En effet, à l’instar de ses prédécesseurs, mis à part quelques contrats rien de nouveau dans les relations franco-algériennes n’est apparu, en dépit des signes tangibles donnés par François Hollande avant son départ sur sa volonté d’instaurer de nouvelles relations, moins « passionnelles », avec ses homologues algériens...
Est-ce à dire que notre Président de la République avait déjà à l’esprit de traiter la question Harkie par le mépris en en faisant la grande absente de ces échanges Franco-Algériens ?
Ne se doutait-il pas que son périple en Algérie susciterait des espoirs auprès de ses concitoyens français soucieux de l’honneur de la France, du rétablissement de la vérité sur « la responsabilités des gouvernants de 1962 ... dans le désarmement, l’abandon et le massacre » dont les Harkis ont été l’objet ?
Il est permis de se poser la question quant à ce simulacre de retrouvailles avec l’Algérie, à cette amnésie orchestrée de notre Chef d’état, ce mépris insoutenable infligés aux harkis de France ainsi qu’à ceux demeurés en Algérie, sacrifiés sous l’autel de tièdes relations diplomatico-mercantiles avec le pouvoir Algérien.
Oui, la fin de « la colonisation a été injuste et brutale », mais injuste et brutale d’abord pour nous Français d’Algérie : pieds noirs et surtout harkis !
Vos concessions ont été faites à perte, Monsieur Le Président.
Qu’avez-vous obtenu en échange de vos paroles comme « L’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. [...]. Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligé au peuple algérien » ? Pour les Harkis, le massacre à grande échelle, avant que l’encre des accords d’Evian n’ait séché, n’a même pas été évoqué durant ce voyage, ni le refus de la libre circulation qui les privent de toute visite familiale dans ce pays. La présence symbolique du Secrétaire d’état aux anciens combattants dans la délégation officielle n’y a rien changé.
Après la loi sur le 19 mars, voilà maintenant ce voyage officiel qui, sous couvert de reconstruction
de l’amitié franco-algérienne, voudrait rendre légitime l’oubli, l’abandon, le sacrifice et le massacre des Harkis et des français d’Algérie.
Juste avant ce voyage, des sénateurs socialistes avaient exhumé (avec la bénédiction de l’exécutif !) un texte voté par les députés il y a plus de 10 ans, que la droite n’a pas eu la sagesse de rejeter lorsqu’elle était majoritaire au parlement, afin d’instaurer le 19 mars comme « journée nationale de recueillement et de souvenir pour les victimes de la guerre d’Algérie et des évènements en Tunisie et au Maroc ». Peu importe que cette loi fût ressentie comme une insulte par les français d’Algérie et la quasi-totalité des associations d’Anciens combattants ..., comme si la date du 19 mars relevait d’une pertinente symbolique pour les victimes des évènements de Tunisie et du Maroc...
Encore une fois, quel intérêt avait la République française à choisir cette date si ce n’est celui de plaire à l’Etat algérien quitte à heurter dans leur chairs nombre de ses propres enfants ?
C’est ainsi, aussi, que le président de la République est intervenu, contre toute attente, dans la célébration du 17 octobre 1961 en condamnant « la répression sanglante... », autre gage de sa volonté de dépassionner les relations avec l’Algérie. Jusqu’où faudra-t-il aller pour s’attirer les bonnes grâces du pouvoir algérien ? Jusqu’à la « repentance » ? Les socialistes ne manqueront certainement pas l’occasion de pratiquer encore cet acte de contrition afin de se racheter d’avoir instauré les pouvoirs spéciaux en Algérie, d’avoir été partie prenante dans la « disparition » de Maurice Audin (F. Mitterrand était alors ministre de la justice) et de n’avoir pas été suffisamment clairvoyant pour éviter huit ans de guerre lorsqu’ils étaient au pouvoir.
Cela s’appelle effectivement gouverner autrement ! Vous préconisez avec force, comme solution à une refondation des relations franco-algérienne, l’ouverture des archives sur cette période tragique aux historiens des deux pays. Mais avez-vous obtenu la réciproque de vos interlocuteurs afin de faire la vérité historique sur l’éradication des Harkis par le FLN et l’ALN avec la complicité passive des autorités françaises de l’époque ?
Aujourd’hui, nous Harkis et enfants de harkis, attendons toujours le respect des engagements du candidat Hollande, au risque de déplaire au pouvoir algérien, de « gouverner autrement », de reconnaître « les responsabilités des gouvernants de 1962 ... dans le désarmement, l’abandon et le massacre » des harkis ainsi que « dans les conditions d’accueil des rescapés... ».
Plus qu’attendre, nous le demandons ici et aujourd’hui pour nos pères morts au combat, pour nos pères encore vivants ; nos enfants le réclamerons haut et fort, leurs enfants l’exigerons !
Vous ne gagnerez pas cette danse macabre du dernier survivant, tant les consciences naissent et grandissent dans la douleur de leurs pères, s’indignent et s’insurgent dans la lignée de leur patrie jusqu’à ce que cesse un jour enfin le mépris envers ses combattants morts pour la France.
Associations signataires :
AJIR France, LE FMH, AJIR Auvergne, AJIR IDF, AJIR Normandie, AJIR Picardie, AJIR 13, AJIR 27, ADER, AJIR Roubaix, Association des anciens combattants Harkis, AJIR Perpignan, Les Harkis de Châteaurenault, AJIR Montpellier, AJIR Rhône, AJIR Isère, Mon Harki.com, Aurès Loiret, ADIFRA,
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