Que s’est-il passé exactement ?
Le soir du 17 octobre, alors que la nuit était tombée, 20 000 à 30 000 Algériens encadrés par le FLN se rendent à Paris par toutes les voies d’accès. Certains sont venus sous la contrainte, de peur des représailles en cas de refus. Mais le FLN était aussi en train de réussir à fédérer le sentiment nationaliste des Algériens en métropole.
Au pont de Neuilly, le choc avec la police a été terrible. Le jour même, on ne compte que 4 ou 5 victimes parmi les manifestants.
Mais plus de 11 000 sont arrêtés et internés. Une partie d’entre eux vont être passés à tabac le lendemain.
En totalisant les morts du 17 octobre, ceux du 18, les blessés ultérieurement décédés et les victimes supposées d’éléments incontrôlés de la police en dehors de la manifestation, j’évalue les victimes à 14 certaines, 8 vraisemblables, 4 probables et 6 possibles, soit un total de 32 en comptant large.
Le chiffre de plusieurs centaines de victimes, souvent avancé, serait donc sans fondement ?
On n’arrive à ce chiffre fantaisiste qu’en attribuant à la police des meurtres d’Algériens perpétrés par le FLN, qui cherchait à raffermir son contrôle sur les Algériens en métropole. Le FLN tuait des Algériens qui refusaient de rejoindre ses rangs, de payer leurs « cotisations » ou d’observer les préceptes coraniques.
Des militants du mouvement rival de Messali Hadj ont aussi été assassinés au cours de ces semaines.
Au total, plusieurs milliers d’Algériens ont été tués par le FLN en métropole pendant la guerre d’Algérie.
Que pensez-vous de l’idée de repentance ?
Pour un historien, cette notion n’a pas de sens. Je suis atterré de voir ma discipline instrumentalisée pour conforter des positions moralisantes ou politiques. L’histoire n’a pas à porter de jugement moral, mais à tenter d’expliquer comment les événements ont pu survenir.
JP BRUNET
Normalien , agrégé d histoire , Professeur émérite à l’université Paris IV , Auteur de Police contre FLN , le drame du 17 octobre 1961
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