Malika, aujourd’hui mère et grand-mère, se souvient que, sans doute en raison de son caractère enjoué, elle s’était retrouvée « à l’aise » dans ce coin de Provence. En outre, par « chance », contrairement à d’autres hameaux, celui-ci était proche du village. Elle a donc pu y effectuer sa scolarité : « Je ne parlais que le kabyle. En deux ans, l’instituteur m’a amenée au niveau CM1. »
Trois frères naissent ensuite. Et la famille déménage à Saint-Raphaël. Souffrant des séquelles de sa captivité, le père décède sans pouvoir profiter d’une paisible retraite. Malika, elle, mène sa scolarité sans problème.
À 18 ans, elle se marie, donne naissance à un enfant et commence à travailler dans un atelier de couture. Elle aurait bien voulu à ce moment-là reprendre des études, mais son petit salaire était indispensable pour la marche du foyer.
Malgré tout, Malika s’est toujours sentie « très intégrée ». Comme beaucoup d’enfants de harkis, elle a très tôt aidé ses parents à effectuer les diverses formalités auprès des administrations.
Un besoin d'apaisement
Aujourd’hui, elle offre une écoute et un soutien aux aînés, devenus âgés. Elle le fait avec l’Union nationale des harkis, associés et sympathisants, fondée en région parisienne par le vétéran Messaoud Kafi, auteur d’une récente autobiographie à compte d’auteur - De berger à harki - où pour la première fois un harki raconte lui-même sa vie.
Et puis, avec le concours d’un ancien officier de la harka en Algérie, Jacques Mirlier, Malika Meddah apporte aussi une aide pratique à ces anciens : pour celui-ci à qui une indemnité n’a toujours pas été versée ; pour celui-là dont les petits-enfants cherchent un emploi.
Elle organise enfin des activités culturelles et des sorties commémoratives par exemple au camp de Rivesaltes. « Ils sont heureux de se retrouver, explique-t-elle. Après les souffrances qu’ils ont endurées, ils ont besoin d’apaisement. Nous, les enfants, nous leur devons bien cela. »
Source : http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2440410&rubId=55350