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Le premier hommage, en septembre 2001, fut un acte symbolique marquant. Certes, ce n'était pas encore la reconnaissance pleine et entière des torts de l'Etat français comme pour la Rafle du Vel d'Hiv de 1942 ou le génocide arménien de 1915. Mais ce jour-là, le Président de la République reconnut publiquement que "la France n'avait pas su sauver ses enfants", ni les protéger des « massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, qui laisseront pour toujours l'empreinte irréparable de la barbarie ». Oui, c'était un grand pas dans la bonne direction, vers la vérité. C'était aussi un geste important de respect à l'égard de la mémoire de ces dizaines de milliers de victimes.
Bien évidemment cet hommage ne règle pas à lui seul les nombreux problèmes d'ordre moral, économique et social, qui perdurent depuis 45 ans : chômage quatre fois plus élevé que pour les autres Français, discrimination pour l'accès au logement, indemnisation ridicule des biens abandonnés en 62, non réparation des préjudices moraux, exclusion de la sphère politique, etc.
Faute d'avoir oser reconnaître la responsabilité de l'Etat français de 1962 dans les drames vécus et les massacres subis par les Harkis et les Pieds noirs après les accords d'Evian non respectés, le gouvernement et les parlementaires ont fait de la loi du 23 février 2005 une occasion manquée de reconnaître la dette de l'Etat.
Durant sa campagne électorale l'actuel Chef de l'Etat a déclaré : " Si je suis élu Président de la République je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres milliers de "musulmans français" qui lui avaient fait confiance, afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois."
Cette promesse doit être tenue !
Mais aujourd'hui, cela ne doit pas empêcher d'apprécier pleinement ce 25 septembre, la Nation rend officiellement hommage aux Harkis pour leur courage, leur loyauté, leur dignité et leurs sacrifices.
Bien sûr, on s'attriste de constater que rien n'a été fait, malgré nos propositions répétées, pour populariser davantage cette journée notamment auprès de la jeunesse de notre pays. Nous regrettons que dans de nombreuses localités, les Harkis, à qui cette journée est consacrée, soient cantonnés dans un rôle de figurants voire parfois interdits de parole.
Les Harkis, leurs enfants, leurs amis peuvent être fiers de leur engagement courageux, contre la terreur et non contre l'évolution de l'Algérie voire son indépendance,
Ce n'est pas aux enfants de harkis d'être complexés comme le voudraient ceux qui falsifient l'Histoire. C'est ceux qui ont massacré des civils, ceux qui ont ruiné l'Algérie à leur profit, ceux qui ont sacrifié les harkis par l'abandon puis l'exclusion qui doivent avoir honte.
Aujourd'hui, la Nation rend officiellement hommage à tous les membres des forces supplétives, pour leur courage et leur fidélité, réparant, un peu, symboliquement, tant d'années d'oubli et d'ingratitude. Permettez moi d'associer à cet hommage tous leurs chefs et leurs frères d'armes, dont certains sont ici, unis dans le souvenir comme ils le furent dans les moments cruels de cette guerre.
Participer à cette cérémonie, c'est rappeler que le devoir de mémoire s'enracine dans l'exigence de justice et se nourrit de vérité. Connaître et assumer ces pages d'histoire, les glorieuses comme les plus sombres, permet de refuser les mensonges qui entretiennent les haines. A ce sujet, les diatribes vénéneuses et provocations démagogiques du Président algérien actuel, malmènent les relations entre Etats mais ne brisent pas les liens anciens de fraternité entre les peuples français et algériens.
Etre présent aujourd'hui, c'est transcender les clivages partisans pour témoigner ensemble notre indéfectible fraternité avec les Harkis, rejetant les injures inadmissibles d'où qu'elles viennent et encore moins d'élus de la République.
S'associer aujourd'hui à cet Hommage national aux anciens Harkis n'est pas un signe de nostalgie mais simplement un acte de compassion à l'égard de Français qui on tant souffert pour leur engagement avec la France, une marque de respect pour leur bravoure, une preuve de fidélité à la mémoire de tous ceux qui nous ont quittés.
Par notre présence ici aujourd'hui, nous proclamons en acte à tous les Harkis que dans les cœurs et les mémoires de leurs enfants, de leurs frères d'armes, de leurs amis, les 25 septembre et tous les autres jours, ils resteront toujours vivants.
Said Merabti président national AJIR
Association Justice Information et Réparation pour les Harkis B-D-R
AJIR 13 - Maison Maréchal Juin Aix-en-Provence |