Chirac
veut relancer le traité d'amitié franco-algérien
Le président français souhaite s'entretenir avec son
homologue algérien pour «refonder» les relations
entre Paris et Alger.
JACQUES CHIRAC a indiqué à Abdelaziz Bouteflika qu'il
souhaite s'entretenir dès que possible avec lui pour relancer
le projet de traité franco-algérien. «Je demeure
engagé dans notre entreprise commune visant à traduire
dans un traité d'amitié notre partenariat d'exception.
Il y va de l'avenir de nos deux pays et de nos deux peuples»,
a précisé le président français dans
un message remis la semaine dernière à son homologue
algérien. Mais le rendez-vous ne devrait pas intervenir dans
l'immédiat.
Français et Algériens attendent la
remise à plat du texte de la loi du 23 février 2005
sur les rapatriés portant mention du rôle positif de
la présence coloniale française, en particulier en
Afrique du Nord, avant d'engager de nouvelles discussions. Cette
loi que l'Assemblée nationale a refusé de renier en
décembre devrait subir des corrections à la demande
de Jacques Chirac. Le président de l'Assemblée nationale
Jean-Louis Debré doit prochainement faire des propositions.
A Alger, les officiels algériens établissent,
dans leurs déclarations privées, une distinction entre
le système colonial qu'ils condamnent et les colons sur lesquels
les jugements sont plus nuancés. Peu habitués au débat
contradictoire, ils demeurent marqués par un nationalisme
où l'histoire officielle fait office de pensée unique.
La plupart d'entre eux estiment toutefois qu'un partenariat est
nécessaire entre la France et leur pays aux racines méditerranéennes.
Un important lobby composé de la famille révolutionnaire
et de ses ayants droit défend toutefois des positions antifrançaises
et les islamo-conservateurs dénoncent périodiquement
le supposé Hizb Farança (le parti de la France).
Mais une grande partie de la population conserve
un tropisme français. Les plus jeunes imaginent qu'un rapprochement
permettrait surtout plus de visas et donc plus de possibilité
de quitter l'Algérie pour s'installer en France. «Leur
grand espoir c'est d'avoir une formation et de partir», assure
un ancien ministre.
Aux obstacles constitués par la loi sur
la colonisation s'ajoutent l'état de santé chancelant
du président algérien et le différend sur la
repentance. Abdelaziz Bouteflika a exigé à plusieurs
reprises à la France de demander pardon «pour les crimes
commis». Jacques Chirac est prêt à un «geste
fort». Mais l'ambivalence du président algérien
est critiquée par ses opposants. «On ne peut pas, comme
il le fait, dire je vous aime et manier l'insulte et l'invective.
Cette ambivalence est préjudiciable aux relations entre les
deux pays», analyse un ancien haut responsable. «L'absence
de légitimité démocratique en Algérie
contraint à une personnalisation de la signature d'un traité.
Avec le risque d'une remise en cause lorsque le pouvoir change de
mains», prévient-il.
IN FIGARO 11 JANVIER 2006
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