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UNE DOUZAINE de parlementaires
UMP, rassemblés hier à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes)
aux côtés de plus de 2000 pieds-noirs et harkis, ont
condamné l'abrogation de l'article 4 de la loi «portant
reconnaissance de la nation envers les rapatriés» annoncé
le 25 janvier par Jacques Chirac. Cet article prévoyait que
«les programmes scolaires reconnaissent en particulier le
rôle positif de la France outre-mer, notamment en Afrique
du Nord», ce qui avait suscité les protestations du
gouvernement algérien, d'une partie de la population antillaise
et des enseignants.
Réunis à Saint-Laurent-du-Var (Alpes maritimes), des
parlementaires UMP de la région ont donc rappelé leur
attachement à la formule controversée. «C'est
aujourd'hui que les manuels scolaires exposent une histoire officielle,
partielle et partiale, lance Lionnel Luca, député
des Alpes-Maritimes, sous un tonnerre d'applaudissements. Notre
combat a été utile malgré tout, estime-t-il,
car les enseignants seront incités désormais à
plus d'honnêteté.» Michèle Tabarot (Alpes-Maritimes)
«refuse l'autoflagellation exigée par le président
algérien, qui nous insulte tout en venant se faire soigner
chez nous».
Jean Leonetti, député maire d'Antibes et premier vice-président
du groupe UMP à l'Assemblée, a beau s'efforcer de
défendre la décision de Jacques Chirac, le nom de
Jean-Louis Debré – qui avait recommandé l'abrogation
de l'article 4 – est hué par la foule. Leonetti a plus
de succès lorsqu'il rappelle l'article 1 de la loi, toujours
en vigueur : «La nation exprime sa reconnaissance aux femmes
et aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie
par la France outre-mer (...) et leur rend, ainsi qu'à leur
famille, solennellement hommage.» Lionnel Luca salue enfin
la présence à ses côtés de deux députés
qui gardent le silence : le rapporteur du projet de loi, Christian
Kert (Bouches-du-Rhône) et Rudy Salles, député
UDF des Alpes-Maritimes et proche de François Bayrou.
« Dérobade piteuse
»
Réunie autour des élus devant
l'hôtel de ville, la foule est recueillie et grave. «Recourir
au Conseil constitutionnel pour enterrer la phrase adoptée
par les parlementaires, c'est une dérobade piteuse»,
fulmine le maire de Mandelieu-la-Napoule, Jacques Berthelot, un
des nombreux élus locaux présents. «On ne pense
jamais aux souffrances psychologiques des enfants des Français
d'Afrique du Nord, s'indigne Nicole Ferrandis-Delvarre, vice-présidente
d'une association de Rapatriés. Dans les manuels scolaires
de mes fils, les pieds-noirs sont présentés comme
des nantis et des tortionnaires.» «En arrivant à
Marseille en 1962, je n'ai même pas eu droit à un verre
d'eau, témoigne une vieille dame. Aujourd'hui, on nous spolie
une deuxième fois, cette fois-ci moralement, en niant ce
qu'ont fait nos parents et grands-parents en Algérie.»
IN FIGARO du 2 février
2006 Guillaume Perrault |
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