Car, au préalable, je dois vous transmettre les regrets, et les excuses, de ceux qui auraient aimé être parmi nous mais n’ont pu le faire.
Je nommerai en premier lieu le Chef d’état major de la Marine, l’Amiral Pierre-François Forissier . Retenu par ses obligations, il n’a pu être des nôtres. L’Amiral Forissier a demandé à un homme très proche de nous, le Capitaine de frégate Norbert Tafzi, commandant le groupement des fusiliers marins de Toulon, de le représenter, nous l’en remercions.
l’Amiral Alain Oudot de Dainville qui, en tant que Chef d’état major de la Marine, nous avait grandement honorés de sa présence en 2007 s’est également excusé.
De même le Contre-amiral Marin Gillier, commandant la force maritime des fusiliers marins et commandos a du s’excuser. J’excuserai également nos amis l’Amiral Jean Moulin, et le Contre-amiral Pierre Martinez retenu pour des raisons d’opérations.
Monsieur Amaury de Saint-Quentin, Préfet de l’Ardèche, n’a pu être des nôtres cette année. Nos remerciements iront à son représentant, Monsieur le Sous-préfet Sylvain Humbert.
L’an passé, il vous en souvient, les associations d’Anciens combattants de la ville de Neuilly sur Seine, ville marraine de la ville de Nemours en Algérie, région dont est originaire la plupart des familles des Harkis de Largentière, nous avaient fait l’honneur de venir remettre et dévoiler, pour marquer leur respect et leur amitié, une plaque d’hommage aux Harkis et à leurs familles. Or, aujourd’hui, nous avons eu le plaisir d’accueillir Monsieur Jean-Christophe Fromantin, Maire de Neuilly sur Seine, qui a tenu à venir, personnellement, saluer votre communauté de Largentière. Sur la plaque de votre cimetière figure, vous le savez, pour faire mémoire, les noms de Neuilly-Nemours. Monsieur Fromantin qui représente ici la ville de France qui avait tenu à être, dès 1962, solidaire financièrement de votre installation dans ce coin de France, voulait ainsi saluer nos morts et les vivants. Je dois également présenter les excuses, et les regrets, de notre ami, Dominique Rose et de sa famille. L’enseigne de vaisseau Rose était membre du détachement de la Marine nationale auprés des Harkis lors de leur repli en 1962, il fut en septembre 1962 l’un des premiers à fouler comme tel le sol de Largentière.Au nom de tous, je renouvellerai nos félicitations à notre ami René Béra qui vient de recevoir la Médaille militaire des mains de l’amiral Jean Raguet. Félicitations donc à René Béra.
L’an passé nous avions évoqué ensemble le raté malheureux que constituait l’inauguration d’un square du « 19 mars 1962 » dans une commune de l’Ardèche en octobre 2007.
La décision du Maire de Valence de donner le nom de « 19 mars 1962 » à l’un des lieux publics de cette commune, la contre-manifestation nationale du 14 mars dernier dans cette même ville pour protester contre cette décision, contre-manifestation à laquelle votre association, l’ARHE, était présente, les propos insultants tenus ensuite à votre encontre par le maire de Valence et repris dans le Dauphiné Libéré daté du 21 mars 2009, nous ont conduit à redire clairement les raisons pour lesquelles, en particulier notre association l’ARHE et son Président, sont totalement opposés à une telle décision. Pour ce faire, je redirai, très simplement, mais sans doute un peu longuement, et je vous remercie de m’en excuser, ce que fut « votre » histoire.
Il y a quarante sept ans…
Le 11 juin 1962 arrivait à Marseille sur le bâtiment de débarquement de chars (BDC) TRIEUX, le premier rapatriement massif de Harkis en métropole. Venant du secteur de Nemours contrôlé jusqu’en mars 1962 par la Demi-Brigade de Fusiliers marins (DBFM), regroupés progressivement depuis le cessez-le-feu à Mers el-kebir, ils savaient qu’ils quittaient leur pays natal sans espoir de retour. Deux cents hommes, cent cinquante femmes et trois cents enfants s’entassaient dans le hangar avec leurs baluchons et comme maigre souvenir un peu de terre de leurs douars. Six cent cinquante au départ, six cent cinquante et un à l’arrivée : pendant la traversée, un petit était né… Quarante sept ans, c’est presque la durée d’une génération – du moins d’une vie active. Nombreux sont arrivés enfants en France, nombreux sont nés depuis cette naissance en mer, dont les racines plongent dans les douars des Souhalias, des M’sirdas et des Béni Menir, dans un pays qu’ils ne connaissent pas et qui ne les reconnaît pas. Quarante sept ans, c’est aussi l’histoire d’une chaîne de solidarités agissantes à travers l’Association des Anciens de la DBFM – aujourd’hui dissoute – puis l’Association amicale des Fusiliers marins et Commandos. Il convient de retracer cette histoire en passe d’être oubliée. Rares, en effet, sont ceux qui la connaissent.
De Nemours à Mers el-kebir
Entre mars et juillet 1962, tout est allé très vite, trop vite. La DBFM qui avait contrôlé pendant six ans la frontière algéro-marocaine et le secteur de Nemours regroupant 15 000 habitants dans 19 communes se repliait en moins de deux mois, le troisième bataillon vers Mers el-kebir, et le 14 mars, lepremier et le deuxième bataillon vers Toulon sur le BDC Blavet. Fin avril, il ne restait plus à Nemours qu’un petit échelon liquidateur.
Bien évidemment, le chevauchement de ces dates avec celle des accords d’Evian et du 19 mars n’est pas un effet du hasard.
Heureusement, bien avant le cessez-le-feu, un groupe d’officiers de la DBFM avait réfléchi à des solutions de repli pour les Harkis qui auraient estimé n’avoir aucune chance dans l’Algérie d’après l’autodétermination. Une première solution de repli sur Mers el-kebir fut lancée… Il est vite apparu que ce ne pouvait être qu’une solution limitée et longue à mettre en œuvre…Toutefois, le regroupement sur Mers el-kebir allait se poursuivre, par la route en avril 1962, puis par mer à partir de mai 1962, en raison de la détérioration de la situation dans le secteur de Nemours. Le total des réfugiés en attente allait atteindre le millier.
Nous arrêterons ici notre évocation de cette année 1962, année de sang pour des dizaines de milliers de Harkis et supplétifs massacrés, année d’exode pour un million de Français d’Algérie, année de deuil national. Le 19 mars 1962 est le début d’un drame national, drame enfoui au fond de nos mémoires par ceux qui l’ont vécu, qui ne saurait être célébré ni inscrit sur les places de nos villes et de nos bourgs et villages. La Marine Nationale a sauvé la vie du plus grand nombre de ses Harkis, c’est cela que nous célébrons aujourd’hui. Ils ont trouvé dans cette terre d’Ardèche l’accueil que leur sacrifice au bénéfice de la France méritait, c’est là notre mémoire. Silence, Recueillement et Paix pour nos morts.
Le Président de la République, Jacques Chirac, a déclaré que « le moment doit venir d’une appréciation de la tragédie vécue par les Harkis objective et respectueuse de la vérité historique ». « La Journée nationale d’hommage aux Harkis » du 25 septembre a été le geste politique que beaucoup attendaient. Le 5 décembre est le jour de la commémoration officielle de la guerre d’Algérie. Le Président Nicolas Sarkozy a confirmé ces décisions. Notre journée du souvenir du 13 juin 2009, ainsi que celles qui l’ont précédées et celles qui la suivront, doivent marquer que la reconnaissance ne s’exprime pas seulement dans la cérémonie d’un jour mais doit se perpétuer dans les mémoires afin de donner aux Harkis la considération qu’ils méritent pour leur engagement ainsi que leur pleine dignité de citoyens français. Célébrer le « 19 mars 1962 » c’est nier cette dignité. Car voilà votre histoire !
Nos remerciements iront en premier au Maire de Neuilly sur Seine, Monsieur Jean-Christophe Fromantin, et aux associations d’Anciens Combattants de cette ville, et, en particulier à Monsieur François Costet, président du Comité d’entente et de liaison des Anciens Combattants de cette même ville.
Merci à Monsieur le sous-préfet de Largentière, Monsieur Sylvain Humbert, qui poursuit la sympathique tradition de ses prédécesseurs de porter une grande attention à nos amis.
Merci à tous les élus présents, je ne peux les citer tous, ils sont très fidèles à ce rendez-vous. Je ferai une exception pour notre Maire de Largentière, Monsieur Jean-Roger Durand et son adjoint André Paul, toujours si près de nos amis.
Merci au Capitaine de frégate Norbert Tafzi d’être venu à nouveau dans ce lieu de mémoire pour la Marine.
Merci d’être ainsi le représentant fidèle d’une Marine qui n’abandonne jamais les siens. Sachez que vous serez toujours le bienvenu en ces lieux de l’Ardèche.
Merci à Monsieur Charles FRANCOIS représentant le colonel Miliani Président de l’UNACFM.
Merci à Monsieur Jacques HOUASSI Président de l’ACFM de Lyon et à tous nos amis de Lyon présents.
Merci à Monsieur Mohamed MOKRANI, Président de l’ACFM de Saint-Etienne et à tous nos amis de cette région présents.
Merci à notre Président Mouslim pour son travail, pour le souffle qu’il sait communiquer à tous les siens; merci à tous les membres du Conseil qui l’entourent, en particulier à Michel Sala.
Merci à l’amiral Jean Raguet et à tous nos amis fidèles de l’Amicale des fusiliers-marins et commandos et en particulier à la délégation toulonnaise menée par notre ami Michel Raclet, merci aux parisiens et à leur président, le commandant Yves Guilmeau.
Merci au Commandant Bruno Le Cornec et aux marins du piquet d’honneur de la base aéronavale de Nîmes Garons .
Merci à l’équipage de l’Hélicoptère de Hyères.
Merci à François Massot, membre fondateur de l’AADBFM, au contrôleur général Philippe Bros qui avec Michel Faure, Max Phalippon, François Blanc et notre ami Rosset et les Harkis et leurs familles avaient découvert Largentière un jour de septembre 1962, il y a 47 ans.
Merci aux membres de l’association des Nemouriens toujours fidèles à cette journée.
Merci à l’association « Jeune Pied-Noir » d’avoir voulu être présente.
Merci à vous tous ici présents, aux Elus, aux hommes et femmes de Largentière et de l’Ardèche, à vous tous qui savez que la fidélité dans l’amitié est une valeur sacrée.
Et puis, merci à vous tous qui avez contribué par votre travail aux succès de cette journée, et en disant ceci je pense en particulier au roi du méchoui Salah Zamani, aux dames, artisans cachés de toutes ces gâteries. Et, bien sûr, aux jeunes sans lesquels rien n’aurait pu se faire.
Avant de vous quitter une information sur la messe traditionnelle pour tous nos morts et disparus ; elle sera célébrée en l’église de Largentière demain 14 juin à 11 heures.
Bonne fin de journée.
Henri Anus 13 06 09
Note sur :
« Quelques raisons pour lesquelles la date du 19 mars 1962
ne peut être commémorée par la France »
Harkis et Fusiliers marins : de Nemours à Largentière, fidélité et solidarité.
Cette histoire figure dans une plaquette éditée le 22 juin 2002, nous n’en reprendrons ici que de courts extraits.
Il y a quarante sept ans…
Le 11 juin 1962 arrivait à Marseille sur le bâtiment de débarquement de chars (BDC) TRIEUX, le premier rapatriement massif de Harkis en métropole. Venant du secteur de Nemours contrôlé jusqu’en mars 1962 par la Demi-Brigade de Fusiliers marins (DBFM), regroupés progressivement depuis le cessez-le-feu à Mers el-kebir, ils savaient qu’ils quittaient leur pays natal sans espoir de retour.
Deux cents hommes, cent cinquante femmes et trois cents enfants s’entassaient dans le hangar avec leurs baluchons et comme maigre souvenir un peu de terre de leurs douars. Six cent cinquante au départ, six cent cinquante et un à l’arrivée : pendant la traversée, un petit était né…
Quarante sept ans, c’est presque la durée d’une génération – du moins d’une vie active. Nombreux sont arrivés enfants en France, nombreux sont nés depuis cette naissance en mer, dont les racines plongent dans les douars des Souhalias, des M’sirdas et des Béni Menir, dans un pays qu’ils ne connaissent pas et qui ne les reconnaît pas.
Quarante sept ans, c’est aussi l’histoire d’une chaîne de solidarités agissantes à travers l’Association des Anciens de la DBFM – aujourd’hui dissoute – puis l’Association amicale des Fusiliers marins et Commandos. Il convient de retracer cette histoire en passe d’être oubliée. Rares, en effet, sont ceux qui la connaissent.
De Nemours à Mers el-kebir
Entre mars et juillet 1962, tout est allé très vite, trop vite. La DBFM qui avait contrôlé pendant six ans la frontière algéro-marocaine et le secteur de Nemours regroupant 15 000 habitants dans 19 communes se repliait en moins de deux mois, le troisième bataillon vers Mers el-kebir, et le 14 mars, lepremier et le deuxième bataillon vers Toulon sur le BDC Blavet. Fin avril, il ne restait plus à Nemours qu’un petit échelon liquidateur.
Bien évidemment, le chevauchement de ces dates avec celle des accords d’Evian et du 19 mars n’est pas un effet du hasard.
Heureusement, bien avant le cessez-le-feu, un groupe d’officiers de la DBFM avait réfléchi à des solutions de repli pour les Harkis qui auraient estimé n’avoir aucune chance dans l’Algérie d’après l’autodétermination.
Une première solution de repli sur Mers el-kebir fut lancée… Il est vite apparu que ce ne pouvait être qu’une solution limitée et longue à mettre en œuvre…Toutefois, le regroupement sur Mers el-kebir allait se poursuivre, par la route en avril 1962, puis par mer à partir de mai 1962, en raison de la détérioration de la situation dans le secteur de Nemours. Le total des réfugiés en attente allait atteindre le millier.
Nous arrêterons ici notre évocation de cette année 1962, année de sang pour des dizaines de milliers de Harkis et supplétifs massacrés, année d’exode pour un million de Français d’Algérie, année de deuil national. Le 19 mars 1962 est le début d’un drame national, drame enfoui au fond de nos mémoires par ceux qui l’ont vécu, qui ne saurait être célébré ni inscrit sur les places de nos villes et de nos bourgs et villages. La Marine Nationale a sauvé la vie du plus grand nombre de ses Harkis, c’est cela que nous célébrons aujourd’hui. Ils ont trouvé dans cette terre d’Ardèche l’accueil que leur sacrifice au bénéfice de la France méritait, c’est là notre mémoire.
Silence, Recueillement et Paix pour nos morts.
Le Président de la République, Jacques Chirac, a déclaré que « le moment doit venir d’une appréciation de la tragédie vécue par les Harkis objective et respectueuse de la vérité historique ». « La Journée nationale d’hommage aux Harkis » du 25 septembre a été le geste politique que beaucoup attendaient. Le 5 décembre est le jour de la commémoration officielle de la guerre d’Algérie. Le Président Nicolas Sarkozy a confirmé ces décisions.
Cette journée du souvenir du 13 juin 2009, ainsi que les précédentes et les suivantes, doivent marquer que la reconnaissance ne s’exprime pas seulement dans la cérémonie d’un jour mais doit se perpétuer dans les mémoires afin de donner aux Harkis la considération qu’ils méritent pour leur engagement ainsi que leur pleine dignité de citoyens français. Célébrer le « 19 mars 1962 » c’est nier cette dignité.
Henri Anus |