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Traité
d'amitié France-Algérie: M. Bouteflika pose des conditions
Le président algérien
Abdélaziz Bouteflika a conditionné dimanche la signature,
prévue pour cette année, du traité d'amitié
avec la France, à la reconnaissance par cette dernière
de son passé colonial et de nouveaux dérapages "Après
une présence de 130 ans en Algérie, la France a laissé
derrière elle des corbeaux, des grenouilles, des perturbateurs
qui ne connaissent rien à l’Algérie " "Nous
sommes en train de négocier et de faire des efforts avec
les autorités françaises pour la conclusion d'un traité
d'amitié, mais cela doit se faire sur la base d'une reconnaissance
de la France de ce que ce qui appartient à Dieu appartient
à Dieu et ce qui appartient à César est à
César. Ceci n'est pas impossible", a-t-il déclaré
dimanche à Béchar (450km au sud-ouest d'Alger), lors
d'un meeting de compagne en faveur de son projet de "Charte
pour la paix et le réconciliation nationale".
Le Président algérien a aussi rappelé l'apport
de son pays à la force nucléaire actuelle de la France,
qui avait procédé pendant la colonisation à
des expériences nucléaires dans le Sud algérien.
"Souvenez-vous, Français de bonne volonté de
ce que l'Algérie vous a fait. Sans les essais nucléaires
et bactériologiques de Reggane et Oued Namous (deux villes
de l'extrême-sud algérien, Ndlr), la France ne serait
pas la puissance nucléaire qu'elle est aujourd'hui",
a-t-il lancé, plaidant pour des relations bilatérales
"d'égal à égal". "Nous sommes
des amis et non des ennemis. Nous ne voulons que la paix et la sécurité,
mais aussi entretenir des relations d'égal à égal."
Depuis que le Parlement français a adopté la loi du
23 février 2005 exigeant que "les programmes scolaires
reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence
française outre-mer, notamment en Afrique du Nord",
le président Bouteflika revient sur ce texte dans chacun
de ses discours pour le fustiger. Cette loi "représente
une cécité mentale confinant au négationnisme
et au révisionnisme", avait-il estimé le 26 juin
dernier à Tlemcen (500km à l'ouest d'Alger).
La semaine dernière, du côté français,
où cette loi a provoqué des remous, le porte parole
du ministère français des Affaires étrangères,
Jean Baptiste Mattéi, a déclaré que "les
négociations en vue de la signature du traité d'amitié
se poursuiv(ai)ent". "Nous sommes confiants dans leur
aboutissement selon les délais prévus", a-t-il
assuré.
Le chef de la diplomatie Philippe Douste-Blazy a souhaité
le 26 juillet "qu'il y ait une commission mixte d'historiens
algériens et français qui puissent se réunir,
travailler ensemble, en toute indépendance (afin de) faire
des propositions sur" la colonisation. "Il n'y aura jamais
d'histoire officielle en France. Jamais", a ajouté le
ministre, arrivé au Quai d'Orsay début juin. En mars
2003, il faisait partie d'un groupe parlementaire qui avait déposé
une proposition de loi "visant à la reconnaissance de
l'oeuvre positive de l'ensemble de nos concitoyens qui ont vécu
en Algérie pendant la période de la présence
française". "C'est en grande partie grâce
à leur courage et leur goût d'entreprendre que le pays
s'est développé", disait l'exposé des
motifs de l'unique article.
Le traité d'amitié entre l'Algérie et la France
devrait couronner la relance des relations algéro-françaises,
entamée avec la "déclaration d'Alger" du
2 mars 2003 par les présidents Bouteflika et Jacques Chirac
partisans d'un "partenariat privilégié".
28 08 2005 Béchar (450km au sud-ouest d'Alger) |
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