Voyage de Nicolas Sarkozy en Algérie au pays des racistes
   
 

A quelques jours de la visite officielle de Nicolas Sarkozy, à Alger, (du 3 au 5 décembre 2007), les propos du ministre algérien des anciens combattants du 26 novembre 2007, ont provoqué un réel tollé en France. Après avoir clairement exprimé son opposition à la venue du chanteur Enrico Macias, ce dernier remet maintenant en question la nomination de Nicolas Sarkozy, qui aurait été, selon lui, largement favorisée par un "lobby juif ", et n’hésite pas à faire référence aux " origines juives " du président de la République française. Propos qualifiés d’antisémites et d’inacceptables en France.
"Je ne crois pas que les relations entre l’Algérie et la France soient fondées sur le principe d’égalité. Vous connaissez les origines du président de la France et vous savez quelles sont les parties qui lui ont permis d’accéder à son titre de président".
C’est ce qu’a déclaré le 26 novembre 2007 Mohammad Abbès, lors d’une interview pour le journal algérien El Khabar.

     
   
     
 
 

Ce dernier a fait allusion aux "convictions des vrais architectes de l’ascension de Nicolas Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui domine les décideurs de la France".

De tels propos viseraient à remettre sur le tapis la question de la repentance française, refusée jusqu’à aujourd’hui par l’hexagone. D’ailleurs, Nicolas Sarkozy s’était mis d’accord avec son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour ne pas aborder ce sujet lors de sa visite à Alger.

Décision que Mohammed Chérif Abbès ne semble pas approuver, puisque ce dernier a clairement affirmé que la repentance française serait la "condition sine qua non" de l’amélioration des relations Franco-algériennes.

"Aujourd’hui, des rapports d’égal à égal ne sont pas envisageables, les Français n’y sont pas prêts, et particulièrement sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Si je devais rencontrer le président demain, je lui dirai "faute avouée est à demi pardonnée", a affirmé Mohammad Abbès. Plus directement encore, celui-ci soutient que "si la France ne reconnaît pas les crimes qu’elle a commis en Algérie, une réconciliation n’est pas possible. Les relations ne dépasseront pas le cadre des échanges commerciaux. Un traité d’amitié sans excuses ? Pas question".

Le ministre algérien parle donc d’une simple "visite de courtoisie" du président français, et ne prévoit aucune détente entre les deux pays. "C’est seulement une visite de courtoisie qui a pour but de maintenir les relations bilatérales actuelles".

Incident d’autant plus préoccupant qu’il intervient après l’histoire du chanteur Enrico Macias qui a finalement annoncé, le  lundi 26 novembre 2007, qu’il n’accompagnerait pas le président français à Alger. "Je ne me rendrai pas dans un pays où je ne suis pas le bienvenu", avait affirmé celui-ci.

Lorsque Nicolas Sarkozy a fait savoir, récemment, au Premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem, de l’éventuelle présence du chanteur, ce dernier s’était vivement opposé à cette probabilité.
Enrico Macias, originaire de Constantine, avait déjà dû annuler une série de concerts prévus en 2000 à cause de l’opposition du Premier ministre Abdelaziz Belkhadem. "Je n’ai pas changé d’avis", a soutenu ce dernier, inflexible.

Le gouvernement algérien persiste en effet à considérer Enrico Macias comme un chanteur juif, donc un représentant d’Israël, mais également comme un fervent défenseur de l’Algérie en tant qu’ancienne colonie française.

Ce voyage aurait pourtant constitué les premières retrouvailles du chanteur avec sa terre d’enfance, depuis son départ en 1962, après l’indépendance.
"Le président français m’a conseillé de patienter" a déclaré Enrico Macias, attristé qui a néanmoins précisé qu’il " retournerait un jour en Algérie quel qu’en soit le prix".

Il n’est pas utile de préciser que les propos tenus par Mohammad Abbès ont provoqué un réel tollé en France, où les réactions fusent de toutes parts.
Alex Poniatowski, président de la commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale française, s’est indigné de ce "dérapage algérien" considéré comme "grotesque, inutilement blessant, totalement déplacé et extrêmement grossier".

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a également tenu à exprimer son "écœurement" face à de telles déclarations.
"Je suis totalement scandalisé par ces propos. Tout cela participe d’un projet qui vise à détourner l’Algérie de ses vrais problèmes, d’empêcher les tentatives de réconciliation entre la France et l’Algérie et de torpiller le voyage de Nicolas Sarkozy", a déclaré Haïm Musicant, directeur général du CRIF.

"Les considérations de ce ministre sur l’origine juive du président témoignent de la résurgence de préjugés antisémites les plus nauséabonds. Aucune réaction du  recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, un raciste par ses propos envers la communauté des Rapatriés d’Algérie, qui préside le Conseil français du culte musulman, pour qu’il condamne les propos antisémites du ministre", a-t-il ajouté.

Pascale Andreani, porte-parole du Ministère français des Affaires Etrangères, s’est, tout d'abord dite "surprise" - "ces remarques ne correspondent pas au climat de confiance et de coopération dans lequel nous avons préparé cette visite" - avant d'indiquer, dès le lendemain, que "la France souhaitait des clarifications de la part d'Alger".

Très embarrassé par cette affaire, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, a réagi le jeudi 29 novembre 2007 en indiquant, via un communiqué, que les propos de son ministre "ne reflètent en rien la position de l'Algérie". Et de préciser : "La politique extérieure relève du domaine réservé du président de la République et de ses plénipotentiaires dont le ministre des Affaires étrangères". Pour autant, et jusqu'à cette heure, Abdelaziz Bouteflika n'a pas officiellement condamné les propos en cause.

Cependant, certains ont demandés l’annulation du voyage présidentiel, et c’est notamment le cas du socialiste Jean-Christophe Cambadélis qui a qualifié "d'insupportables" les propos tenus par le ministre algérien des Moudjahidine sur le « lobby juif ». " Selon lui, le fait que Enrico Macias ait décidé de ne plus faire partie de la délégation présidentielle démontre que l'odieux chantage a déjà porté. Se rendre en Algérie dans ces conditions, c'est avaliser le chantage et minimiser les propos".

Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part affirmé Nicolas Sarkozy ne pouvait se rendre "à Alger sans obtenir, avant, des excuses".

Mais au lieu de calmer le jeu, le ministre algérien n’a rien trouvé de mieux que de se déclarer "surpris et mécontent" des réactions.
"Dans cet entretien, je n’ai jamais voulu enfreindre le principe que respectent tous les responsables algériens et que m’impose mon obligation de réserve, c’est-à-dire ne jamais porter atteinte à l’image d’un chef d’Etat étranger".

Malheureusement pour lui, le ministre algérien a été on ne peut plus clair dans ses propos rapportés par le quotidien, incident qui prouve que les relations entre l’Algérie et la France sont encore loin d’être pacifiées.