Les obsèques de Maître René Blanchot ont eu lieu le 5 mars 2008. Lors de cérémonie religieuse, en l'Eglise Saint Victor de Marseille, ses compagnons de l'Adimad étaient présents, drapeaux en tête, pour rappeler le sacrifice qu'il avait accompli tout jeune, en se dévouant à la cause de l'Algérie française, ce qui lui a valu plusieurs années d'incarcération dans les geôles gaullistes, après jugement par un Tribunal "d'exception". La nef de l'Eglise était comble car tous ses amis étaient présents pour rendre un dernier hommage à celui qui s'est toujours dévoué pour faire rendre justice à ses compatriotes. "
Au cimetière de La Valette du Var, où il a été inhumé, Anne Cazal a prononcé sur sa tombe une allocution que vous pouvez retrouver , avant que retentisse le chant des Africains, comme un dernier témoignage de l'attachement de ses amis.
Le comité VERITAS, qui compte aujourd'hui plus de 7000 adhérents, est né grâce à Joseph Hattab Pacha et à René Blanchot.
J'ai eu l'honneur et le privilège de faire partie de ce trio de base qui, avec un courage exemplaire et une volonté sans faille, a combattu, et combat toujours, pour faire rétablir la vérité historique sur l'Algérie française, vérité fondée sur la réalité des faits totalement bafouée par l'Etat.
L'enjeu était de taille… De la taille d'un René Blanchot et d'un Joseph Hattab Pacha ! Quinze années de lutte permanente nous ont soudés tous les trois. René disait de Joseph qu'il était le frère que la vie ne lui avait pas donné; quant à moi, je puisais ma force dans leur affection à tous les deux.
René a fait partie de ceux qui ont connu les geôles gaullistes pour avoir choisi les voies de l'honneur et celles du respect de la parole donnée.
Un même esprit nous réunissait tous les trois, nous soudait l'un avec les deux autres, miraculeusement... René, c'était à la fois Joseph et Anne, Joseph était en symbiose permanente avec Anne et René, et moi je les portais tous les deux en mon cœur, à la fois comme mon oriflamme et ma fierté.
Aujourd’hui, nous restons seuls, Joseph et moi, à la fois désemparés, et convaincus que René nous pousse encore à agir, et à mener d’autres batailles en projet, qu’il avait, d’avance, approuvées.
Son dernier texte sera celui du « Livre Blanc sur un crime d’Etat -26 mars 1962 » réquisitoire magistral par l’argumentation développée sans aucune faille, ni en droit, ni en démocratie, ni au plan humain.
Un porte-parole de la communauté rapatriée nous a écrit que la perte de René était considérable pour VERITAS et pour la communauté rapatriée.
Perte de René? Perte ? Ah ! Non! Petit frère, nous ne t'avons pas perdu ! J'en suis certaine ! J’entends encore les paroles que tu m'as dites juste avant de t'envoler pour la Réunion "Même au bout du monde, je resterais présent pour vous deux, et parmi vous deux ! ».
Alors je sais que même au bout de cette vie terrestre, même si, là haut, une prestigieuse garde d'honneur t'attend, tu restes encore présent entre nous deux… Je sais que ton esprit, ton courage, voire ta témérité, animeront encore notre combat et que nous puiserons en toi la force de continuer.
Il n'y a pas d'autre possibilité... Le « triumvirat de tête », comme tu disais, avec ton ironie coutumière,continue, non pas sans toi, mais avec toi !
Tu resteras, pour la communauté Pied Noir celui qui a gagné (avec la complicité de Maître Courbis) contre les intouchables De Gaulle père et fils !... Celui qui a fait inscrire, dans la jurisprudence française, la réalité des massacres d’Oran, au cours du procès que nous avions intenté au Gauleiter Katz !
René, Joseph et moi sommes ta famille spirituelle, celle que tu avais choisie, que tu avais constituée, Monsieur l'avocat, non par le droit, mais par le cœur.
A ta famille de sang, à Christelle dont tu nous parlais si souvent, à tes petits-enfants, Lucas, à Valentin, les jumeaux encore trop petits, à Marie Claude, ta sœur, et à tous les autres, nous voulons dire combien nous partageons leur peine...
Peine de ne plus être victimes de tes facéties qui se terminaient toujours en fou rire, peut-être, mais, jusqu'au bout, jusqu'à ce que nous allions te rejoindre là-haut, ton esprit présidera à toutes nos actions, parce que nous t'aimons, toi l'Oranais, et que malgré le mauvais tour que la vie nous a joué en t’enlevant à notre affection, Maître René Blanchot restera l'âme de VERITAS, et jamais, notre équipe, à nous trois, ne se dissoudra!
Ce n'est pas un adieu, René, juste un au revoir...
Anne CAZAL
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