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Harkis:
le parquet demande la confirmation de la condamnation de Georges Frêche
 
 
 
   
 

Condamné en première instance pour avoir qualifié des harkis de «sous-hommes»,
Georges Frêche a fait appel.
Mais ne s'est pas rendu à l'audience le 21 juin 2007.


Condamné à 15 000 euros d’amende pour avoir traité des harkis de «sous-hommes» en février 2006, Georges Frêche, ex-socialiste, ex-maire de Montpellier, a fait appel. A l'audience devant la cour d'appel de Montpellier, qui se tenait ce jeudi, l'avocat général a réclamé la confirmation du jugement de première instance.
Selon l'avocat général, la justice « se doit de sanctionner l’homme politique responsable, l’homme qui n’a pas su maîtriser sa parole, d’autant plus que nous avons à faire à un éminent professeur de Droit, qui connaît le poids des mots ». Il demande dans ses réquisitions de « confirmer le jugement » de première instance, qu’il estime « pas excessif ».

   
         
 
Par manque de temps
Georges Frêche
n'assiste pas au procès en appel
 
         
 

Auparavant, les parties civiles avaient dénoncé une «ignominie ordinaire». « Le terme de « sous-hommes » est lourd de sens. Il est l’un des fondements de l’idéologie nazie, basée sur la distinction de l’espèce humaine en races supérieures et " inférieures ", plaide Me Gandini pour la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen.
L'avocat de Georges Frêche, Me Gauer, évoque pour sa part des «citations tronquées», un «procès contre la vérité des actes», des «interprétations allant à l’encontre de toutes les actions menées par Georges Frêche».
Il évoque « les divisions au sein de la communauté harkie », rappelant que toutes les associations de harkis ne se sont pas portées partie civile. Enfin selon lui, « l’injure raciale ne peut être utilisée » car les harkis ne sont pas une race.
Plus tôt, lors de l'audition d'un premier témoin cité par la défense, un harki se lève. « Arrêtez de mentir », s’emporte-t-il, immédiatement suivi par six ou sept autres compatriotes: « C’est une honte ! », crient-ils en se dirigeant vers la sortie.
Un an et demi après, la blessure ouverte par les propos tenus par le Président de la Région Languedoc-Roussillon, le 11 février 2006, est toujours à vif.
«En l’absence de Georges Frêche, je ne pourrai pas l’interroger. Il eut été bon d’entendre ses explications », regrette le Président de la Cour Claude Arrighi.
Sur la demande des avocats des parties civiles, au nombre d’une dizaine, on projette les images tournées par la télé ce jour-là.
« Qu’avez-vous pensé de ces propos qui contiennent quand même une certaine violence ? », demande le Président Arrighi au premier témoin. « Ce n’est pas tous les harkis qui sont mis en cause, c’est deux harkis », répond le Président de l’association de rapatriés.
C’est l’un des axes de défense de Me Gauer, l’avocat de Georges Frêche : faire entendre à la Cour que les propos incriminés visaient deux ou trois personnes et pas tous les harkis.
L’Avocat général, qui pose peu de questions, se lève soudain en entendant le deuxième témoin rapporter sa version de la scène. « Nous venons de visionner le film, il [Georges Frêche] n’a pas dit ça. Alors que vaut votre témoignage monsieur ? »
Au total, huit témoins défilent en faveur de l’ancien maire de Montpellier. Dont un élu municipal, une fille de harkis elle aussi élue à la Mairie et un professeur de droit et ex-président de la Cimade Languedoc-Roussillon, qui vient comme « témoin de moralité » de Frêche, lui-même professeur d’université.
Non cité en première instance, un avocat " falso" montpelliérain, Me Martin, qui se dit « fier d’être pied-noir », vient lui aussi témoigner en faveur de Frêche, « qui a toujours prêté sa voix aux rapatriés et aux harkis ».
A la fin de l'audience, le jugement est mis en délibéré pour le 13 septembre

IN Libération Carole Rap du 21 juin 2007