Le projet de loi pénalisant la négation du génocide arménien suscite la colère du gouvernement turc qui veut en représailles faire voter une loi pénalisant la négation des massacres commis par la colonisation française en Algérie.


 
 

Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a à son tour le dimanche 8 octobre 2006 mis en garde la France contre la proposition de loi sur le génocide arménien que les députés français s'apprêtent à examiner. Le texte, présenté par l'opposition socialiste, vise à sanctionner la négation du génocide arménien au début du siècle dernier. Il sera examiné jeudi 12 octobre au Parlement. La Turquie rejette les accusations de génocide dont elle fait l'objet en raison des massacres de chrétiens arméniens pendant la Première Guerre mondiale, et souligne qu'un grand nombre de Turcs musulmans ont également été tués dans les
affrontements. "Que ferez-vous lorsqu'un Premier ministre de Turquie se rendra en France et dira qu'il n'y a pas eu de génocide arménien ? Vous le mettrez en prison ?", a interpellé Tayyip Erdogan, qui recevait une délégation d'hommes d'affaires français en visite à Istanbul. "Nous attendons de vous que vous fassiez tout pour éviter cela", a poursuivi le
Premier ministre turc, dont les propos sont rapportés par l'agence anatolienne de presse. "Nos avertissements ne doivent pas être pris à la légère. Il faut comprendre la gravité de la situation", a-t-il ajouté.


L'an passé, Tayyip Erdogan avait proposé la création d'une commission d'historiens de Turquie et d'Arménie qui aurait eu pour tâche de réexaminer ce qui s'est passé pendant la Première Guerre mondiale. L'Arménie avait rejeté l'idée. La question du génocide arménien, si elle n'est pas une condition fixée par l'Union européenne à l'adhésion de la Turquie, est présente dans le processus lancé officiellement il y a un an. A l'occasion de sa récente visite en Arménie, le président français, Jacques Chirac, a ainsi estimé "honnêtement" qu'il serait nécessaire que "la Turquie reconnaisse le génocide arménien pour entrer dans
l'Union".
La France a reconnu comme tel le génocide arménien par une loi votée en 2001. Le texte qui provoque la colère des turques, complète la loi de 2001 reconnaissant le génocide arménien, fait de la négation de ce "génocide" un délit punissable d'un an
d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Les Arméniens estiment que jusqu'à 1,5 million des leurs ont péri dans un génocide orchestré aux dernières années de l'Empire ottoman entre 1915 et 1917. Ankara affirme que des massacres ont été commis de part et d'autre et récuse les accusations de génocide.


En représailles à une éventuelle loi que pourrait voter le Parlement français , la Turquie pourrait répondre pas l’adoption d’une loi pénalisant les massacres commis par la colonisation française en Algérie.