Décès du préfet Jean Vaujour, grand témoin du début du conflit algérien
L'ancien préfet Jean Vaujour, l'un des derniers grands témoins du déclenchement de l'insurrection algérienne à la Toussaint 1954 alors qu'il était directeur de la Sûreté générale à Alger, est décédé le 28 mars à l'âge de 95 ans, a annoncé sa famille.
Jean Vaujour avait témoigné dans un livre intitulé "De la révolte à la révolution" (Albin Michel, 1985) de l'"immobilisme" du gouvernement qui ne prêtait pas une attention suffisante à ses rapports alarmistes. Il avait en effet infiltré le mouvement nationaliste algérien en 1954, année du déclenchement de l'insurrection (1er novembre), avertissant régulièrement le gouvernement de l'imminence de troubles.
Comme Paul Delouvrier dont il fut un collaborateur proche dans les années 60, Jean Vaujour était né en 1914, le 27 octobre à Tulle.
En 1937, il est reçu à l'examen de chef de cabinet de préfet et commence sa carrière dans l'administration préfectorale. En 1942, il s'engage dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), assurant le départ pour Londres des personnalités qui rejoignent la France Libre. Il gagnera à son tour Alger après un internement en Espagne en juin 1944.
A La Libération, il travaille avec Henri Queuille. Sous-préfet de Mulhouse, il est ensuite nommé directeur de la Sûreté générale en Algérie en juin 1953. A ce poste qu'il occupera jusqu'en juillet 1955, il sera un témoin privilégié du début de la guerre d'Algérie (1954-1962).
Dans des entretiens réalisés en 2000 pour le Service historique de l'armée de terre, Jean Vaujour avait notamment affirmé que la poursuite de la guerre d'Algérie était due à la volonté du général de Gaulle d'effectuer des essais nucléaires à Reggane dans la Sahara algérien (premier tir le 13 février 1960), pour doter la France de l'arme nucléaire.
Après un retour à Paris, comme conseiller technique au cabinet du ministre de l'Algérie (1955), M. Vaujour sera directeur général de la Sonacotra durant près de trois ans avant de revenir à Alger quelques mois en 1960 comme directeur du cabinet civil et militaire de M. Delouvrier, délégué général du gouvernement en Algérie.
M. Vaujour avait terminé sa carrière administrative comme préfet de Seine-et-Marne en 1969 avant de rejoindre l'industrie privée.
Commandeur de la Légion d'honneur, M. Vaujour était titulaire de la Croix de guerre 39-45 et de la Médaille de la Résistance. |