|
Les harkis ont été reconnus anciens combattants en 1994. "L'Etat aurait dû faire de même pour les indigènes à ce moment-là, c'est normal", admet Boussad Azni. "Ce qui est moins normal, c'est qu'ils se servent de notre histoire et de la journée des harkis comme d'un tremplin à la promotion d'un film." Le "ils" est flou. "Ca permet sans doute d'occulter le reste de nos revendications", lâche l'homme.
"Une jeunesse sacrifiée"
Car, les harkis attendent toujours une autre reconnaissance, sujette à polémique : celle de "la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon de ces hommes en 1962 et leur massacre" par le FLN. "La plupart des indigènes se sont arrêtés de servir la France après la guerre. Les harkis ont continué à croire aux valeurs de la République française, fidèles jusqu'au bout", insiste Azni.
Et ce n'est pas tout, poursuit ce fils de harki. Après avoir été considérés comme des traîtres en Algérie, c'est en France que les humiliations se sont poursuivies : dans les camps de réfugiés, où des familles entières ont été parquées, et aujourd'hui encore, dans la bouche de certains Français, jusqu'au président de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, qui les a traités de "sous-hommes" en février dernier.
Alors, les harkis attendent aussi, comme le rappelle Boussad Azni, que la France assume "sa responsabilité dans le cantonnement d'une jeunesse sacrifiée, qui aujourd'hui encore subit de graves discriminations, notamment dans la politique de l'égalité des chances et de la promotion sociale". Faudra-t-il aussi un film pour plaider leur cause ?
In LCI Amélie GAUTIER - le 27/09/2006 - 11h07
Crédit Photo A.Ga./LCI |
|