Le 23 février
dernier, le Journal Officiel de la République publiait une
« loi de reconnaissance de la Nation »
en faveur des rapatriés et des harkis, une loi définitivement
votée par l’Assemblée Nationale quelques semaines
auparavant. Le dispositif que ce texte met en place était
attendu depuis des années par cette double communauté,
rapatriés et harkis.
Au cours de l’examen de ce projet de loi
, lors de la première lecture en séance publique,
dans l’après midi du 11 juin 2004 - et non
pas nuitamment , c'est-à-dire subrepticement dans l’esprit
de certains historiens peu habitués à suivre des débats
parlementaires – un amendement parmi d’autres
a été retenu à l’article 4 du texte .
Il stipule : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier
le rôle positif de la présence française outre
mer, notamment en Afrique du Nord , ».
Rien de bien différent dans l’intention
pédagogique de la loi de Mai 2002 dite « loi Taubira
», présentée par des parlementaires socialistes
dont l’article 2 disposait que « les programmes scolaires
accorderont à la traite négrière et à
l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent
».
A l’époque, pas une voix ne s’est
élevée. Pas une plume ne s’est dressée
contre l’ingérence des parlementaires dans les programmes
scolaires !
Or, voilà qu’après quelques
semaines de silence, des historiens français ont lancé
contre la loi de Février 2005 leur anathème : «
le législateur n’a pas à écrire les programmes
scolaires surtout que le colonialisme a laissé des traces
négatives indélébiles ». C’était,
dès les premiers textes, vouloir, bien sûr, entretenir
la confusion entre le colonialisme, qui est un système politique
et la colonisation qui consiste en une extension territoriale et
dont bon nombre de parlementaires français persistent à
penser qu’elle a eu des effets bienfaiteurs. Quand bien même
tous ne le furent pas, loin s’en faut. Chacun est bien d’accord
là dessus. D’ailleurs, quelle aventure humaine peut
se targuer de n’avoir que des conséquences positive
Voici que, plus récemment, le président
algérien Bouteflika, dans une réaction apparemment
disproportionnée avec le texte de loi, vient alimenter la
polémique : sa phrase « l’occupation
a foulé la dignité humaine et adopté la voie
de l’extermination et du génocide »
n’ayant probablement d’autre objectif que d’exercer
une forme de « chantage surenchère » au moment
où son pays et le nôtre doivent signer un pacte d’amitié.
Le temps serait pourtant venu de cesser de nous
jeter des responsabilités au visage d’un côté
à l’autre de la Méditerranée.
Que nos collègues algériens,
dont certains ont demandé l’abrogation de notre texte,
légifèrent de leur côté pour assurer
le bonheur de leur pays et des siens et qu’ils laissent aux
français le soin de poursuivre et d’achever leur travail
de mémoire.
Que ceux des enseignants de notre pays qui semblent
tant redouter d’avoir à conter l’histoire telle
que, peut être ils ne la concevaient pas, se rassurent : au
pas où vont les choses à l’Education Nationale,
il faudra près de dix ans pour que les manuels scolaires
tiennent compte du souhait formulé par les « politiques
». Cela leur laisse amplement le temps de d’évaluer
– ou de réévaluer – l’œuvre
colonisatrice française. Que le président Bouteflika
et nos propres historiens relisent notre Loi. Ils y trouveront un
texte qui rend enfin justice à une communauté hélas
oubliée. Mais il est vrai que cette communauté, c’est
celle des harkis. Leur rendre justice, c’est apparemment donner
mauvaise conscience à certains dont le silence nous a étourdi
pendant tant d’années.
Il est étrange que se soit aux parlementaires
que l’on fasse procès, eux qui, justement, ont eu à
cœur de rompre ce silence.
CHRISTIAN
KERT Député des Bouches du Rhône
Assemblée Nationale , le 13 juillet 2005
|