Disparition du professeur Daniel Lefeuvre

 
   
         
 

Daniel Lefeuvre 
11 août 1951– 4 novembre 2013


Daniel Lefeuvre, est un historien français, spécialiste de l'Algérie coloniale qu'il étudie principalement sous l'angle de l'histoire économique.
Il fut étudiant avec Jacques Marseille qui dirigea sa thèse, Chère Algérie, la France et sa colonie. Dans cet ouvrage, Daniel Lefeuvre montre que l'Algérie, durant la période coloniale, loin d'être une source d'enrichissement pour la France, constitue un fardeau économique. En 1959, la colonie absorbe à elle seule 20 % du budget de l'État français, c'est-à-dire bien plus que les budgets de l'Education nationale, des Transports et des Travaux publics réunis.
Il était professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Paris VIII à Saint-Denis. Il est également président de l'association « Études coloniales » qui a notamment constitué un annuaire des chercheurs spécialistes de cette question.
Daniel Lefeuvre était aussi membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer


 
 
 
 
 

Daniel Lefeuvre, historien de l'Algérie Coloniale, est mort le lundi 4 novembre 2013 à 23 heures dans une chambre de l'hôpital Saint-Louis à Paris.
À l'âge de 62 ans. Prennent ainsi fin trois années d'une maladie dévastatrice dont il savait l'issue inéluctable. Et pourtant, jamais, il n'a renoncé, supportant courageusement tous les traitements sévères prescrits par le médecin très compétent et très attentionné qui s'occupait de lui.
Jamais il n'a renoncé à préserver les siens, son épouse et ses deux fils, ses proches et tous ceux qu'il côtoyait, des douleurs qu'il endurait. Il a gardé, jusqu'au bout, une belle allure et l'envie de chercher, d'écrire, de combattre et d'aider les jeunes chercheurs.

Jamais Daniel n'a abdiqué. Il a toujours répondu aux sollicitations de conférences, de débats, de publications, de projets, de responsabilités. Dernièrement, en juin 2013, il était devenu président du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie. Il avait été élu, l'année dernière, membre de l'Académie des Sciences d'Outre-mer.

La douleur, la peine, le chagrin de sa famille, de ses amis, de ses collègues, de ses nombreuses connaissances, sont immenses.
Chacun perçoit l'injustice devant le départ prématuré d'un homme si plein d'humanité, de gentillesse, d'humour, de dévouement et d'abnégation.
Je connaissais Daniel depuis près de quarante ans. On me pardonnera cette incursion personnelle. Nous avons partagé tant de moments et de défis intellectuels, professionnels et personnels.

Témoin de mariage, parrain de mon deuxième fils aujourd'hui âgé de 9 ans

Cheminement parallèle dans la rédaction de nos mémoires de maîtrises (Daniel, avec Jean Bouvier) et de DEA, préparation des concours, réussite au Capes.
Nos parcours universitaires ont, par la suite, divergé. Daniel a mené, sans se laisser distraire, les recherches minutieuses qui l'ont conduit à sa thèse de doctorat, sous la direction de Jacques Marseille (décédé lui aussi prématurément le 4 mars 2010), L'industrialisation de l'Algérie (1930-1962), soutenue en 1994.

Devenu maître de conférence à l'université Saint-Denis/Paris VIII, à laquelle il est resté fidèle, il passe son H.D.R. (habilitation à diriger des recherches), en salle Duroselle à la Sorbonne, le 18 décembre 2001.

Le jury est composé de Jacques Marseille, de Daniel Rivet, de Jacques Frémeaux, de Marc Michel, de Benjamin Stora et de Michel Margairaz.

Accédant au rang de professeur des universités, il anime des séminaires sur l'histoire coloniale, il devient même, un moment, directeur du Département d'Histoire à Paris VIII.
En 2006, nous fondons avec Daniel Lefeuvre, Marc Michel et moi-même, l'association Études Coloniales.
Tout en poursuivant inlassablement des recherches dans de multiples dépôts d'archives - dont de nombreux résultats, hélas, ne donneront pas lieu à des publications scientifiques -, il publie le retentissant Pour en finir avec la repentance coloniale (Flammarion, 2006).

Michel Renard - Source : http://etudescoloniales.canalblog.com/

 

    1940 au jour le jour, éd. Albin Michel, 1989 (avec Jacques Marseille).
    « La politique économique du Front républicain (1956-1957) », in Serge Berstein (dir.), Paul Ramadier, la République et le socialisme, éd. Complexe, 1989.
    Le Métro de Paris. Histoire d'hier à demain, Rennes, Ouest-France, 1990.
    « Vichy et la modernisation de l'Algérie: intention ou réalité ? », Vingtième siècle, revue d'histoire, n° 42, avril-juin 1994, p. 7-16.
    D'une crise à l'autre : 1929, 1973, 1993, Paris, La Documentation française, 1994 (avec Michel Margairaz).
    « Les lumières de la crise : les entreprises françaises dans la dépression des années 1930 », Vingtième siècle, revue d'histoire, n° 52, octobre-décembre 1996, pp. 31-40.
    « La propagande économique dans la guerre d´Algérie », dans Charles-Robert Ageron (dir.), La Guerre d´Algérie et les Algériens, 1954-1962, Armand Colin, 1997.
    « Vichy et les entreprises algériennes », dans : L´Occupation, l´État français et les entreprises, ADHE Editions, 2000.
    La Guerre d'Algérie au miroir des décolonisations françaises : mélanges en l'honneur de Charles-Robert Ageron, Paris, Société française d'outre-mer, 2000 (codirection).
    « L´électricité en Algérie, De la rationalisation à la nationalisation, les enjeux d´une réforme, 1937-1947 », dans : L´Électrification outre-mer, Publications de la SFHOM, 2002.
    « La peau de chagrin de l'Algérie française » dans Jean-Charles Jauffret (dir.), Hommes en Guerre d´Algérie, Paris, Autrement, 2003.
    « Les pieds-noirs » dans Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.), La Guerre d'Algérie, 1954-2004, Paris, Robert Laffont, 2004, rééd. Hachette, 2005.
    Lettres d’Algérie. André Segura : la guerre d’un appelé 1958-1959 - Nathalie Jungerman, Daniel Lefeuvre et Jean Segura - Éditions Nicolas Philippe, 2004.
    Chère Algérie. La France et sa colonie, 1930-1962, Paris, Flammarion, 2005 (rééd.).
    « L'avenir nous appartient ! » Une histoire du Front populaire, Paris, Larousse, 2006 (avec Michel Margairaz et Danielle Tartakowsky).
    Pour en finir avec la repentance coloniale, Paris, Flammarion, 2006 (ISBN 2082104400) ; Réédition : Champs actuels, 2008.
    Contributions à Jean-Pierre Rioux (dir.), Dictionnaire de la France coloniale, Paris, Flammarion, 2007.
    Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?, Paris, Larousse, 2008. (en collaboration avec Michel Renard) (ISBN 9782035837066)
    L'Europe face à son passé colonial, Paris, Riveneuve, 2009 (codirection avec Olivier Dard).
    L'Histoire nationale en débat. Regards croisés sur la France et le Québec, Paris, Riveneuve, 2010 (codirection avec Éric Bédard et Serge Cantin).
    « De deux conditions essentielles de l’intégration par l’école », Hommes et migrations, 2011/6, pp. 78-82.
  Démontage d'Empires, Paris, Riveneuve 2013 (direction).