Rien ne m'irrite autant que de voir mes compatriotes observer scrupuleusement certaines des règles du politiquement correct, lorsqu'ils osent - et ils ne le font pas souvent - livrer une critique sur le responsable de notre malheur...
« Oui, mais le Gouvernement de l'époque est impliqué dans tel ou tel massacre... Oui, mais le Gouvernement de l'époque est blâmable, critiquable, répréhensible, coupable, condamnable... Le Gouvernement de l'époque a mal agi envers des Pieds Noirs qu'il a indemnisé à peine à 22% de la valeurs de leurs biens... Le Gouvernement de l'époque a mal agi envers les Harkis qu'il a abandonnés aux mains des égorgeurs ou parqués dans des camps, ou internés pour qu'ils se taisent, etc. etc. ».

 
 

Assez ! Assez de jérémiades et de faux fuyants, Messieurs les Beni oui oui ! Appelez enfin le coupable par son nom, le Gouvernement de l'époque, en réalité, était entre les mains d'un dictateur fou qui jouait avec ses thuriféraires comme un marionnettiste avec ses marionnettes... Combien de petits Talleyrand, courbés par l'âge mais gardant encore leur superbe, sont venus rendre hommage à feu leur maître, le 9 novembre dernier à Colombey ? Cela me rappelle d'avoir lu, sous la plume d'un pamphlétaire célèbre, André Figueras, cette illustration tout à fait exacte du Gouvernement de l'époque : « Napoléon disait que Talleyrand était « de la merde dans un bas de soie ». Pour les ministres de De Gaulle, retirez le bas de soie »...
Ainsi, puisque, au sujet des fameux « accords d'Evian » on va en afficher, en toute innocence, la « violation » sur une plaque, au cœur de Paris, je pense qu'il ne sert à rien de s'aplatir devant les affidés du poison gaulliste, les héritiers de ceux que j'ai cités plus haut, parce que, après avoir promis d'en faire mention, en bons gaullistes, ils ont passé à la trappe les dates sanglantes du 26 mars et du 5 juillet...
Cela est normal car, qui, de Chirac, de Villepin ou de Sarkozy, avouerait que le Chef du Gouvernement de l'époque, qui représentait, seul, selon toute la presse qui s'imprimait en France, à l'époque, la discipline, l'ordre et la loi, faisait tirer au canon et à la mitraille sur les drapeaux tricolores qui pavoisaient les balcons d'Alger ou d'Oran, couleurs de la France devenues, par son seul arbitraire, séditieuses sur un territoire encore français ?
Le 26 mars, crime dont on parle encore, même au bout du monde, est ignoré de la majeure partie de nos compatriotes métropolitains... Pourquoi ? Parce qu'à Paris, coule un immense fleuve d'oubli qui prend sa source dans un mythe dont les Français découvriront un jour, quand il sera trop tard, hélas, la malfaisance !

 
 
Joseph Hattab-Pacha
 

Pourtant, qu'on le veuille ou non, qu'on en affiche la date sur une plaque, ou qu'on la dissimule dans une cache plus profonde qu'un tombeau, le 26 mars 1962, encore visible à l'œil nu dans le domaine spirituel, figurera un jour dans l'Histoire de France comme la date d'un crime franco-français parce que, ce jour-là, répétons-le encore et toujours, une foule sans armes et sans aucune intention belliqueuse, une foule digne de femmes, de vieillards, d'enfants, dont le silence n'était rompu que par quelques « Vive la France ! » a été abattue, presque à bout portant par des troupes régulières de l'Armée Française spécialement choisies pour leur frénésie bestiale et meurtrière !
Et là, je ferai la même réflexion que le Docteur Barisain, réflexion qui oppose l'hommage traditionnellement rendu à Rossel, insurgé contre la République et celui qu'on voudrait nous interdire de rendre à Degueldre.
La fusillade de la rue d'Isly a fait quatre fois plus de morts que celle du 6 février 1934 à Paris qui souleva la colère du peuple français tout entier, y compris, et surtout, les communistes. Après le 6 février, il y a eu désignation d'une commission d'enquête, d'interminables palabres parlementaires, de prolixes témoignages, bref, une affaire d'Etat.
Pour le 26 mars, pas d'enquête, pas de témoins. Jetés pêle-mêle à la morgue, les corps entassés des femmes, des enfants des vieillards. Corps qui ne furent pas rendus aux familles, mais enterrés à la sauvette. Un livre blanc, publié sous le patronage des Députés du Groupe Unité de la République fut interdit dès parution. Les grands crimes se perpètrent dans l'ombre et les grands dictateurs ont tous les droits, y compris celui d'organiser des massacres d'innocents selon le seul avis autorisé, celui des lâches, des petits Talleyrand dont j'ai parlé plus haut, qu'ils se nomment Fouchet, Debré ou autres...
Quant au 5 juillet, on peut chercher dans la presse française de l'époque, bien pensante, mais aussi bien soumise aux ordres du Chef de l'Etat, soucieuse que d'une chose, éviter la draconienne censure gaulliste, un seul mot honnête sur ce carnage. Cherchez, vous ne trouverez pas. Alors qu'en Angleterre, qu'en Amérique même, des journalistes horrifiés racontaient l'horreur à laquelle ils avaient assisté, en France, rien. On signalait seulement quelques troubles insignifiants, l'équivalent d'une bousculade... Passez, il n'y a rien à voir... Les « grandes consciences » de l'intelligentsia étaient soudain devenues muettes !...
Il y aura plus d'échos sur l'étoile de la promotion de Katz pour avoir scrupuleusement respecté les ordre criminels, non pas du Gouvernement de l'époque, mais uniquement et directement reçus de son Chef, mais encore - il y a de quoi exploser de rage, rien qu'en écrivant cette vérité - sur la citation reçue par « le boucher d'Oran » pour ce haut fait d'arme, citation qui faisait l'éloge de son humanité et de sa modération...
A l'époque, on pouvait se dire que les Français ignoraient que le grand, le puissant, le génial Charles De Gaulle, avait le pouvoir de les faire marcher sur la tête, uniquement par le verbe... Voilà 36 ans que la chaudière a explosé, mais la puissance de la vapeur était telle que nous subissons encore les sursauts et les soubresauts de ce monstrueux système qui a envahi la France depuis 1944...
« Le Gouvernement de l'époque a trahi les Pieds Noirs... » affirment poliment ceux des nôtres animés par le goût des honneurs ou la soif des prébendes... On ne peut pas s'exprimer autrement... Le « général » est toujours le « général » même si ses os ne sont plus que poussière... une poussière monstrueuse qui a le pouvoir de dominer les hommes, de déformer les esprits, de détruire les consciences...
Moi, je vous dis encore, et je le dirai jusqu'à ce que ma voix s'éteigne : Notre communauté est responsable de la situation dans laquelle elle se trouve... Composer avec les hommes qui prétendent se référer, encore, à la politique gaulliste, tenter de collaborer avec ceux qui n'ont jamais désavoué les idées, les doctrines et les actes qui ont engendré tant et tant de catastrophes jusqu'à mener la France actuelle à l'abîme dans lequel elle va s'engouffrer, là est l'erreur fatale des éprouvés que nous sommes !
Que puis-je vous ajouter, sinon ce que je vous répète sans cesse depuis dix ans. Ce n'est pas le Gouvernement de l'époque qui nous a menés, qui a mené la France au bord du précipice, c'est De Gaulle et il n'est pas concevable, il n'est pas possible de parler à mots couverts pour éviter une rupture avec des Autorités qui subsistent encore sous le règne du mensonge...
Si nous voulons sortir du marasme, sachons bien, une fois pour toutes, qu'il y a des silences qui sont aussi coupables que des complicités. N'hésitons plus, dans ces temps de rupture, à rompre avec ces gaullistes, de droite comme de gauche, qui continuent à nous mentir, à nous bercer de fausses promesses, et à se gausser de nous.
La vérité n'est pas un vain mot. Nous l'avons choisie, à VERITAS, comme emblème, comme drapeau et comme bouclier car cette vérité que nous défendons est l'honnêteté de l'esprit sans laquelle toutes les entreprises échouent et se pourrissent, en fin de compte...
Nous y voilà, à la fin du compte, dans cette France défigurée où les bourreaux deviennent des défenseurs et les défenseurs des bourreaux, dans cette France asservie aux puissances étrangères comme aux puissances occultes, dans ce pays égaré où l'inversion des valeurs règne dans tous les domaines...
Mais parce que notre amour de la vérité porte en lui, tout naturellement, notre amour de la Nation française, nous exigerons du futur Chef de l'Etat, quel qu'il soit, ce geste de réconciliation envers nous comme envers les héros qui nous ont défendus, ce geste de vérité que nous attendons depuis 45 ans !
Alors, peut-être, lorsque le nouveau Gouvernement de l'époque nouvelle qui s'ouvre devant nous aura reconnu le bain de sang que l'égarement et l'orgueil d'un mentor dépassé a contribué à faire couler, la malédiction qui pèse sur la France laissera la place à un ordre nouveau et le temps des hypocrites et des pharisiens prendra fia.
Et sera peut-être rompu le silence qu'on nous impose depuis 45 ans...l Les faveurs et les prodigalités incroyables consenties à l'actuel potentat d'Alger - jusqu'à pourvoir faire modifier des lois françaises votées par notre Parlement, approuvées par notre Sénat, et officialisée par la signature de notre Président de la République !
- cesseront alors parce qu'en réalité, elles n'ont pas d'autre but que de maintenir la chape de silence, de mois de silence, d'années de silence, et bientôt d'un demi-siècle de silence, qui pèse sur notre
Histoire, précisément pour dissimuler la gravité des fautes accumulées, non pas par le Gouvernement de l'époque, mais par le dictateur Charles De Gaulle !
Je ne suis pas le seul à le penser... Les réflexions que je vous livre, aujourd'hui, ont été merveilleusement résumées dans le discours de mon ami Alain Algudo, Président du Comité de Défense des Français d'Algérie, lors du congrès de Béziers du 25 novembre dernier, auquel était conviée l'équipe de VERITAS qui s'y est rendue, avec plaisir. D'entrée, dans son discours, M. Algudo a lancé un appel à l'union, cette union qui est notre seule bouée de sauvetage dans la montée de la marée du mensonge d'Etat instauré par Charles De Gaulle et poursuivi, depuis par ses affidés et leurs héritiers. Comment ne pas souscrire à l'appel de notre ami lors qu'il préconise de « ne pas nous tromper d'ennemis, et, dans notre grande famille, favoriser un climat d'unité dans l'action et de main tendue entre nous, sans attaques stériles qui ne mènent qu'à la division dont sont friands nos adversaires et ennemis ».
Utopie, direz-vous ? Non, sages paroles et si « utopie » il y a pour certains, alors soyons utopiques en ce temps de l'Avant et livrons-nous à un examen de conscience : Ceux qui pensent pouvoir modifier le front uni des gaullistes encore au pouvoir se trompent... Il ne sert à rien de vouloir négocier avec le diable. Il faut, au contraire le combattre, avec les pauvres armes que nous avons dans les mains, c'est-à-dire, nos plumes, nos discours, notre vaillance et notre foi.
Le 25 novembre dernier, des auditeurs nombreux et attentifs ont chaleureusement applaudi le Docteur Barisain parce que se fonder sur l'Histoire pour défendre les vérités occultées par ceux qui ne sont que les faussaires de l'Histoire est une idée de génie... Nous en avons, de temps en temps, qui devraient être exploitées en commun, et je lance un appel à tous pour les soutenir.
Ainsi, par la magie de la dialectique, en analysant la réalité des faits, en mettant en évidence les contradictions du mensonge gaulliste, en rejetant le mysticisme actuel, en suscitant un mouvement de conscience, en faisant appel à l'intelligence dont nul être humain n'est dépourvu, nous arriverons à supplanter le fruit nauséabond de l'orgueil et du mensonge, à faire tomber de son piédestal et de son mémorial, l'idole dont la voix d'outre-tombe abuse encore les Français.
Car aucun éloge du « Guide », aucun « mémorial », si luxueux soit-il, ne pourra jamais masquer l'ampleur des ruines, ni le péril, de plus en plus proche, de devoir en supporter d'autre par la faute, non pas du Gouvernement de l'époque, mais par celle d'un seul homme dans lequel tout le Pouvoir résidait et qui s'est lourdement trompé : Charles De Gaulle !
Comment et pourquoi, des hommes politiques, de droite comme de gauche, peuvent-ils encore manquer à ce point d'imagination pour, à tout bout de champ, et dans tous leurs discours, se fonder sur une politique qui, depuis 1944, n'a apporté aux Français que déboires et désillusion, comme si chacun d'eux souhaitait voir diriger la France dans la continuité de l'imposture gaulliste ? Personne ne se rend donc compte que si le « général » est mort, si sa dépouille n'est plus que poussière, sa politique versatile et ses palinodies, sont aussi à ranger définitivement dans le placard à balais de l'Histoire ?
Quant à nous, peut-être est-il écrit au Grand Livre de la Justice Divine que la cause pour laquelle nous avons tous vécu, pour laquelle les plus valeureux d'entre nous sont morts, trouvera un jour sa place, une place honorable... C'est mon vœu le plus cher et dans cet espoir, je vous souhaite un Noël paisible, lumineux et lucide !
In Editorial de la lettre VERITAS N°108 de décembre 2006
par Joseph Hattab-Pacha