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Les harkis très déçus
C'est aujourd'hui la journée nationale d'hommage aux harkis. Des gerbes seront déposées dans une trentaine de lieux, dont le camp de Bias, en Lot-et-Garonne. C'est là qu'a grandi Boussad Azni, vice-président du Haut Conseil aux rapatriés, président du Conseil représentatif des harkis et conseiller chargé des harkis au secrétariat d'État à la Défense et aux Anciens Combattants.
« Sud Ouest ». Où en est-on des revendications de la communauté harkie ?
Boussad Azni. C'est le statu quo. Je dirai même que nos problèmes s'aggravent. Beaucoup d'engagements ont été pris par rapport aux harkis et à leurs enfants, et ils n'ont pas été tenus. Les promesses de Nicolas Sarkozy (candidat à la présidentielle pour qui nous avions appelé à voter) sont passées aux oubliettes.
Quelles sont-elles ?
D'abord, la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans le massacre des harkis après le 19 mars 1962. Rien sur ça. Deuxième point : la création d'une fondation sur la guerre d'Algérie pour les harkis, promise pour 2008. On attend. Troisièmement : la promotion des enfants de harkis dans diverses administrations. Aucune lisibilité. Devait aussi être instaurée une discrimination positive « plus plus » pour les enfants de harkis dans les domaines de l'emploi et du logement. Il n'y a absolument rien de tout ça.
On avait pourtant parlé de 10 000 emplois réservés pour les descendants de harkis...
C'est totalement faux. Les enfants de harkis intègrent le système déjà existant que sont les emplois réservés. Ceux-ci sont pour les handicapés, les pupilles de la nation, les anciens militaires, les veuves des pompiers... Et nous, on rentre dans le lot. Ce système renouvelle tous les ans 2 000 à 3 000 postes. Si nous en avons eu une centaine, c'est le bout du monde. Dans un département comme le Lot-et-Garonne, il n'y a qu'un emploi réservé. À qui va-t-on le donner en sachant qu'il y a 300 enfants de harkis inscrits. On a fait croire qu'il existait un plan emploi pour les harkis, mais on se moque de nous. On peut même parler de discrimination négative « moins moins ». Pour prévoir prétendre à un passeport pour l'emploi, on doit montrer patte blanche et finalement se rendre au Pôle emploi comme tout chômeur. Nous sommes dans le droit commun.
Vous qui avez accepté un poste dans un cabinet, vous sentez-vous trahi ?
Nous ne pouvons croire que M. Nicolas Sarkozy soit au courant de la situation. J'en appelle à lui pour qu'il redresse la barre. On lui demande de changer l'administration de la Mission interministérielle aux rapatriés qui nous gère depuis quinze ans. Comment voulez-vous changer de politique quand vous maintenez les mêmes aux manettes ?
Après votre nomination, vos proches craignaient pour votre liberté d'action. Qu'en est-il ?
Je me sens totalement cocu et responsable de la situation. On a fait campagne pour Sarkozy dès le premier tour par rapport à des engagements très précis et aucun n'est tenu aujourd'hui. Que ce soit clair, je ne suis pas allé dans un cabinet ministériel pour trahir ma
communauté. Si rien ne se passe, j'en tirerai les conséquences. N'en déplaise à certains, nous sommes français et faisons partie de l'histoire de ce pays dont une page a été écrite avec notre sang.
Auteur : Propos recueillis par Jacky Sanudo. |
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Réactions
Harkis, Nous y voilà enfin… un comportement digne d’un fils de harkis!
Enfin Boussad Azni, vice-président du Haut Conseil aux rapatriés, président du Conseil représentatif des harkis et conseiller chargé des harkis au secrétariat d'État à la Défense et aux Anciens Combattants. se décide à appeler un « chat un chat ». Depuis plusieurs années, l’ensemble de la communauté harkie baigne dans l’ignorance de l'Etat, qui a tant tardé à accorder sa reconnaissance envers les harkis.
Aujourd’hui, Boussad Azni constate que rien ne va plus et que la situation de nos problèmes s’est même aggravée.
Quand Boussad Azni déclare : « L’absence totale de la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans le massacre des harkis après le 19 mars 1962. ». Nous partageons son analyse.
Quand Boussad Azni déclare : « L’attente de la création d'une fondation sur la guerre d'Algérie pour les harkis, promise pour 2008 ». Nous partageons son analyse.
Quand Boussad Azni déclare : « Aucune lisibilité sur la promotion des enfants de harkis dans diverses administrations. ». Nous partageons son analyse.
Quand Boussad Azni déclare : « Que pensez-vous des 10 000 emplois réservés pour les descendants de harkis ? : C'est totalement faux. Les enfants de harkis intègrent le système déjà existant que sont les emplois réservés. Ceux-ci sont pour les handicapés, les pupilles de la nation, les anciens militaires, les veuves des pompiers... Et nous, on rentre dans le lot. Ce système renouvelle tous les ans 2 000 à 3 000 postes. Si nous en avons eu une centaine, c'est le bout du monde. Dans un département comme le Lot-et-Garonne, il n'y a qu'un emploi réservé. À qui va-t-on le donner en sachant qu'il y a 300 enfants de harkis inscrits. On a fait croire qu'il existait un plan emploi pour les harkis, mais on se moque de nous. On peut même parler de discrimination négative « moins moins ». Pour prévoir prétendre à un passeport pour l'emploi, on doit montrer patte blanche et finalement se rendre au Pôle emploi comme tout chômeur. Nous sommes dans le droit commun…». Nous partageons son analyse. Reconnaissons-le : seul une réforme d'envergure peut cicatriser les plaies. Tous ces débats à l'Assemblée n’ont véritablement pas constitués le moyen de témoigner une reconnaissance totale du préjudice morale et tout particulièrement matériel aux harkis. En effet, on peut considérer que l’indemnité à avoisinée les 55000 euros sur 47 ans soit 97 euros par mois. Peut-on dire qu’à cet effet que la France a véritablement apporté une contribution essentielle aux harkis à leur développement dans tous les domaines ?
Aujourd’hui, pour prendre en charge l'épineuse question des harkis, et pour faire avancer les multiples dossiers restés trop longtemps sans réponse, notamment celui d’une véritable indemnisation et non saucissonnée, il faudrait convier les vrais concernés.
N’en déplaise à certains qui depuis longtemps nous manipulent, et font que nous diviser. Trop c’est trop, nous jugeons scandaleux les coups colportés envers les harkis par des ignares ne connaissant rien à rien de notre histoire.
Que les associations de harkis que nous sommes cessent d’ergoter. Pour l’essentiel nous partageons les analyses de Monsieur Azni et nous serions mal aviser de dire le contraire puisque nous l’avons écrit depuis quelques années déjà !
Monsieur Hubert Falco, a ainsi jeté les bases d’une réflexion et de propositions mais pour aller au bout de cette démarche, il devient urgent de réunir les partenaires responsables pour trouver des alternatives efficaces, pertinentes et durables.
Les harkis attendent aussi que l’état assume enfin pleinement sa responsabilité et répare les torts qu'elle leur a causés ou qu'elle a laissé leur porter sans les protéger. Aujourd’hui, il est en revanche établi pour reconnaître que les conditions dans lesquelles l'indépendance a été accordée ont gravement lésé les harkis. Après le cessez-le-feu, le sang n'a cessé de couler. Les victimes après le 19 mars sont encore dans les mémoires, car, faute de réparation, le deuil de cette tragédie n'a pu encore être fait. Dans une totale improvisation, la France n'a pas réussi à protéger les harkis des enlèvements ni des massacres. N'a-t-elle pas sacrifié les harkis à la raison d'Etat ? La question, certes dérangeante, mérite d'être posée.
Le Discours est là, les idées sont là ! L’Etat et les associations de harkis doivent en débattre au plus tôt !
Des erreurs ont été commises. Il faut en tenir compte et y remédier urgemment !
Source:http://monharki.com.over-blog.com/article-36620663.html |
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La suite ....
Pas plus tard que le vendredi 25 sepembre 2009 (journée nationale d'hommage aux harkis), Boussad Azni s'exprimait dans les colonnes du journal Sud Ouest pour dire sa déception des promesses non tenues par le gouvernement actuel vis-à-vis de la communauté harkie.
Le Lot-et-Garonnais se disait d'autant plus choqué que, après avoir appelé à voter pour Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle, il avait intégré le cabinet du secrétaire d'État à la Défense et aux Anciens Combattants, sous le titre de « conseiller chargé des harkis et de la citoyenneté ».
Dans notre édition, il disait textuellement : « que ce soit clair, je ne suis pas allé dans un cabinet ministériel pour trahir ma communauté. Si rien ne se passe, j'en tirerai les conséquences. »
Boussad Azni n'en a pas eu le temps.
Le lundi 28 septembre 2009 au matin, en son absence, sa secrétaire au ministère a été convoquée pour « faire les cartons de M. Azni ». Son bureau a été vidé sur-le-champ. Sur la lancée, son téléphone portable professionnel a été coupé. Dès samedi, la voiture mise à sa disposition lui avait été enlevée alors qu'il devait se rendre à Rouen représenter le ministre lors d'une cérémonie.
« Même si personne ne m'a téléphoné ni écrit, pour moi c'est clair : je suis viré. Mon seul tort est d'avoir ouvert ma gueule malgré les mises en garde et les pressions. Je suis à peine surpris puisque ces pratiques se déroulent ainsi depuis des années avec les harkis. Et maintenant il faut que je m'attende à ce qu'ils viennent me chercher des poux sur la tête. J'en connais qui vont être contents », affirme l'intéressé.
Le ministère confirme
Le cabinet du secrétaire d'État Hubert Falco confirme l'éviction de Boussad Azni. « Pour nous, c'est très clair. M. Azni avait été nommé conseiller auprès d'Alain Marleix puis de Jean-Marie Bockel, mais il n'était que consultant auprès du nouveau cabinet. Depuis le 26 septembre, il n'en fait plus partie », explique Chrystelle de Crescenzo, responsable de la communication politique.
« J'étais censé être l'intermédiaire entre ma communauté et le gouvernement. Je n'étais plus là pour revendiquer mais pour mettre en oeuvre les promesses de M. Sarkozy. Et voilà ce que je récolte », poursuit le fils de harki. Pour lui, les instigateurs de son éviction se trouvent dans la Mission interministérielle des rapatriés. Depuis quelque mois, Boussad Azni s'en prenait ouvertement à elle en demandant que celle-ci, en poste depuis quinze ans, soit renouvelée. Il soupçonne aussi les conseillers de l'Élysée, car il ne veut pas croire que « le président de la république est au courant ».
Arrêt maladie
« C'est une décision du ministre. Quand on travaille pour lui, on ne fait pas des annonces sans l'avoir consulté et sans son autorisation. C'est la règle. Nous n'avons pas compris son attitude et avons le sentiment que M. Azni s'est sorti tout seul de son poste.
Le problème, c'est qu'il tentait de régler ses problèmes personnels à travers la cause harkie, en appelant au président Sarkozy », assure Chrystelle de Crescenzo.
Pour l'heure, Boussad Azni dit être sous calmants, épuisé physiquement et moralement par ce combat interminable pour les harkis mais aussi contre une grave maladie. Son médecin vient de signer un arrêt de travail.
Son poste au cabinet d'Hubert Falco n'est déjà plus vacant. Odile Froument, conseillère technique aux rapatriés, prend le dossier harkis à sa charge. Auteur : Jacky sanudo |
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