Lettre ouverte à Roland RIES (Maire de Strasbourg)
Que l’Alsace souhaite honorer la mémoire des 284 soldats bas-Rhinois « morts pour la France » lors de la guerre d’Algérie est en soit tout à fait louable mais que certains élus veuillent également expliquer les raisons de cette mort serait une offense faite à leurs mémoires.
Quand on meurt pour la France, c’est pour la France tout simplement et quel qu’en soit les raisons.
Combien de dizaines de milliers de Français sont-ils morts pour que l’Alsace reste française ?
Doit-on également en rechercher les raisons ?
Honore-t-on la mémoire des milliers d’Alsaciens qui fuyaient l’envahisseur allemand en 1870 en direction d’une « Nouvelle Terre » et dont les ossements blanchissent encore aujourd’hui dans les marécages de l’est algérien qu’ils ont rendu fertiles?
Et pourtant grand était leur mérite et leur courage.
Est-ce qu’une place d’Alsace honore la mémoire du général Ahmed Rafa, dont les tirailleurs algériens ont libéré Colmar ?
On peut débattre sur tous ces sujets mais là où certains élus alsaciens, et surtout le maire de Strasbourg, Roland Ries, font preuve d’une très grave insuffisance, c’est quand ils réclament une place du 17 octobre 1961 en mémoire du « massacre » organisé par le président de la république française (à l’époque De Gaulle).
Ce 17 octobre 1961 les ennemis de la France, le FLN, organisaient une manifestation interdite par les autorités Françaises.
Ces mêmes ennemis qui ont massacré des dizaines de milliers de soldats en Algérie, notamment vos 284 bas-Rhinois et au passage quelques dizaines de policiers français en métropole.
Ce jour-là il n’y eut aucun « massacre ».
Je tiens à la disposition des élus alsaciens le compte-rendu chronologique (réalisé à l’époque par moi-même, en compagnie des enquêteurs, alors que j’étais journaliste à L’Aurore) dont voici un résumé ainsi que les noms des SEPT victimes.
Aucun cadavre noyé n’a été retrouvé dans la Seine, ni sous un pont ni à Rouen ni ailleurs.
-Le 17 octobre 1961, alors que se déroulait dans Paris un soi-disant massacre, l’Institut Médico-Légal (la Morgue), n’a enregistré aucune entrée de corps de « NA » (NA= Nord- Africain dans la terminologie de l’époque).
- Le 17 octobre 1961, de 19h30 à 23 heures, il n’y eut qu’une seule victime dans le périmètre de la manifestation, un Français nommé Guy Chevallier, tué vers 21h devant le cinéma REX, crâne fracassé. Par qui ?
- En dehors du périmètre de la manifestation, « seuls » 2 morts furent dénombrés, Abdelkader Déroues tué par balle et retrouvé à Puteaux et Lamara Achenoune tué par balle et étranglé, gisant dans une camionnette, également à Puteaux. Rien ne permet de dire qu’ils furent tués par les forces de l’ordre, puisque la manifestation ne se déroulait pas à Puteaux.
- Le 18 octobre, à 04 heures du matin, le bilan était de 3 morts. Nous sommes donc loin des 200 à 300 de morts et de « noyés » auxquels le président de la république (François hollande) vient de rendre hommage. Mais, nous dit-on, les cadavres ont été déposés à la morgue les jours suivants.
C’est absolument faux. Les archives de l’Institut Médico-Légal de Paris affirment qu’entre le 18 et le 21 octobre, 4 cadavres de « NA » seulement furent admis à la Morgue :
- Le 18 octobre, Achour Belkacem tué par un policier invoquant la légitime défense et Abdelkader Benhamar mort dans un accident de la circulation à Colombes.
- Le 20 octobre, Amar Malek tué par balles par un gendarme.
- Le 21 octobre Ramdane Mehani, mort dans des circonstances inconnues.
Manuel Gomez |