| Accueil | | Sétif |
 
  Cercle Algérianiste est mécontent il le fait savoir en écrivant à Chirac au sujet de la repentance exprimée par un obscur ambassadeur de France en Algérie et sur le transfert de 62 cimetières européens.

Monsieur le Président,

Une légitime émotion parcourt, aujourd’hui, la communauté des Français d’Algérie à la suite de l’annonce, par la France et l’Algérie, de l’organisation du transfert de 62 cimetières européens et de la possibilité offerte, pour une durée de 4 mois seulement, aux familles concernées, de décider de rapatrier, à leur frais, les restes mortels de leurs défunts sur le territoire national.

Nombre de nos compatriotes, qui ont déjà vécu le douloureux arrachement à leur terre natale, considèrent, quelque soit la justification du transfert de ces cimetières, bien souvent pillés et abandonnés par les pouvoirs publics, qu’une telle décision effacera, à tout jamais, les derniers symboles de la présence de leurs ancêtres sur cette terre d’Algérie.

Cette émotion est d’autant plus vive qu’elle se conjugue avec celle générée par les propos tenus récemment à Sétif par l’Ambassadeur de France en Algérie, propos qui ont jeté un trouble profond au sein de la communauté rapatriée.

Si les évènements de Sétif, en 1945, ont été, en effet, particulièrement dramatiques pour l’ensemble des communautés, comment concevoir qu’il ne soit pas rappelé que le fait générateur de ces douloureux évènements, a été le massacre de plus d’une centaine de Français d’Algérie ?

La déclaration de Monsieur COLIN de VERDIERE, et la presse Algérienne ne s’y est pas trompée, a été perçue par beaucoup, comme les prémices d’une repentance à sens unique qu’appellent de leurs vœux les responsables gouvernementaux Algériens, dont on attend, par ailleurs, toujours, qu’ils accomplissent leur chemin de vérité en reconnaissant la responsabilité du FLN dans les crimes de l’après 19 mars 1962.

Si la déclaration de Sétif était, dans la perspective de la signature du traité franco-algérien, le signe annonciateur d’une repentance sur la présence de la France et des Français en Algérie, de 1830 à 1962, nul doute, Monsieur le Président, que cela provoquerait une blessure irréparable pour toute une communauté déjà meurtrie et résonnerait pour elle comme une insupportable provocation annihilant tous les efforts entrepris pour reconnaître, dans le cadre législatif, l’œuvre qui a été la sienne.

Il importe, donc, Monsieur le Président, que vous puissiez, aujourd’hui, prendre la mesure des inquiétudes de l’ensemble de la communauté des rapatriés d’Algérie et la rassurer sur les intentions de la France dans ce domaine.

Soyez assuré, de l’attention ainsi que de la vigilance qui sera la nôtre dans les semaines à venir sur les initiatives que vous pourrez être amené à prendre à ce sujet.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’hommage de mon profond respect.


Thierry ROLANDO
Président National du Cercle Algérianiste


Monsieur Jacques CHIRAC
Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du faubourg Saint Honoré
75008 PARIS
La Roche sur Yon, le 22 mars 2005