- Philippe de Massey - Un homme libre

La liberté ce n’est pas de faire ce que l’on veut mais de vouloir ce que l'on fait. ( Bossuet )

 
 

Philippe de Massey nous a quittés dans la nuit du 4 au 5 mai 2017, miné par la maladie.
Il avait refusé l’hospitalisation et il est mort, seul, mais il est mort chez lui, sur son domaine, comme il en avait toujours manifesté la volonté. Il nous laisse le souvenir et l’exemple d’un homme libre : l’homme libre ce n’est pas celui qui fait ce qu’il veut mais celui qui veut ce qu’il fait.

Il voulait rester libre, à l’écart d’un monde à la dérive.

En revenant d’exil, après le vote de la loi d’amnistie, il avait le choix de vivre à Signes, dans le Var, dans un manoir, en pleine forêt au milieu des sangliers, au bout de cinq kilomètres de piste.

 

Il a consacré les dernières années de sa vie à restaurer sa demeure, à mettre en valeur son domaine et à en vivre modestement. Il a beaucoup donné à sa terre mais elle lui a rendu beaucoup, il savait bien, comme l’avait dit le Maréchal, que la terre ne ment pas.

Il a donc été exploitant forestier, artisan pâtissier, organisateur de chasse, puis enfin viticulteur. Il avait pris la présidence de l’Association des propriétaires forestiers. Il se battait pour protéger cette forêt, qu’il aimait tant, contre les empiétements et les convoitises des « politichiens locaux ». Pour lui la liberté ne se concevait pas sans le respect du droit de propriété. Cet amour de la liberté et de la propriété, il le tenait sans doute de sa mère qui était Corse. Il n’a jamais baissé les bras. Entre ses séances de dialyse, il reprenait le travail dans sa vigne et dans sa cave. On peut dire qu’il est mort à la tâche.

Un patriote résistant

La grande famille ne fait pas l’homme brave, c’est l’homme brave qui fait la grande famille.

Proverbe Crétois

Il descendait d’une noble famille vosgienne.

Son père, officié, Saint-Cyrien, camarade de promotion de De Gaulle Charles, lui avait transmis l’amour et le service de la patrie. Il lui avait appris que ce ne sont pas les grandes familles qui font les hommes braves mais que ce sont les hommes braves qui font les grandes familles. Philippe avait bien retenu la leçon : bien que pupille de la nation, dispensé de service militaire, il s’était porté volontaire et il avait découvert l’Empire, en servant sous les drapeaux, au Maroc.

C’était encore un heureux temps, le temps où la Méditerranée traversait la France comme la Seine traverse Paris. Libéré de ses obligations militaires, il a continué à servir en militant dans les associations patriotiques. Quand la guerre a éclaté en Algérie, il s’est de nouveau porté volontaire : il a passé son brevet de parachutiste et il a fait l’école d’officier de Cherchell. Il a servi comme officier parachutiste, spécialiste du renseignement au sein de la 25e DP.

Revenu à la vie civile, il a tout sacrifié pour conserver l’Algérie à la France. Il est rentré en résistance contre la politique d’abandon et de trahison, il a résisté à visage découvert puis il a mené un combat clandestin, dans l’OAS puis dans le CNR, jusqu’en 1968.

C’est ainsi qu’il prit l’initiative de créer une base arrière pour l’Armée secrète en Italie, avec la complicité des services de renseignement militaires italiens (SIFAR) Son action fut sanctionnée par une condamnation à quinze ans de prison. Mais il sut rester libre et échapper aux polices et aux barbouzes gaullistes et il vécut en exil jusqu’au vote de la loi d’amnistie.

Il revint alors en France et vint soigner ses blessures à Signes.

Lui qui avait tant œuvré, il garda le silence sur son passé de résistant et, contrairement à beaucoup, il n’écrivit pas de mémoires. Il était serein car il avait la certitude d’avoir fait son devoir, il n’avait qu’un regret, celui de n’avoir pu en faire plus. Malgré la défaite, il n’avait aucun doute sur la légitimité du combat auquel il avait tout sacrifié et qui restait sa fierté. Il remporta une ultime victoire en faisant passer un article de la loi de 2015 qui portait réparation des préjudices subis par les civils, défenseurs de l’Algérie française.

Un authentique Français

Il faut vivre comme on pense sinon on finit par penser comme on a vécu

Paul Bourget

Il n’appartenait à aucun parti politique mais il n’avait jamais mis son drapeau dans sa poche.

Il avait de fortes convictions : il s’affirmait Français sans être républicain, c’était son droit, il y a tellement de républicains qui ne sont plus Français.

Il était l’homme d’une seule patrie et d’un seul drapeau, c’était son droit, il y a tellement de misérables compatriotes qui se prétendent nomades et citoyens du monde. Il restait catholique malgré tout, c’était son droit face aux apostats qui abandonnent la religion de leurs pères.

Il cultivait enfin la fidélité au passé et aux traditions contre tous les mondains, esclaves du diktat des modes et adeptes du reniement quotidien. Parmi les trois fonctions de la société d’ancien régime, prier, combattre, travailler, il avait fait le choix du combat et du travail. Il a donc beaucoup combattu et aussi beaucoup travaillé, il a, sans doute, beaucoup moins prié mais je ne suis pas inquiet pour lui.

Le grand écrivain monarchiste, Jean de la Varende, affirmait que Dieu est gentilhomme, je suis donc sûr qu’il saura faire une place à ses coté au gentilhomme, patriote et résistant, que fut Philippe de Massey.

Philippe de Massey a vécu et combattu en Français et en homme libre, il restera vivant dans nos mémoires.

Il était un frère d’armes mais aussi un ami, ce fut pour nous un honneur et une fierté d’avoir lutté à ses côtés.

Philippe de Massey : Présent !

Jean-Pierre PAPADACCI
Français d’empire

 

Les obsèques de Philippe de Massey le 17 mai 2017 à Signes dans le Var


 
 
 
 
 
 
 



 
         
 
     
   

Sources :

- La lettre de l'AMEF Mémoires d' Empire de Juillet Août Septembre 2017

- Photos © RPweb la lettre journalière de BEOStory