, cette petite France construite de leurs mains et tous ses habitants !
Le mot « colonisation » est, aujourd'hui, synonyme du mot « crime » dans le vocabulaire d'une intelligentsia qui, en réalité, en commet un, de crime, et contre l'intelligence, s'il vous plait, puisque chacun se borne à réciter des formules dépassées, consciencieusement inculquées par le marxisme.
Que ceux des nôtres qui pensaient que le candidat à la Présidence de la République les considéraient comme des Français à part entière, dont les comptes ne pouvaient se régler qu'au sein de leur famille, la France, révisent leur opinion... Pour lui, comme pour les autres, d'ailleurs, nous ne représentons plus que de la poussière d'hommes, une poussière emportée, un peu plus chaque jour, par le vent de l'Histoire, une poussière sans importance, à laquelle il n'accorde, ô suprême faveur, que le seul privilège de n'avoir pas à demander pardon pour les fautes de ceux dont elle est issue !
Ah !... Laissons la conclusion à un vrai Maréchal de France, qui a gagné ses galons en libérant la Patrie, mais qui, sous le second règne de « L'homme de Londres », s'est révolté contre l'abîme où ce dernier nous entraînait...
« La France, disait le Maréchal Juin, La France est en état dépêché mortel... Elle connaîtra, un jour, le châtiment... ».
Ce à quoi, d'Outre-tombe, Victor Hugo répondait : Ce serait une erreur de croire que ces choses I Finiront par des chants et des apothéoses,! Certes, il viendra le rude et fatal châtiment...
Et certainement, ce châtiment-là, pour tous les Français, dont nous sommes, aura le goût d'une «potion amère » !

In lettre de VERITAS N° 108 décembre 2006  Anne Cazal