LES RETRAITÉS SONT FISCALEMENT TAILLABLES À MERCI

MERCI MACRON



Solidarité... Parlons-en... Entre les retraités, il n’y en a quasiment pas car coexistent aujourd’hui trente-sept régimes différents, dont certains sont extrêmement avantageux : quelques chanceux peuvent faire valoir leurs droits à la retraite avant 45 ans... Régimes auxquels les gouvernements, quels qu’ils soient, n’osent s’attaquer frontalement.

Que dire aussi des différences de pension : à une extrémité, les agriculteurs, dont certains vivent sous le seuil de pauvreté, et à l’autre, les fonctionnaires civils d’État, dont les retraites sont calculées sur leurs six derniers mois d’activité, contre la moyenne des vingt-cinq meilleures années dans le privé.

En janvier, des millions de retraités ont constaté une importante diminution de leur pouvoir d’achat. Ils ont la désagréable impression d’être utilisés pour financer l’augmentation de celui des actifs.

Muriel, ministre du Travail, 10000 euros par mois + 62000 euros par an grâce à la réforme de l’ISF... Raymonde, retraitée, 1445 euros par mois, - 324 euros par an à cause de la réforme de la CSG...

Plus qu’un long discours, le tract de l’Association de défense des retraités résume bien la colère ressentie par les retraités lorsque 10 millions d’entre eux (sur une population de 16 millions) ont vu les conséquences concrètes, en espèces de moins en moins sonnantes et trébuchantes, de la hausse de 1,7 point de la CSG sur leurs pensions ! Leur ressentiment est monté en deux temps : le 2 janvier2018 lors du versement de leur retraite complémentaire, puis le 9 février, lorsqu’ils ont vu leur retraite du régime de base pour le mois de janvier. Sous François Hollande, ils avaient été sérieusement ponctionnés.
Rappelons que, en début d’année, pour ceux qui payaient la CSG au taux plein, celui-ci est passé de 6,6 à 8,3 % pour un senior dont la retraite mensuelle nette s’élève à 1289 euros s’il a moins de 65 ans et à 1394 euros s’il a dépassé cet âge, compte tenu de l’abattement supplémentaire dont il bénéficie. Pour un retraité qui perçoit une pension mensuelle nette de 1500 euros, cela représente un manque à gagner de 25,50 euros par mois et de 306 euros sur une année pleine.

Beaucoup pensent que ce changement de fiscalité n’est qu’un moyen pour diminuer le montant de leurs pensions sans oser agir frontalement. « Baisser les retraites est tabou en France.
Autre chausse-trappe gouvernementale, la communication faite autour de l’augmentation du taux de la CSG. Elle avait annoncé 1,7 point, ce qui paraît faciale-ment peu. En réalité, la hausse est bien plus importante, car passer de 6,6 à 8,3 % représente un bond de 25,8 %, ce qui devient bien plus difficile à vendre électoralement. Par ailleurs, les retraités raisonnent non pas en brut comme le gouvernement, mais en net, et là, la différence est significative : « Ce taux de 1,7% s’applique sur le montant brut de leur pension, mais l’augmentation se répercute plus fortement sur le net, explique Pierre-Édouard du Cray. La hausse de la CSG atteint 1,84 % pour le régime de base et 1,86 % pour les complémentaires Agirc et Arrco. » En fait, s’il y a augmentation de 1,7 point du taux de la CSG, il y a une baisse plus importante des pensions.

Dernière entourloupe gouvernementale, les seuils à partir desquels se déclenche la hausse de la CSG, car le gouvernement raisonne en termes de revenu fiscal de référence : pour une personne seule, il s’élève annuellement à 14404 euros (soit 1200 euros par mois) et, pour un couple, à 22096 euros (1841 euros par mois, soit 921 euros par personne).


Dit autrement, dans le cadre d’un couple dont l’un percevrait1400 euros et l’autre 500 euros, les deux seraient assujettis à la hausse de la CSG. « Beaucoup de couples sont ulcérés par cette mesure », constate Pierre-Édouard du Cray. « C’est ce que l’on appelle la malédiction de la femme mariée qui s’est arrêtée de travailler pour élever ses enfants et qui a donc une retraite incomplète », ajoute François Barbier, de l’Association de défense des retraités.

Pour celui-ci, c’est ce qui explique pourquoi la hausse de la CSG marque une rupture d’égalité : « Le mode de calcul de l’impôt proportionnel doit être le même pour tous, salariés comme retraités [...]. Nous avons ici la démonstration qu’il y a des catégories de Français qui sont traitées par l’impôt de manière différenciée. C’est un cas de discrimination notoire par l’âge. »

Mais l’Association de défense des retraités dénonce également le financement du gain de pouvoir d’achat des actifs (lié à la suppression des cotisations chômage et maladie en contrepartie de la hausse de la CSG, autre promesse d’Emmanuel Macron) par les retraités.


Et l’association de sortir sa calculette pour le démontrer.

Un cadre supérieur percevant 10000 euros mensuellement gagnera 1,45 % net, soit 1740 euros en fin d’année.