| Accueil | | Théma | Retour pages Harkis |
Lettre ouverte d'Ali Boualem à Sarkozy
 
 
Monsieur le Président de la République,
Vous m'avez fait l'honneur de m'inviter le 17 décembre 2008 à votre conférence de presse consacrée à l'égalité des chances en France. Je n'ai pu me rendre à cette intéressante initiative, pour les raisons suivantes : vice-président d'une association de Rapatriés unissant Français d'origine européenne (pieds-noirs) et Français d'origine musulmane (notamment des harkis), j'estime votre plan proposant la diversité, dans les domaines social, économique et institutionnel,
 
contradictoire dans la mesure où il existe en France, depuis 1962, une communauté de Français par le sang versé, hommes et femmes n'ayant jamais marchandé leur attachement viscéral à la France et l'ayant prouvé dans tous les combats pour la défense de la Mère-Patrie. Ils ont d'ailleurs définitivement sacrifié l'amour de la terre de leurs ancêtres et leurs biens, en acceptant d'être rapatriés en 1962 dans des conditions pas toujours honorables pour notre pays. Cette communauté a toujours manifesté un intérêt certain pour vous même et les instances politiques que vous dirigez (UMP) et l'a prouvé lors de votre élection à la présidence de la République.
Ceci ne semble pas toujours le cas de ces Français « fraîchement arrivés ». Leur grand nombre explique-t-il toute la sollicitude de vos mesures ?
Je pense que ma communauté est en droit d'attendre, de votre part, une discrimination doublement positive en sa faveur afin de rattraper toutes ces armées perdues et qui pourrait se traduire par un certain nombre de nominations dans les administration, les sociétés d'Etat et même au sein de votre grand parti, l'UMP. En effet, enfants et petits-enfants de cette communauté de harkis en ont la capacité et, bien sûr, tous les diplômes nécessaires, équivalents et aussi valables que ceux acquis par ces hommes et femmes de la diversité.
Aujourd'hui, sachez, Monsieur le Président, que cette communauté Rapatriée dans son ensemble se sent trahie et a le sentiment d'être composée de Français de deuxième zone.
Elle est amère, déçue et il est de notre devoir de vous rappeler aujourd'hui vos engagements notamment ceux du discours de Toulon et ceux pris lors de votre rencontre avec les différentes associations de Rapatriés car il n'est jamais porteur de tourner le dos à ceux auxquels on a tant promis. Ces propositions, très généreuses en elles-mêmes, ont pour seul but d'inciter ces jeunes fils et petits-fils de harkis à se détourner de mon pays, à ne plus ressentir ce même amour de la patrie, comme leurs pères.
Pourtant, lors de votre rencontre avec les associations de Rapatriés, en 2007, vous vous étiez engagé à reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon et le massacre des harkis en 1962 et les milliers de victimes de toutes origines après le cessez-le-feu du 19 Mars. Nous espérions que votre projet d'union pour la Méditerranée, généreux et nécessaire, aurait permis par un rapprochement sincère des deux rives de la Méditerranée, un grand projet économique et culturel, une reconnaissance historique de notre œuvre dans nos départements français d'Algérie notamment en même temps que des fautes commises de part et d'autre, et non pas une repentance à sens unique. Cette union pour la Méditerranée doit absolument comporter un volet reconnaissant le drame vécu par cette population harkie, la réalité des événements ayant suivi les accords d'Evian. Ce même volet devrait rappeler à l'Algérie, que, suite aux accords d'Evian, elle s'était engagée à l'indemnisation des biens patrimoniaux acquis par ces populations depuis dès décennies. Ces accords n'ont pas été respectés, raison pour laquelle nous vous demandons. Monsieur le Président, de tenter de clore ce profond contentieux de façon très humaine, dans le cadre de ce projet historique et positif devant apaiser et clore tous les malentendus, sans oublier cette population harki française.
Ali Boualem
• Cousin du Bachaga Boualem, Ali Boualem est vice-président de l'Association des Rapatriés d'Arles et du pays d"Arles L'ARAPA. Adresse : Maison des Associations, 3, bd des Lices, 13200 Arles.