Déclaration
de M. Jacques CHIRAC,Président de la République, à
propos
de la loi du 23 février 2005.
Palais de l'Elysée - vendredi 9 décembre 2005.
La loi du 23 février 2005 suscite
un débat sur notre mémoire. Un débat sur l'histoire
de la France outre-mer.
La France est une grande nation. Son passé
est glorieux. Elle porte des valeurs universelles qui rayonnent
à travers le monde, des valeurs de liberté, de justice,
de droit. Elle est marquée par la diversité des hommes
et des horizons qui font sa force et aussi sa richesse. Cette histoire,
c'est notre patrimoine, c'est notre identité, c'est notre
avenir et nous devons en être fiers.
Comme toutes les nations, la France a connu la
grandeur, elle a connu les épreuves, elle a connu des moments
de lumière et des moments plus sombres. C'est un héritage
que nous devons assumer tout entier. C'est un héritage que
nous devons assumer dans le respect des mémoires de chacun,
des mémoires parfois blessées et qui constituent chez
beaucoup de nos compatriotes une part de leur identité.
L'histoire, c'est la clé de la cohésion
d'une nation. Mais il suffit de peu de choses pour que l'histoire
devienne un ferment de division, que les passions s'exacerbent,
que les blessures du passé se rouvrent.
Dans la République, il n'y a pas d'histoire
officielle. Ce n'est pas à la loi d'écrire l'Histoire.
L'écriture de l'histoire c'est l'affaire des historiens.
C'est pourquoi, face aux débats suscités
par l'article 4 de la loi du 23 février 2005, j'ai proposé
au Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Jean-Louis
DEBRE, qui l'a accepté, de constituer une mission pluraliste
pour évaluer l'action du Parlement dans les domaines de la
mémoire et de l'histoire. Cette mission devra écouter
toutes les sensibilités, elle devra s'entourer d'historiens.
Le Président de l'Assemblée Nationale m'a précisé
que les conclusions de cette mission pourraient être rendues
dans un délai de trois mois et je serai très attentif
aux recommandations qu'elle fera.
Je demande aussi au Gouvernement que la Fondation
sur la mémoire prévue par l'article 3 de la loi du
23 février 2005 soit créée dans les meilleurs
délais et qu'elle soit dotée des moyens nécessaires
à son bon fonctionnement.
Il faut maintenant que les esprits s'apaisent.
Il faut que vienne le temps d'une réflexion sereine, dans
le respect des prérogatives du Parlement, dans la fidélité
à nos idéaux de justice, de tolérance et de
respect, dans un esprit d'unité et de rassemblement.
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