Mon curé, le Père Damien Aris, Père de Bétharam, devant aller à Bel Abbès m'a pris dans sa voiture. Ce qui me permit d'arriver à l'école de Sonis. Là, le vicaire à la paroisse de Sidi Bel Abbes depuis juin 1960, l'abbé André Saillard, s'est proposé de m'amener à Oran puisqu'il devait se rendre à Misserghin.
Me voilà parti, le 2 juillet, pour Oran. Arrivé au Camp Saint Vincent, l'abbé André Saillard me propose alors de venir manger avec lui à Misserghin et de retour il me laisserait à la caserne. Je lui ai répondu que, ayant promis à ma mère de rentrer le plus vite possible à la caserne pour être en sécurité, je ne l'accompagnerai pas.
Ce que je fis et bien m'en a pris, car l'abbé André Saillard est reparti avec sa 2CV et aux alentours du stade Montréal a été enlevé par des fellaghas et égorgé. Bien sûr, je ne savais pas cet horrible massacre, c'était le 2 juillet 1962 et c'était la chasse à l'européen en général et au pied noir en particulier.
Deux jours après, des camions militaires, depuis le Camp Saint Vincent, nous ont transportés au port de Mers El Kébir pour être embarqués. Mais les véhicules militaires pour ne pas traverser la ville ont dû emprunter la corniche et ensuite accéder au port. Durant ce trajet, nous portions la tenue militaire, les pieds noirs qui nous voyaient sur le camion nous suppliaient : « Ne partez pas ! Restez avec nous ! On va nous tuer ! » Quel drame atroce, nous avions beau crier « mais nous sommes Pieds Noirs, nous aussi !»
Tant bien que mal, nous sommes arrivés à Marseille et là un train spécial nous a conduits en Allemagne, à Trêves, au Centre d'Instruction des Blindés. J'ai été affecté à Wittlich au 6ème R.A.B, Régiment d'Artillerie Blindée (opérationnel OTAN).
Peu de temps après, avec la vingtaine de pieds noirs objets du fameux Plan Simoun, j'ai été affecté à Offenburg pour préparer l'école de sous-officier. Et là je dois reconnaître que l'armée nous a facilité les choses, surtout dans la recherche de nos familles. J'en reparlerai !
J.CANILLOS Le plan Simoun |