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Les enjeux du procès des Harkis contre Georges Frêche
 
 





Tribunal d'Instance de Montpellier
Place Pierre Flotte
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Jour J et heure H, H comme harkis, pour Georges Frêche le 30 novembre 2006 au tribunal correctionnel de Montpellier. Dans un climat rendu plus pesant encore par son récent développement sur le nombre de noirs en équipe de France, le président de la région Languedoc-Roussillon doit en effet y répondre de ses propos du 11 février dernier où, lors d'une cérémonie à Montpellier, il avait traité deux fils de harkis de « sous-hommes ».

Au risque de décevoir les associations de harkis qui ont prévu de manifester aux abords du palais - ainsi que les très nombreux journalistes attendus - il y a peu de chance que Georges Frêche comparaisse en personne. Représenté par son avocat, Me André Ferran, il ne viendra que si la présidente du tribunal exige sa présence. Or les sept ou huit parties civiles n'ayant pas réussi à se mettre d'accord sur une stratégie commune, il paraît peu probable que le tribunal soit aiguillonné dans ce sens.

Resteront donc les faits et leurs éventuelles conséquences pour Georges Frêche. En ce qui concerne les faits, la défense n'entend pas se laisser prendre au piège de l'accusation raciste. Elle a d'ailleurs renoncé au témoignage de Jean-Claude Gayssot, vice- président communiste de la Région et auteur de la loi réprimant le négationnisme, estimant que l'anti-racisme de Georges Frêche allait de soi.

 
 

Selon elle, il sera même très difficile de soutenir en droit qu'il s'agit d'une injure raciale, les harkis ne formant ni une race ni une religion. Ne resteraient donc que des insultes prononcées à l'encontre de deux personnes dans un contexte très particulier, le président de Région leur reprochant - très vivement - leur présence à un rassemblement de la droite. Insultes, ajoute la défense, qui ont été largement instrumentalisées y compris par le Garde des Sceaux en personne.

Du côté des parties civiles, on ne l'entend évidemment pas de cette oreille. Une des deux personnes traitée de «sous-homme », Abdelkader Chebaiki, pompier à la Grande-Motte, attend que justice passe. Des associations de harkis le soutiennent mais aussi SOS-Racisme qui sera au banc des parties civiles.

Enfin se pose la question des conséquences de ce procès. Georges Frêche risque, en théorie, six mois de prison, 22 500 € d'amende mais pas de peine d'inéligibilité.

La sanction - éventuelle et sous réserve bien sûr d'appel et de cassation - ne le frapperait pas dans ce qui lui importe le plus : ses mandats.

Sauf qu'une condamnation, dans le climat actuel, serait loin d'être neutre : Georges Frêche est à nouveau traduit devant la commission des conflits du PS pour ses propos sur les noirs de l'équipe de France de football. Une condamnation pourrait accélérer le mouvement. Une relaxe lui donner un peu d'air. Bref : ce procès comporte plus d'enjeux que le code pénal n'en indique.

In Midi Livre du 30 novembre 2006 J.V.
http://www.midilibre.com/actuv2/article.php?num=116481918
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