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Comme vous le savez, le président
Bouteflika, le président Chirac, ont lancé les grandes
perspectives de ce partenariat d'exception avec le traité
d'amitié entre nos deux pays, c'était en 2003. Je
peux vous dire l'attachement de nos deux chefs d'Etat au traité
d'amitié.
L'Algérie et la France ont un grand besoin
de se retrouver. Elles se sont affrontées sans jamais perdre,
je crois, une forme d'attirance réciproque. Le temps est
venu de se tourner vers l'avenir sans oublier le passé, comme
les deux présidents l'ont proposé en 2003 lors de
la visite d'Etat à Alger du président Chirac.
Cela supposait un changement d'attitude, un nouveau
regard sur le passé commun ; des formes nouvelles de partenariat
pour que, d'un côté comme de l'autre, je dis bien d'un
côté comme de l'autre, on puisse se tourner vers un
avenir partagé et lucidement construit.
Tel est l'objectif fixé il y a trois ans
et auquel nous travaillons depuis lors. Le délai écoulé
peut paraître long ; de mon côté je ne le pense
pas car le travail est aujourd'hui bien avancé, il doit encore
se poursuivre, je pense que nous approchons peu à peu du
but.
Cette relation est exceptionnelle également
par la grande vigueur de notre coopération, la visite de
l'Ecole supérieure algérienne des affaires sera l'occasion
de rappeler, dans l'enceinte de ce grand projet lancé par
nos deux chefs d'Etat, en 2003, la volonté des Algériens
et des Français de travailler ensemble sur des projets très
ambitieux, et notamment dans le domaine de la coopération
scientifique ou de l'éducation.
Les projets les plus avancés, et qui feront
l'objet bientôt d'une signature, témoignent de cette
ambition d'accomplir ensemble la réforme des structures de
l'Algérie. Il en va ainsi d'une action d'appui à la
réforme du système algérien de sécurité
sociale menée par le groupement d'intérêt public
Santé Solidarité, en coopération avec le ministère
algérien du Travail et de la Sécurité sociale.
Il s'agit pour moi d'une expérience pilote de coopération
axée sur la fourniture d'expertises, de conseils et de formations
de cadres de haut niveau afin d'aider à la modernisation
du régime de sécurité sociale algérien.
Je voudrais également parler de la mise
en œuvre d'un fonds d'études et de renforcement des
capacités dans le domaine de l'éducation devant venir
en appui du système éducatif algérien. Cette
formation des maîtres, menée par l'Agence française
de Développement en étroite collaboration avec le
ministère de l'Education nationale, vient accompagner la
modernisation de l'éducation qui est l'avenir de ce pays.
Chacun des axes de notre action, qui fait l'objet
d'une étroite concertation pour les besoins identifiés
par l'Algérie, est mis en œuvre sur la base d'un partenariat
équilibré et coopératif. C'est d'ailleurs dans
cet esprit que j'ai pu aborder avec mon homologue, Mohamed Bedjaoui,
la rénovation de notre coopération culturelle, scientifique
et technique dans le cadre de nouveaux instruments que nous souhaitons
mettre en place avec l'Algérie. Nous avons souhaité
que notre relation rénovée prenne en compte les domaines
les plus importants qui sont ceux de l'éducation, de la santé,
de la recherche scientifique, par le biais du développement
de nouveaux pôles d'excellence.
Une relation d'exception enfin, et ce n'est pas
un sujet mineur, qui se traduit par un dialogue confiant et ouvert
sur les différents sujets régionaux et internationaux,
compte tenu du rôle majeur que joue l'Algérie, Monsieur
le Ministre d'Etat, sur la scène internationale, dans ses
relations d'Etat à Etat, comme dans les enceintes multilatérales.
Je pense en particulier au succès de la présidence
algérienne de la Ligue arabe, que je tiens à saluer,
mais aussi à l'Irak, où nous devons soutenir la voie
du dialogue politique, qui seule conduira à un retour de
la stabilité et à une marginalisation des groupes
terroristes ; Je pense aussi à l'Iran, où l'intérêt
légitime du pays, l'intérêt du peuple iranien
tout entier réside dans le développement de relations
de confiance et de coopération avec le reste du monde, ou
encore au Proche-Orient où la communauté internationale
attend du nouveau gouvernement palestinien qu'il endosse les processus
fondamentaux du Processus de paix, rappelés par le Quartet.
Sur la lutte contre le terrorisme international
aussi, qui est un fléau dont l'Algérie a particulièrement
souffert et contre lequel nous devons plus que jamais nous mobiliser,
notamment dans le cadre de la négociation en cours au sein
des Nations unies sur un projet de convention générale
de lutte contre le terrorisme ; car en effet je suis confiant que
les réponses aux défis majeurs qui se posent aujourd'hui
ne peuvent trouver d'issue que dans la concertation et dans le dialogue
entre partenaires.
C'est cette confiance qui me fait penser que nous
avons, nous Européens, un rôle à jouer avec
nos partenaires du Maghreb pour aborder les questions de sécurité
collective. La construction de grands ensembles régionaux
est primordiale pour traiter des questions les plus sensibles comme
les migrations ou le développement. C'est pourquoi la France
plaide sans relâche l'urgence d'une intégration maghrébine
qui profitera à toute la Méditerranée.
Voilà les mots d'introduction que je voulais
dire, Cher Collègue, avant de vous laisser la parole, et
en vous remerciant encore de l'accueil très chaleureux que
vous m'avez réservé vous, le Premier ministre et tout
particulièrement le président de la République,
ce matin, soyez en remerciés.
Q - Bonjour Monsieur le Ministre. Il y a deux petites
questions, une s'adresse à vous deux et l'autre est pour
le ministre des Affaires étrangères français.
Donc la question pour les deux : A la lecture un
peu et à vous entendre, on a l'impression que le traité
ne sera pas signé avant les élections présidentielles
françaises puisque le traité n'est pas un traité
d'amitié entre deux chefs d'Etat, mais entre deux peuples.
La deuxième question est pour le ministre
des Affaires étrangères français, vous appelez
à une intégration maghrébine, or au Maghreb,
il y a un problème, c'est le Sahara occidental, qui empoisonne
un peu les relations dans la région.
Monsieur le Ministre, est-ce que le 21 avril, lors
de la réunion du Conseil de sécurité, la France
va soutenir le plan de paix onusien ou le plan de paix, si vous
voulez, marocain ?
R - Sur le traité d'amitié d'abord,
et ensuite sur le Sahara occidental. Sur le traité d'amitié
d'abord, je me réjouis d'avoir entendu mon homologue dire,
en effet il l'a même dit lui-même il y a quelques semaines,
qu'il était toujours d'actualité, et que, c'est vrai,
ce n'est pas la peine de se le cacher, l'année 2005 avait
été une année ternie par les sujets qu'a abordés
mon homologue et ami, M. Bedjaoui. Nous avons plusieurs questions
à nous poser sur ce traité. Première question,
a-t-il été retardé par le débat sur
la loi du 23 février ? La réponse, évidemment,
est que la date de fin 2005 qui était donnée était
un objectif, c'est vrai, mais que fixer un objectif peut aider ;
cela a permis de hâter le travail des deux côtés,
mais il est évident que les délais importent moins
que cet objectif, et nous traitons d'enjeux importants qui engagent
l'avenir, M. le Ministre vient de le dire. Ce traité est
très important. Donc, oui nous continuons à travailler
et nous pensons qu'il faut dissiper les malentendus, le fait que
le président ait abrogé l'alinéa 2 de l'article
4 de cette loi est un élément politique important.
Le traité d'amitié, c'est une ambition
franco-algérienne qui doit venir consacrer un partenariat
fondé sur des relations exceptionnelles entre deux pays,
et c'est vrai, vous avez raison, entre deux peuples. Vous m'avez
posé la question à plusieurs reprises, en disant :
"et le peuple français, que pense-t-il de ce traité
?" Mais le peuple français souhaite évidemment
ce traité parce que ce sont des relations qui sont intimement
liées par l'histoire et la géographie.
Qu'y a t-il, deuxième question, dans le
traité d'amitié ? Que doit-être, ce traité
? Je crois qu'il doit former un cadre institutionnel pour le développement
de nos relations dans le cadre du partenariat d'exception que nous
bâtissons avec l'Algérie. Mais ce n'est pas qu'un cadre
institutionnel. Il s'agit également d'un engagement fort
à poursuivre et à approfondir nos relations bilatérales,
dans tous les domaines.
Alors troisième question, est-ce qu'il y
a des divergences entre les Français et les Algériens,
entre les Algériens et les Français sur le traité
d'amitié ? L'année écoulée a montré,
et M. le Ministre d'Etat vient de le rappeler, que des deux côtés
de la Méditerranée, on n'appréciait pas forcément
le passé commun de la même manière. Cette diversité
d'appréciation n'était pas seulement le cas de la
France et de l'Algérie, mais elle traversait aussi la conscience
de chaque peuple.
Les choses, et je le dis ici, devant tous les journalistes
ici rassemblés, les choses ont aujourd'hui, de ce point de
vue, décanté et je m'en réjouis. Pour le reste,
c'est à dire les multiples sujets qui tissent les relations
bilatérales, je crois que nos gouvernements n'ont pas dévié
de l'objectif initial, celui d'un partenariat profondément
renouvelé, auquel ils continuent de travailler aussi activement
qu'on le peut.
Et donc, je vous le dis ici, oui, après
avoir entendu le président de la République Abdelaziz
Bouteflika, oui, nous continuons à travailler, j'ai envie
de dire plus que jamais, à ce traité d'amitié,
et je suis vraiment très touché de voir à quel
point les deux chefs d'Etat se sont engagés à le réaliser.
Alors vous me demandez quand ? Avant les présidentielles,
après, je n'ai pas de calendrier spécial à
vous donner. Sauf que si justement nous arrivons à nous parler
et comme l'a dit M. Bedjaoui, à l'instant, c'est à
dire à refonder, à restructurer, à refonder
les relations, évidemment on peut aller vers un traité
d'amitié de deux partenaires à égalité,
c'est en tout cas ce que je souhaite vraiment pour mon pays, comme
pour l'Algérie.
Vous posez également une question, Monsieur,
sur le Sahara occidental. Le dossier du Sahara occidental a été
évoqué de manière constructive. Le dialogue
est étroit entre nos deux pays. Il peut y avoir parfois entre
amis des divergences d'appréciation. Mais permettez-moi de
vous dire, qu'après l'échec des différentes
formules envisagées qui toutes ont été rejetées
par l'une ou l'autre des parties, le Conseil de sécurité
dont nous sommes membres a lui-même constaté l'impasse
dans laquelle se trouvait le processus politique.
Nous regrettons profondément cette situation
tout en ayant bien conscience qu'il n'existe pas de solution providentielle.
Chacun sait, que pour être praticable et durable, tout règlement
devra être mutuellement acceptable par les parties, c'est
d'ailleurs la politique constante du Conseil de sécurité,
qui a réitéré ce paramètre fondamental
dans ses résolutions passées. C'est dans cet esprit
que nous encourageons le nouvel envoyé spécial du
Secrétaire général des Nations unies, M. Peter
Van Walsum, à poursuivre sa mission et ses contacts avec
l'ensemble des parties concernées, avec la conviction que
la persistance du conflit aujourd'hui est un handicap important
pour la construction, que nous appelons de nos vœux, d'un espace
de dialogue, d'échanges et de coopération entre les
pays du Maghreb.
Q – (A propos de la question nucléaire
en Iran)
R - Je voudrais apporter, si vous le permettez,
une réponse pour dire que c'est un sujet évidemment
majeur. La France considère que l'Iran a droit à l'énergie
électro-nucléaire civile, à des fins pacifiques,
c'est évidemment ce que nous avons toujours dit. Nous avons
toujours pensé que la négociation était possible,
mais nous pensons aussi, et cela me paraît important d'écouter
ce que M. El Baradei, le directeur général de l'Agence
internationale de l'Energie atomique, dit, il nous paraît
essentiel qu'il y ait une suspension des activités nucléaires
sensibles iraniennes, comme le demande l'ensemble de la communauté
internationale de manière ferme, de manière unie.
Q - Monsieur le Ministre, est-il vrai que la signature
du traité d'amitié et de paix est conditionnée
par des excuses officielles venant de la France par rapport à
la loi du 23 février ?
R - Concernant ce sujet, je vous remercie beaucoup
de cette question, qui est importante parce que, vous le voyez bien,
ce traité d'amitié nous le souhaitons, et en même
temps, il faut régler entre nous ces sujets-là. La
loi du 23 février a suscité, je l'ai dit à
plusieurs reprises, des malentendus et des divisions qui n'étaient
pas dans l'intention du législateur. L'objet de la loi du
23 février est de prendre d'importantes mesures pour les
rapatriés et pour les harkis. Ces mesures n'ont aucune raison
d'être un objet de discorde entre Français et Algériens.
Concernant l'article 4 de cette loi dont vous parlez, M. le Ministre
d'Etat, le président de la République a eu la sagesse
d'abroger ses dispositions les plus controversées. C'est
le fameux alinéa 2 dont vous parlez. A présent, la
question est close et il revient aux historiens et aux chercheurs
de s'exprimer en toute indépendance, avec toute la rigueur
scientifique sur cette période de colonisation.
Q - La loi du 23 février ne relève
pas de la génération spontanée. Je pense qu'elle
a traduit un esprit d'une partie de la classe politique française.
Ce n'est un secret pour personne qu'elle a profondément affecté
la société algérienne et c'est ce qui explique
à mon avis l'appréhension qui pèse aujourd'hui
sur la conclusion de ce traité d'amitié. Vous avez
dit tout à l'heure que le peuple français veut ce
traité d'amitié. J'aimerais savoir sur quelles bases
vous vous fondez pour affirmer cela ?
R - Vous savez, Monsieur, 20 à 25 % des
Français ont un rapport direct ou indirect avec l'Algérie.
Il y a des relations excessivement profondes. Permettez-moi une
petite parenthèse : je suis président de la Communauté
d'agglomération du Grand-Toulouse. Elle représente
600.000 habitants. J'ai été le maire de cette grande
ville, maintenant je suis président de la Communauté
d'agglomération des 25 communes qu'il y a autour de Toulouse.
Je peux vous assurer, pour connaître ces personnes personnellement,
qu'il y a une volonté profonde du peuple français
d'être ami, lié, et c'est le cœur qui parle, avec
l'Algérie.
C'est important pour nous évidemment sur
le plan stratégique, évidemment aussi important sur
le plan géo-politique, c'est important pour nous sur le plan
du cœur, je suis sûr que c'est réciproque.
Simplement il y a eu cette loi c'est vrai, nous
venons d'en parler, de manière très, je dirai, décontractée,
même si cela est excessivement douloureux mais c'est en en
parlant justement que l'on pourra avancer. Et quand le Ministre
d'Etat parle de refondation, de restructuration, oui, j'y crois,
à condition justement d'épurer ce problème
là entre nous, sans rien oublier bien évidemment.
Je suis très touché par les heures que j'ai passées
avec le président de la République d'Algérie
justement parce que c'était ça : après tout
à un moment donné il faut se parler, il faut être
positif et pour être positif et se parler il faut savoir aussi
se dire ce que nous pensons les uns et les autres.
Je vous le dis, je suis un élu, je crois
que tous les élus qui sont ici, il y a le maire de Marseille
qui est quand même la première communauté algérienne
en France, il le sait, il l'a dit hier, et son collègue sénateur
également, M. Domeizel. Il y a une volonté du peuple
français, je peux vous l'assurer, je peux vous le dire ici.
D'ailleurs, je ferai une remarque : lorsqu'il y a eu l'abrogation
de la part du président de la République de l'alinéa
2 de l'article 4, je n'ai pas vu d'évènement particulier
se produire en France.
Q - Bonjour, je voudrais poser une question qui
s'adresse aux deux ministres par rapport au devoir de mémoire
et au traité d'amitié. Aujourd'hui, il y a des questions
divergentes entre les deux nations notamment sur la question des
harkis. Comment sera-t-elle traitée dans ce cadre-là,
dans le cadre du traité d'amitié, et parallèlement
en France on parle plus, dans le cadre de l'immigration, d'une immigration
choisie et non pas imposée. Est-ce que ce n'est pas une forme
de discrimination à l'égard des peuples du sud de
la Méditerranée et est-ce qu'on ne veut pas appauvrir
en quelque sorte ces peuples de leur élite ou de leurs cerveaux
et aussi parallèlement aux coopérations, il y a la
COFACE aujourd'hui qui a revu à la baisse le "risque
Algérie", sans pour autant voir concrètement
des investissements concrets se réaliser en Algérie,
est-ce que maintenant cette notation a plus une connotation politique
ou économique ?
R - Vous avez posé la question aux deux
ministres. Je terminerai en répondant à votre question
: Je ne vais pas revenir sur le traité d'amitié, on
en a déjà beaucoup parlé, et sur le devoir
de mémoire. Vous avez posé une question sur les harkis
et vous avez posé une question sur l'immigration choisie.
Sur les harkis d'abord, je voudrais dire qu'ils sont une partie
intégrante de la communauté française. Il appartient
donc à l'Etat français d'assumer ses responsabilités
à leur égard. Les harkis gardent par ailleurs des
liens indissolubles avec leur terre natale. Nous attachons une grande
importance à ce que les citoyens français ayant des
liens personnels avec l'Algérie puissent se rendre dignement
dans ce pays. Et je vous remercie de m'avoir permis de le dire.
La deuxième chose concerne les migrations.
Ne vous trompez pas. Lorsque le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur
en France, lorsque le chef du gouvernement parle d'immigration et
de loi sur l'immigration, de quoi s'agit-il ? Eh bien, il s'agit
tout simplement de vouloir faire en sorte que dans notre pays, et
comprenez le c'est le cas aujourd'hui de tous les pays, on puisse
dans l'enseignement supérieur, on puisse dans l'université
en général, dans les grandes écoles, accueillir,
former des personnes qui puissent aussi revenir dans leur pays ensuite./. |
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