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M. Bellebou fils de Harki rejugé en appel par la Cour d'appel de Toulouse

 
       
 

Mercredi 2 juin 2010, Mohamed Bellebou comparaissait devant la cour d'appel de Toulouse pour avoir, en mars dernier, séquestré durant quelques minutes le sénateur socialiste de l'Ariège, Jean-Pierre Bel.
Ce dernier avait été retenu dans les locaux de l'association des maires de l'Ariège sous la menace d'une fausse bombe artisanale. (il s'agissait d'un extincteur)
Le 18 mars 2010, Mohamed Bellebou et Yamina Mellouli avaient pris rendez-vous avec le parlementaire ariégeois pour évoquer les difficultés rencontrées par la communauté harkie.

Il devait être question d'emploi des fils de harkis, de reconnaissance de leurs difficultés, ou encore de la suppression de la mention « français musulmans rapatriés ». Mais le rendez-vous avait tourné court.
Condamné à à trois ans de prison, dont un an avec sursis en première instance, le prévenu sera fixé sur son sort le 8 juin 2010, date à laquelle sera rendu l'arrêt de la cour d'appel de Toulouse.

 

Avant-hier, le parquet général a demandé aux conseillers de confirmer la sanction de première instance.
« Nous n'avons plus qu'à attendre. Tout est possible : un adoucissement de la sanction, le maintien de la décision rendue à Foix ou son alourdissement, confiait Me Cabrol, l'un des avocats de Mohamed Bellebou.
« C'était un engin fabriqué de bric et de broc, qui n'était pas porteur de poudre, mais porteur de sens, a souligné l'avocat de Mohamed Bellebou. Ce geste signifie clairement que le monde des harkis est au bord de l'explosion. Dans ce geste, il y a l'expression d'un désespoir collectif immense, celui d'une communauté qui désespère de tout.

Nous publions ci-dessous la lettre adressée par le sénateur Jean-Pierre Bel au Président de la Cour d'appel de Toulouse, à l'occasion du procès en appel de Mohamed Bellebou (source : La Gazette ariegeoise ):

Monsieur le Président,

Au moment où votre Cour s’apprête à examiner l’affaire concernant Monsieur Bellebou et dans laquelle, en première instance, je me suis constitué partie civile, je souhaitais faire part de quelques considérations en vous remerciant de bien vouloir en faire état à l’audience.
J’ai été mêlé à ces événements, bien évidemment, à mon encontre et je ne porte aucune responsabilité personnelle sur les conséquences qui en découlent.
Ces moments sont particulièrement pénibles et j’ai pu en vérifier l’impact auprès de mes collaborateurs présents ce matin-là.
Néanmoins, je n’ai demandé aucune réparation particulière et ne suis animé par aucune rancune.
Ces événements s’étant produits dans les locaux de l’Association des Maires et des Elus de l’Ariège, je me suis constitué partie civile parce qu’il est de ma responsabilité de faire respecter ma fonction d’élu.
Cependant, il apparaît clairement que derrière tout cela, il y a l’histoire tragique des harkis qui continue à marquer les générations qui ont suivi. C’est un problème majeur et douloureux au plan historique, au plan social et, on le voit bien, au plan personnel. Cette question n’a, en effet, jamais été vraiment résolue.
En tant que responsable politique, je me dois d’en tenir compte y compris vis- à-vis de l’auteur des faits dont j’ai été la victime.
Je demande à ce qu’il lui en soit donné acte car l’expression démesurée, condamnable, du désarroi qui l’anime ne peut-être uniquement réparée par la répression.
Même si les faits que vous avez à juger ne s’inscrivent pas dans le cadre des actions des associations de défense des harkis, je ne peux ignorer que, d’une certaine manière, ils puissent en être une des traductions désespérées venant de surcroit d’un homme responsable d’une famille.
Si cela doit constituer des circonstances atténuantes, je pense donc qu’elles ne se situent pas hors du champ de réflexion de la Cour laquelle doit, en toute souveraineté, appréhender l’événement dans toutes ses dimensions.
En vous remerciant pour l’attention que vous accorderez à la présente, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance des mes meilleurs sentiments.