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L'hommage aux harkis bâtisseurs du Zoo de Lunaret à Montpellier.

 
       
 

La  maire de Montpellier, a dévoilé le jeudi 24 mars 2011, au zoo de Lunaret, la plaque rendant hommage aux anciens  harkis qui, dès 1963, ont développé le site. En effet, sitôt le lieu acquis par la ville auprès de M. Lunaret, un vaste chantier s'est engagé pour aménager les 80 hectares en un parc animalier avec enclos, dans lequel les animaux vivraient en semi-liberté.
La cérémonie  relevait d'une démarche symbolique à l'égard d'une communauté accueillie, début 1963, par la municipalité de François Delmas, au même titre que les pieds- noirs. Dans son discours, la Maire de Montpellier rendait également hommage à François Domenge, premier adjoint de l'époque, à l'origine de la réalisation du zoo.  On a du mal à imaginer le paysage d'alors. Eux n'ont aucune difficulté à se souvenir du travail accompli. Aujourd'hui, Mahdi Bensaïdi - dont le fils, Rabah, est président d'Avenir harki - et Yahya Bouhafs coulent une heureuse retraite

 

En 1910, Henri de Lunaret, propriétaire du domaine de La Valette couvrant près de 350 ha, lègue son bien à la ville de Montpellier.
A sa mort, en 1919, sa soeur, usufruitière, en conservera la jouissance jusqu'à son décès en 1939. La municipalité de l'époque confie la gestion du domaine à l’ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier).
C'est sous l'impulsion du Conseiller Municipal Henri Gallet que cet espace tout à l'honneur des animaux est crée. Il s'agissait au départ d'occuper intelligemment cet espace remarquable en y hébergeant des espèces d'animaux en voie de disparition. On parlait alors de parc d'acclimatation. Le professeur Doumenge personnalité Montpelliéraine y apporte sa contribution en dotant ce dernier d'une variétés  très rares d'espèces qu'il importe de ses voyages dans les pays Africains, d'Amérique et de Nouvelle Zélande.
En tant qu'adjoint au maire de Montpellier, François Doumenge s'est vu confier le projet de créer un parc animalier : « le parc zoologique de Lunaret » qui a ouvert ses portes en 1964, avec de vastes enclos séparés du public par des profonds fossés, excluant toutes cages ou clôtures, pour permettre aux animaux de vivre dans un milieu naturel.
Il faudra attendre 1963 pour que Monsieur Doumenge, océanographe, adjoint au maire, trace les premières limites du futur "zoo" avec le régisseur du domaine M. Pelissier.

La question d'un responsable confirmé devint vite d'actualité, or la municipalité montpelliéraine tenait à ce que le nouveau responsable parle l'arabe pour pouvoir communiquer facilement avec les harkis logés sur place. Le professeur Nouvel propose aussitôt Marcel Gallet qu'il connaît bien et qu'il sait disponible à brève échéance connaissant parfaitement sa situation à Alger.
Marcel Gallet fait acte de candidature le 10 septembre 1964. Le sujet du concours «Parcs zoologiques de l'avenir» n'est pas pour lui déplaire, lui qui à Alger était à la pointe des nouvelles conceptions de ménageries.

Aussitôt reçu il va mettre toutes ses connaissances au service de ce nouveau concept de parc zoologique. Quand il arrive le parc possède seulement un couple d'alpacas, un nandou mâle, un zèbre de Grant, un mâle et deux femelles cerf axis. . L'idée d'une collection d'animaux répondant aux critères de groupes plutôt que d'individus, et d'animaux vivants sous un même climat s'impose rapidement. A ceci deux préoccupations:
- la première de pouvoir laisser les animaux toujours dehors à l'abri de simples cabanes en bois pour lutter contre les intempéries.
- la seconde de recréer les groupes susceptibles de se reproduire comme dans leurs milieux naturels.
Marcel Gallet ne s'est pas trompé. Bien dissimulés dans la végétation présente dans tous les enclos, les animaux vont se reproduire très rapidement: en 1968 la naissance de trois guépards en captivité est une première européenne, en 19701a naissance de deux bisons d'Europe (espèce en voie de disparition) est saluée comme un exploit.
Dés 1965 la construction d'immenses volières vont donner l'impression qu'on se trouve en pleine forêt tropicale avec leur flore et leur faune particulière et va accorder au nouveau parc une dimension nationale. En 1974 c'est la construction de bâtiments nichés en pleine forêt qui va permettre aux Montpelliérains d'admirer la plus complète collection de lémuriens du monde, hors l'île de Madagascar d'où ils sont presque exclusivement originaires. En 1973 le parc zoologique de Lunaret comprend:
244 mammifères dont 41 espèces
174 oiseaux dont 37 espèces
182 palmipèdes dont 38 espèces
73 reptiles dont 14 espèces

Marcel Gallet ne perd pas de vue que toutes ses connaissances doivent s'enrichir et que cela ne peut se faire qu'au contact des autres professionnels de son métier. Il va donc parcourir toute la France ou aucun parc zoologique n'aura de secret pour lui. Puis c'est l'Europe qu'il va visiter pour connaître leurs installations mais aussi leurs directeurs avec leurs soucis, leurs succès ou leurs échecs. Les zoos d'Oakland et de Sydney à l'autre bout du monde seront pour lui source de découvertes et d'enseignements. Riche de cette formation il sera à même le temps venu de pouvoir répondre à toutes les sollicitations venues de France ou de l'Etranger.

- En 1972, à la demande du Professeur Doumenge il va partir à Nouméa pour concevoir un parc animalier spécialisé dans les animaux du pacifique sud. Il y restera un mois et demi pour réaliser cette opération, avec un succès non démenti.
- En 1974 c'est Abu-Dhabi dans le golfe persique qui va demander à Marcel Gallet d'élaborer un parc zoologique moderne«. Cette fois le projet ne se réalisera pas pour d'obscures raisons politiques, mais il ne serait pas étonnant de le voir resurgir bientôt, si cela n'est pas déjà fait.
- En 1976 en France c'est le Muséum d'Histoire Naturelle qui va lui demander de concevoir à Azay le Ferron une réserve animalière qui servira de lazaret non seulement pour le parc de Vincennes mais aussi pour tous les zoos de France. Là encore Marcel Gallet va accomplir avec brio sa mission et aménagera sur 500 hectares « le parc animalier de la Haute Touche » dans ce même esprit d'espaces naturels. A l'heure actuelle ce parc abrite un millier d'animaux groupant une centaine d'espèces.
- - En 1992 Marcel Gallet va être encore appelé au Maroc pour créer de toutes pièces un parc zoologique à Ifrane dans le moyen atlas, il va y rester plus d'un mois et réalisera un superbe site très prisé à l'heure actuelle des responsables marocains.
Dans l'année 1968 Marcel Gallet rencontre Renée Puyaubrau étudiante en lettres à la faculté de Montpellier. Elle vient comme beaucoup d'étudiants travailler au Parc de Lunaret dans le cadre du partenariat Municipalité- Facultés. Elle est oranaise et fille d'André Puyaubrau, oenolgue et directeur du Comptoir Agricole section vinicole, 14 rue du Général Loverdo à Gambetta. De leur union en 1969 vont naître Nathalie (1971) et Laurent (1973). Renée Gallet va de son coté, après ses études en fac de lettres, suivre une carrière de théologienne. Diplômée de la Faculté de Théologie de Toulouse elle est actuellement membre de l'équipe dirigeante de l'Institut Diocésain de la formation à Montpellier. Femme d'une grande ferveur, elle lui apporta pendant toute sa carrière et surtout dans ces derniers moments, la complicité affectueuse et remarquable d'une compagne modèle.
Habitant dans le parc, Marcel Gallet va pouvoir exercer sa profession avec toute sa passion. Tous les matins sans exception il va parcourir tout son domaine pour voir ses animaux: il les connaît tous et tous le connaissent. Il leur parle, ils viennent à sa rencontre. En cela il fait ce qu'il a toujours vu faire par ses parents et grands parents au Jardin d'Essai à Alger communiquer étroitement avec les pensionnaires du parc zoologique ( Mme d'Ange, grand-mère du petit Marcel, n'apportait t-elle pas tous les matins leur café au lait aux grand perroquets de la volière !).
Toujours à la recherche d'améliorations pour rendre son parc le plus vivant possible, il ne va pas négliger les moyens de communications les plus divers : panneaux avec schémas décrivant habitat, moeurs, origine de chaque espèce devant chaque enclos, documentation sous forme de carnets illustrés à distribuer, bibliothèque mise à la dispositions des chercheurs et des étudiants, conférences toujours brillantes et remplies d'anecdotes vécues et surtout accompagnant tout cela une disponibilité de tous les instants.
Créateur de la ferme pédagogique «Boria del Clapas», au sein du bois de Lavalette, il va pouvoir auprès des enfants leur faire partager cet amour des animaux qui fût la base de toute sa vie. Cette ferme permettra à des classes entières de venir passer plusieurs semaines auprès de ces animaux domestiques, que les citadins qu'ils sont, connaissent si mal. Fermée au public ce site est exclusivement réservé aux enfants des écoles : c'est Marcel Gallet qui l'avait voulu pour donner à cette ferme toute sa vocation pédagogique.

Confident de ses employés, comme à Alger ses parents le faisaient, il devient le conseiller, le «père» de ses harkis: il résout leurs problèmes, remplit leurs papiers administratifs, publics ou privés, devient le juge écouté pour tout différent entre les familles logées dans le parc. Levé tôt le matin (pour sa visite quotidienne de tout le parc) rentrant tard le soir (restant à la disposition de ses employés pour écouter leurs difficultés) Marcel Gallet forcera l'admiration et le respect de tous, employés et employeurs. Il sera le premier en France en 1977 à obtenir le Certificat de Capacité du Ministère de l'Environnement pour l'entretien des spécimens vivants (mammifères, oiseaux, reptiles). Ses qualités à travers les municipalités d'origines politiques opposées, vont contribuer à consolider sa place au sein de l'administration municipale ou il deviendra assez rapidement ingénieur subdivisionnaire, puis en 1990 inspecteur en chef.
Et c'est brutalement dans la plénitude de sa carrière que se déclarent les premiers symptômes de la cruelle maladie qui va l'emporter le 12 février 1995.
A ses obsèques ou une foule considérable va venir lui rendre hommage «ses» harkis ont

     
 
 
     
     
demandé à porter son cercueil pour rendre un dernier hommage à celui qu'ils avaient toujours considéré comme leur père. Les oraisons funèbres, prononcées par le maire de Montpellier et ses différents adjoints, ont témoignés de l'immense admiration que son action avait provoquée chez tous ceux qui l'avaient entouré. Fait Citoyen d'Honneur le 2 décembre 1994, la médaille de la ville de Montpellier l'honorera à jamais de son dévouement à ce parc qui fut pour lui le fruit de sa passion.
Aujourd'hui la place devant le parc zoologique de Lunaret porte le nom de « Esplanade Marcel Gallet ».
 
 
     
Source : http://www.midilibre.com/articles/2011/03/25/MONTPELLIER-Zoo-de-Lunaret-l-39-hommage-aux-harkis-batisseurs-1574058.php5
Source : http://algerianistesmtp.free.fr/zoo.htm