Le Livradais, qui luttait depuis plus de 8 ans contre un cancer, avait été hospitalisé à Saint-Cyr il y a quelques jours. Il avait 53 ans.
Sous Chirac, puis Sarkozy
Avec la mort d'Azni, c'est bien davantage que le porte-parole des harkis qui disparaît.
Ce natif de Tizi-Ouzou en Kabylie algérienne, enfant du camp de Bias où sa famille a débarqué en 1963 et où il séjourna dix ans, a été trois décennies durant le symbole de «la cause», le chantre d'une communauté dont il a défendu sans relâche les intérêts.
Un combat qui lui valut, lui le «petit» commerçant ambulant, d'être nommé, sous Chirac, vice-président du Haut Conseil aux rapatriés, puis, sous Sarkozy, d'intégrer le ministère des Anciens Combattants dont il sera évincé brutalement deux ans plus tard, après avoir dénoncé une «nouvelle trahison» des gouvernants en place.
«Harkis, crime d'Etat»
Fort de son franc-parler, Azni n'avait pas que des amis.
Son côté imprévisible, «incontrôlable», diront certains, en dérangeait plus d'un, même parmi les siens.
Mais à l'arrivée, l'homme avait su s'imposer en première ligne de ce combat pour la reconnaissance du martyre des harkis et du combat pour leurs revendications en réparation du préjudice subi.
En 2001, au moment du dépôt de plainte contre X pour crimes contre l'humanité, procédure à laquelle s'était associé l'avocat marmandais Philippe Reulet, aujourd'hui disparu, le Livradais avait encore démontré qu'il n'avait pas peur de s'exposer, certains raillant sa démarche.
L'année suivante, il publiera un livre intitulé «Harkis, crime d'État, généalogie d'un abandon», ouvrage qui fit référence.
Ces dernières années, la maladie avait contraint l'inlassable combattant à baisser un peu la garde et c'est le Fumélois Boaza Gasmi qui prit alors le relais à la tête du Comité national de liaison. Mais l'homme n'était jamais loin quand il s'agissait de décider.
Inhumé à quelques hectomètres du camp
Aujourd'hui, au-delà de sa maman, de son épouse, Myriem, de ses quatre filles Malika, Nacera, Karima et Nadia, de son fils, Smaïn, et de tous ses frères et sœurs, c'est toute une communauté qui pleure un fils, un mari, un père et un frère qui aura consacré l'essentiel de sa courte vie à la sauvegarde de la mémoire des siens et à la reconnaissance de ses droits.
Les obsèques de Boussad Azni se dérouleront le 29 décembre 2012, à 11 heures, au cimetière de Bias, à quelques hectomètres de ce camp qui l'a vu grandir et qu'il a toute sa vie dénoncé.
Bessy Selk |